Stimulation ovarienne : le point sur cette méthode de PMA

Publié par Isabelle Blin  |  Mis à jour le par Marion Bellal

En collaboration avec Véronique Bied Damon (gynécologue, spécialiste en médecine de la reproduction)

La stimulation ovarienne est en général la première étape des différents traitements contre l’infertilité. Elle est notamment recommandée en cas de troubles de l’ovulation. L’objectif ? Stimuler la production d’ovocytes afin d’optimiser les chances de grossesses. On fait le point.

Une stimulation ovarienne est un traitement hormonal dont le but est d'obtenir une ovulation qualitative, en vue de tomber enceinte. Ce geste médical, souvent le premier prescrit d'un parcours de PMA, peut être effectué seul ou en amont d'une fécondation in vitro (FIV) ou d'une insémination intra-utérine (IUU). La stimulation ovarienne est en général très bien supportée même si elle comporte quelques effets secondaires dont il faut avoir connaissance.

« Une femme qui n’ovule pas ou qui a des cycles tous les quarante jours n’a pratiquement aucune chance de tomber enceinte : pas plus de 4 à 5 % par an. Donc en stimulant ses ovaires, on lui redonne les mêmes chances de grossesse que dans la nature, soit 20 à 25 % par cycle pour une femme de moins de 35 ans », explique Véronique Bied Damon, gynécologue à Lyon spécialiste en médecine de la reproduction.

Traitement hormonal en vue d'une meilleure ovulation : comment se déroule une stimulation ovarienne ?

Dans un cycle menstruel classique, l’ovaire produit un follicule. Au moment de l’ovulation, celui-ci expulse un ovocyte, qui sera, ou pas, fécondé par un spermatozoïde. La stimulation ovarienne, ou induction d’ovulation, consiste donc à administrer des hormones à une femme afin de reproduire ce phénomène. Le but de ce traitement est d’obtenir la maturation d’un follicule et de permettre ainsi une ovulation.

Cette pratique s’adresse à toutes les femmes qui ne parviennent pas à être enceintes en raison d’une ovulation irrégulière ou absente. La stimulation ovarienne constitue souvent la première étape avant des traitements plus lourds, notamment les fécondations in vitro (FIV) et les inséminations. Il y a peu de contre-indications à ce geste mais notez néanmoins que les femmes qui ont des antécédents de tumeur hypotalamo-hypophysaire, de thrombose, d’accident vasculaire cérébral (AVC), de cancer ou de graves troubles de la coagulation ne peuvent bénéficier de ces traitements.

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Qu'est-ce qu'une stimulation ovarienne simple ?

On parle de stimulation ovarienne simple lorsqu’il n’y a pas de ponction d’ovocytes pour une fécondation in vitro (FIV) ou insémination artificielle, mais qu’il s’agit simplement de faire travailler les ovaires en vue d’une ovulation. « On y recoure pour corriger un trouble de l’ovulation, des ovaires polykystiques, une insuffisance ovarienne, une anomalie du cycle », exemplifie la spécialiste.

La stimulation ovarienne comme premier traitement avant une FIV ou une IUU : combien de follicules faut-il pour tomber enceinte ?

Il est aussi possible qu'une stimulation ovarienne vous soit prescrite avec une FIV ou une IUU. Ce peut notamment être une FIV avec injection intra-cytoplasmique du spermatozoïde (FIV avec ICSI). L'objectif de la stimulation est dans ce cas d'amener à maturation un plus grand nombre d'ovocytes en une seule fois. Les nombreux follicules seront ensuite prélevés.

Véronique Bied Damon relève qu'il y a notamment un intérêt économique à cette pratique : « On fait ici ce qu’on appelle une hyperstimulation ovarienne contrôlée. On stimule les ovaires à double dose par rapport à une stimulation simple puisque le nombre de FIV remboursées par la Sécurité sociale n'est que de quatre, mais qu'on peut congeler les embryons. Donc pour chaque tentative de FIV, on veut beaucoup d’ovocytes. On en aura en moyenne 10 à 12. La moitié donnera des embryons. On en transfère 1 ou 2 et on congèle les autres pour les transferts ultérieurs qui, eux, ne comptent pas comme tentatives de FIV. »

Quand commencer une stimulation ovarienne ?

La stimulation ovarienne sera débutée après une batterie de tests assez longue et contraignante, mais indispensable. La première étape est un entretien et un examen clinique approfondis avec votre gynécologue afin d'estimer la raison de l'infertilité au sein du couple. Puis il ou elle vous prescrira des prises de sang en vue de doser différentes hormones (FSH, LH et œstradiol), ainsi qu’une échographie pelvienne dans un cabinet spécialisé. En cas d’absence d’ovulation, vous serez amenée à prendre du duphaston, qui permettra de déclencher vos règles. C’est seulement après cette étape que vous pourrez démarrer le traitement de stimulation ovarienne.

Injection, Clomid... Les différents protocoles

Trois types de traitements sont possibles pour une stimulation ovarienne :

  • Des médicaments (essentiellement du citrate de clomiphène, connu sous le nom de Clomid), à prendre par voie orale. Ils ont une action anti-œstrogènes. L’avantage : ce sont des comprimés à prendre quotidiennement pendant 7 jours par cycle, ce qui est donc moins contraignant que les autres méthodes. Ils vont induire une sécrétion de FSH, l’hormone responsable de l’accroissement des follicules, entraînant ainsi une stimulation de l’ovaire. « Même si c'est la technique de stimulation la moins précise, on la prescrit souvent en première intention, plutôt chez les femmes jeunes, et en cas d’ovaires polykystiques », détaille Dr Bied Damon.
  • Des injections d’hormones : l’hormone FSH. Les gonadotrophines (FSH), en préparations injectables, agissent directement sur la production de follicules au niveau de l’ovaire. Elles sont administrées par piqûres (en intramusculaire, intradermique ou sous-cutané). « Les femmes s’injectent le produit quotidiennement, plutôt le soir, pendant une période qui s’étend du 3e ou 4e jour du cycle jusqu’au moment où l’on déclenche l’ovulation, c’est-à-dire le 11e ou 12e jour, mais cette durée dépend de la réponse hormonale de chacune. », poursuit la gynécologue. Ce protocole se déroule donc sur une dizaine de jours, chaque mois, pendant six mois. 
  • Moins connue, la pompe à GnRH délivre l’hormone qui manque à certaines femmes (la gonadoréline) afin de permettre l’ovulation. Elles doivent porter cette pompe jusqu’à ce qu’elles soient enceintes.

Il faut parfois essayer plusieurs traitements avant de trouver celui qui vous convienne... Tenez bon !

Effets secondaires, risques voire dangers : quelles conséquences à ce traitement hormonal ?

Avec la pompe à LRH, il n’y a aucun effet indésirable. Quant au traitement au Clomid, il entraîne peu d’effets secondaires, à l’exception quelquefois de troubles de la vue, de maux de tête, de troubles digestifs et de nausées. Dans certains cas, ce médicament peut aussi avoir un effet néfaste sur la glaire cervicale, ce qui nécessite de lui associer un traitement au moyen d’œstrogènes. Les injections d’hormones, en revanche, s’accompagnent souvent de sensations de lourdeur des jambes, de pesanteur dans le bas-ventre ou encore de troubles digestifs.

Plus grave et heureusement plus rare, le syndrome d’hyperstimulation ovarienne entraîne un gonflement des ovaires et une présence de liquide dans la cavité abdominale. Ce phénomène se produit lorsqu’un nombre trop élevé de follicules est arrivé à maturation. « Dans 1 % de cas très sévères, cela peut nécessiter une hospitalisation car il peut y avoir un risque de thrombose ou d’embolie pulmonaire », souligne Véronique Bied Damon. 

Sachez qu'une double surveillance, biologique et échographique, est nécessairement mise en plus lors d’une stimulation ovarienne. Les échographies permettent de mesurer les follicules et donc de suivre leur croissance, et les dosages hormonaux (par prises de sang) ont pour but de contrôler le taux d’œstradiol. Ils donnent aussi la mesure des sécrétions hormonales et des follicules. L’objectif de ce monitorage de l’ovulation est également d’adapter le traitement, de prévenir les risques de grossesse multiple (en augmentant ou en diminuant les apports d’hormones), d’indiquer la date idéale des rapports sexuels, et éventuellement de déclencher l’ovulation, le plus souvent par une injection de HCG qui mime le pic de LH (l'inducteur de l'ovulation).

Fatigue, prise de poids...

L’effet le plus pesant et fréquent d'une stimulation ovarienne est d’ordre psychologique. Stress, fatigue… il est important que vous vous sentiez sereine durant ce traitement. Quelques femmes reportent également une rapide prise de poids, ce qui inquiète alors les patientes. Rassurez-vous, elle n'est pas fréquente et est liée aux hormones : elle est donc temporaire.

Douleur : est-ce normal d'avoir mal après une stimulation ovarienne ?

Il est tout à fait possible que vous ressentiez des désagréments au cours de votre traitement hormonal. Les patientes ont noté des douleurs abdominales, des maux de tête, mais aussi des nausées, des étourdissements... Ces effets secondaires restent rares : n'hésitez pas à les reporter à votre gynécologue. Si vous suivez un protocole avec une pompe à GnRH, vous pouvez également éprouver une sensation désagréable (démangeaison, rougeur ou gonflement) au lieu d'injection.

Les liens avec le développement de l'endométriose

Des praticiennes et praticiens ont indiqué que l'un des effets secondaires de la prise de Clomid (citrate de clomifène) était le développement d'une endométriose déjà présente, voire son apparition. Cela reste heureusement extrêmement rare. 

Comment savoir si l'opération a fonctionné ? Combien de temps attendre pour tomber enceinte ?

La réponse aux traitements varie d’une femme à l’autre. Tout dépend de la cause de votre infertilité, de votre âge, de vos antécédents… Lorsqu’on a trouvé le bon traitement, c’est comme si on avait rétabli le premier maillon de la chaîne. On constate qu’une grossesse survient en général au cours des quatre premiers mois.

Si la stimulation ovarienne ne donne rien, il est possible de recommencer. En France, l’Assurance maladie n’a fixé aucune limite à la prise en charge des stimulations ovariennes. Des gynécologues préfèrent parfois espacer les traitements et laisser les ovaires au repos au moins un cycle sur deux. Les spécialistes semblent s'accorder sur le fait qu'il est peu utile de poursuivre la stimulation ovarienne en l'absence de grossesse au bout de trois à six mois d'essais, car les traitements hormonaux perdent alors en efficacité.

Le témoignage d'Élodie, 31 ans, enceinte de 4 mois et demi : « La 4e insémination a été la bonne ! »

« Je me suis tournée vers la stimulation ovarienne car j’avais des ovaires polykystiques, donc pas de cycles réguliers. On a commencé la stimulation, avec des piqûres de Gonal-F que je me faisais moi-même, il y a environ un an. Ça a duré dix mois, mais avec des pauses, donc au total six cycles de stimulations et quatre inséminations. La 4e a été la bonne et je suis aujourd'hui enceinte de quatre mois et demi ! Concernant le traitement, je n’ai pas ressenti d’effets secondaires et j’ai bien supporté de me faire les piqûres. La seule contrainte était de me rendre disponible pour faire les contrôles d’œstradiol tous les deux ou trois jours, mais c’était gérable. »

En vidéo : « Une PMA pour un enfant »