PMA, GPA : les techniques et la législation

Bébé FIV : faut-il le dire aux enfants ?

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Najwa Chaddou

Avec les milliers de bébés conçus chaque année par fécondation in vitro, insémination, don de gamètes, une nouvelle question se pose aux parents : celle de l’information sur le mode de conception. Faut-il dire à ses enfants d’où ils viennent ? Et comment ils sont nés ?  On fait le point.

FIV : la révélation de la conception à l'enfant

Florence n’a pas hésité à révéler à ses jumeaux comment ils avaient été conçus. « Pour moi c’était naturel de leur dire, qu’ils comprennent qu’on avait eu un petit coup de pouce de la médecine pour les avoir », confie cette jeune maman. Pour elle, comme pour des dizaines d’autres parents, la révélation sur la mode de conception n’a pas posé de problème. Vivement critiquée à ses débuts, la FIV est aujourd’hui entrée dans les mentalités. Il est vrai qu’en 20 ans, les techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) se sont banalisées. Quelque 350 000 bébés sont désormais conçus chaque année par fécondation in vitro, soit 0,3 % des 130 millions de bébés qui naissent dans le monde. Un record ! 

La façon dont le bébé a été conçu…

L’enjeu n’est pas le même pour les enfants nés de filiation anonyme. La procréation par don de sperme ou d’ovocytes s’est beaucoup développée ces dernières années. Dans tous les cas, le don est anonyme. La loi de Bioéthique de 1994, confirmée en 2011, assure en effet l'anonymat du don de gamètes. Le donneur ne peut-être informé de la destination de son don et, réciproquement : ni les parents, ni l’enfant ne pourront jamais connaître l’identité du donneur. Dans ces conditions, divulguer ou non le mode particulier de conception à son enfant est une source permanente de questionnement de la part des parents. Connaître ses origines, son histoire familiale est indispensable pour se construire. Mais la seule information sur le mode de conception suffit-elle à épancher ce besoin de connaissance ?

FIV : garder le secret ?

Autrefois, il ne fallait rien dire. Mais un jour ou l’autre, l’enfant découvrait la vérité, c’était  un secret de Polichinelle. « Il y a toujours quelqu’un qui sait. La question des ressemblances joue, parfois, c’est l’enfant lui-même qui sent quelque chose. », souligne la psychanalyste Genevieve Delaisi, spécialiste des questions de bioéthique. Dans ces circonstances, la révélation était ainsi souvent faite au moment d’un conflit. Lorsqu’un divorce tournait mal, une mère dénonçait son ex-mari comme n’étant pas le « père » de ses enfants. Un oncle faisait l’aveu sur son lit de mort…
Si l’annonce entraîne de toute façon un bouleversement chez l’enfant, un choc émotionnel, celui ci est encore plus violent s’il l’apprend au moment d’un différend familial. « L’enfant ne comprend pas qu’on lui ait caché pendant si longtemps, cela signifie pour lui que son histoire est honteuse. », ajoute la psychanalyste.

FIV : le dire à l'enfant, mais comment ?

Depuis, les mentalités ont évolué. On conseille maintenant aux couples de ne pas entretenir de secret autour de l’enfant. S’il pose des questions sur sa naissance, sur sa famille, les parents doivent pouvoir lui apporter les réponses. « Son mode de conception fait partie de son histoire, il doit en être informé en toute transparence », estime Pierre Jouannet, ancien responsable du CECOS.
Oui, mais comment le dire alors ? C’est d’abord aux parents d’assumer la situation, s’ils ne sont pas à l’aise avec cette question des origines, si cela fait écho à une souffrance, alors le message pourra ne pas bien passer. Néanmoins, il n’y a pas de recette miracle. Rester humble, expliquer pourquoi on a fait appel à un don de gamètes. Quant à l’âge, mieux vaut éviter l’adolescence, qui est une période où les enfants sont fragiles. « Beaucoup de jeunes parents le disent très tôt lorsque l’enfant a 3 ou 4 ans. Il est déjà capable de comprendre. D’autres couples préfèrent attendre qu’il soit adulte ou en âge d’être parent lui-même ».
Pour autant, cette seule information est-elle suffisante ? Sur ce point, la loi, très claire, garantit l’anonymat des donneurs. Pour Genevieve Delaisi, ce système crée une frustration chez l’enfant. « C’est important de lui dire la vérité, mais fondamentalement, cela ne change rien au problème, car sa question suivante sera : “Mais alors qui est-ce ?” Et les parents ne pourront alors que répondre qu’ils ne savent pas. » 

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