Congeler ses ovocytes à l'étranger, ça se passe comment ?

Publié par Estelle Cintas  |  Mis à jour le par Marion Bellalet Dorothée Louessard

Congeler ses ovules, en quoi ça consiste ? Où, quand, comment pratiquer ? Et pour quelles garanties de grossesse ? Le point avec le Dr François Olivennes, gynécologue-obstétricien, spécialiste de la reproduction

Pas prête à sauter le pas tout de suite ou toujours en attente du prince charmant ? En faisant vitrifier nos gamètes (ovocytes), on peut retarder l’échéance de la grossesse, sans impacter notre taux de fertilité, puisque les chances d'être enceinte seront alors les mêmes qu’au moment de la vitrification. Toutefois, le Dr François Olivennes, gynécologue-obstétricien, spécialiste de la reproduction et auteur de l’ouvrage “Pour la PMA” (éd. J.-C. Lattès) préconise de « limiter leur utilisation à 45 ans du fait des risques liés aux grossesses tardives ».

Vitrification, mode d’emploi

Le processus démarre par une stimulation ovarienne, traitement d’une dizaine de jours à base d’injections quotidiennes à pratiquer soi-même ou par une infirmière à domicile. « Cette stimulation s’accompagne de visites médicales régulières pour surveiller la réponse des ovaires au traitement et déterminer le moment idéal où effectuer la ponction d’ovocytes en fonction de la taille des follicules et des taux hormonaux », précise le Dr Olivennes. S’ensuit une brève intervention chirurgicale – sous anesthésie locale ou légère anesthésie générale – durant laquelle le médecin prélève un maximum d’ovocytes.

La congélation ovocytaire en pratique

Depuis le 1er juillet 2021, la France autorise, comme de nombreux pays européens dont nos voisins belges et espagnols, la congélation des ovocytes. Si les derniers points pratiques de cette autorisation en France seront fixés ultérieurement par décret, il semblerait que la stimulation et la ponction soient remboursées par la Sécurité sociale, mais pas la conservation des ovocytes - un coût estimé à 40 euros par an. Néanmoins, pour pratiquer ensuite une FIV, les listes d'attente dans les hôpitaux français risquent d'être longues. Pour avoir accès à une PMA en France en juillet 2021, il y a en moyenne une année d'attente.

Le docteur Michaël Grynberg alerte donc dans les pages du quotidien Le Monde que, si l'élargissement de l'accès à la PMA aux femmes célibataires et aux couples de femmes est une très belle avancée, l'augmentation de la demande de PMA en France, liée au changement du régime d'anonymat des donneurs, risque d'allonger considérablement les listes d'attente. Certaines préféreront peut-être continuer alors à se tourner vers nos voisins européens.

Combien ça coûte ailleurs ?

En Espagne et en Belgique, le budget est estimé entre 2 000 et 3 000 €. Ce tarif inclut la stimulation ovarienne, le prélèvement et la vitrification des ovules. Pour bénéficier par la suite d’une dévitrification et procéder à une FIV (fécondation in vitro), il faudra ajouter environ 1 500 €. Sans compter les frais de logement et de transport.

A quel âge l’envisager ?

Il est recommandé de le faire entre 25 et 35 ans car après le nombre et la qualité d’ovocytes baissent et l’intérêt de la congélation est moindre. Or, « ce sont majoritairement des femmes de 35-40 ans qui en font la demande parce qu’elles réalisent que leur horloge biologique tourne et c’est souvent trop tard », constate l’obstétricien. Son conseil : y penser quand on n’y songe pas encore !

Est-ce l’assurance d’avoir un bébé ?

Une chance supplémentaire oui, mais le Dr Olivennes rappelle que « la congélation d’ovocytes n’est jamais une certitude d’avoir un enfant et encore moins plusieurs » et que le taux de succès d’une FIV – à laquelle on devra procéder lors de la dévitrification – est de l’ordre de 30 à 40 %.

Myriam Levain est journaliste et auteure de “Et toi tu t’y mets quand ?”, éd. Flammarion

"À 35 ans, je n’étais pas en situation d’avoir un enfant, notamment parce que je n’avais pas de partenaire, mais je savais  que c’est un “âge pivot” en termes de réserve d’ovocytes. J’ai préféré aller en Espagne pour pratiquer une autoconservation, car le don d’ovocytes en France ne permettait alors pas de conserver pour soi suffisamment d’ovocytes. Le traitement n’est pas anodin, entre les piqûres et les déplacements dans la clinique espagnole. Les médecins ont ponctionné 13 ovocytes. Ce que j’ai montré dans mon enquête sur le sujet, c’est qu’il y a encore beaucoup de tabous avec cette démarche. La plupart des femmes qui le font n’osent pas en parler. Pourtant, c’est juste un moyen de se donner la chance de réaliser son souhait de maternité plus tard… »

 

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