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Témoignage : La vie en attendant un don d’ovocytes

Publié par La rédaction  |  Mis à jour le par

Une jeune femme nous raconte sa trop longue attente pour bénéficier d'un don d'ovocyte en France. Un récit poignant.

  • 1/10
    Comment avez-vous découvert que vous ne pourrez pas avoir d’enfant par des méthodes "naturelles" ?

    Comment avez-vous découvert que vous ne pourrez pas avoir d’enfant par des méthodes "naturelles" ?

    A 25 ans, j’ai contracté la maladie d’Hodgkin, une forme de leucémie. J’ai alors subi un déplacement d’ovaires pour les protéger de la radiothérapie qui pouvait me rendre stérile. Sauf que le cancer a été très sévère chez moi. J’ai du subir une autogreffe pour m’en sortir. Ce sont les médicaments que j’ai du prendre alors qui ont détruit mon appareil reproductif.

  • 2/10
    Combien de temps avez-vous attendu avant de vous rendre au Cecos* ?

    Combien de temps avez-vous attendu avant de vous rendre au Cecos* ?

    J’ai averti mon conjoint que je ne pourrais pas avoir d’enfant quand nous nous sommes mis ensemble. Nous nous sommes inscrits au Cecos dès notre première année de vie commune. Entre les analyses et les papiers à remplir, il a fallu un an pour constituer un dossier. A l’époque nous ne voulions pas encore d’enfant mais comme je savais qu’il y allait avoir un long délai d’attente, j’ai anticipé ! Et j’ai bien fait : aujourd’hui, trois années se sont écoulées et nous attendons toujours ce don d’ovocytes.

    * Centre d’Etudes et de Conservation des Œufs et du Sperme

  • 3/10
    Comment avez-vous été accueillis au Cecos ?

    Comment avez-vous été accueillis au Cecos ?

    Plutôt bien. La seule chose, c’est que j’ai trouvé qu’il y avait un manque de clarté dans le discours des médecins que nous avons rencontré. On nous a d’abord dit qu’en ramenant une donneuse pour un autre couple, on nous avancerait dans la liste d’attente. Illico, j’en ai parlé autour de moi. Une de mes meilleures amies a accepté de nous parrainer. Malheureusement, au bout des démarches, son don a été refusé parce qu’elle sortait d’un cancer du sein. Du coup, les médecins n’ont pas voulu nous faire avancer dans les délais alors que nous avions quand même fait l’effort de motiver notre entourage !
    Je sais qu’aujourd’hui, si je ne ramène pas une nouvelle donneuse, je n’ai aucune chance d’obtenir un don.

  • 4/10
    Qu’avez-vous à reprocher au système français ?

    Qu’avez-vous à reprocher au système français ?

    Certains couples devraient être prioritaires pour obtenir un don. En ce qui me concerne, je ne pourrais jamais pallier ma stérilité étant donné que mes ovaires ne fonctionnent plus. Pourtant, je suis logée à la même enseigne que toutes celles qui attendent des ovocytes.
    Autre chose : nous manquons d’informations. Aujourd’hui, j’ai plein de questions qui restent sans réponses. Par exemple, comme je fais beaucoup de sport, j’ai choisi de ne pas avoir de règles. Aucun médecin n’est capable de me dire si cela pose un quelconque problème pour une future grossesse !

  • 5/10
    Comment votre ami vit-il cette attente ?

    Comment votre ami vit-il cette attente ?

    Je sais qu’il veut cet enfant. Il a la fibre paternelle, c’est évident, je le vois quand nous sommes avec des petits. Mais toutes les démarches comme aller au Cecos pour un recueil de sperme ou un autre examen lui pèsent. Du coup, j’ai toujours cette angoisse qu’il me quitte pour une autre femme, une qui ne soit pas stérile…

  • 6/10
    Au cours de ces trois ans d’attente, avez-vous eu des
      moments de découragement ?

    Au cours de ces trois ans d’attente, avez-vous eu des moments de découragement ?

    Oui, il y en a eu ! En fait, c’est surtout frustrant quand il y a des pointes d’espoir et que tout s’écroule d’un coup. Par exemple, un médecin qui me suit depuis ma maladie d’Hodgkin m’a dit un jour qu’il pouvait peut-être réactiver mes ovaires. En fin de compte, un autre spécialiste m’a expliqué que ce n’était pas possible…
    Quand ça ne va pas, ce n’est pas un psy que je vais voir, mais mes proches. Je parle beaucoup de mon combat avec eux, c’est ma thérapie. Et puis, depuis peu, je me balade sur les forums Internet, j’y trouve du réconfort.

  • 7/10
    Comment avez-vous abordé le sujet avec votre entourage
      ?

    Comment avez-vous abordé le sujet avec votre entourage ?

    Avec mes copines, je parle de ma situation sans tabou. Parmi celles à qui j’ai demandé de faire un don pour nous faire avancer dans la liste d’attente au Cecos, ce sont surtout celles qui n’étaient pas encore maman qui étaient le plus susceptibles d’accepter. En revanche, celles qui avaient déjà des enfants n’ont pas envie de donner leurs ovules. Leur refus m’ont fait beaucoup de mal, mais je les comprends.

  • 8/10
    Avez-vous songé à vous rendre dans une clinique
      étrangère ?

    Avez-vous songé à vous rendre dans une clinique étrangère ?

    Oui, j’y pense de plus en plus et j’en ai parlé à mon ami. Mais financièrement, c’est très difficile. Il faut compter 4000 euros pour obtenir un don en Espagne, sans compter les 1500 euros de traitement pour la donneuse. Aujourd’hui, nous gagnons correctement notre vie mais comme nous n’avons pas d’enfant, nous nous sommes lancés dans l’achat d’une maison avec les crédits que ça implique… Du coup, nous n’avons pas cet argent. Et puis l’idée "d’acheter" un bébé nous déplait fortement.

  • 9/10
    Aujourd’hui, au bout de trois ans d’attente, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

    Aujourd’hui, au bout de trois ans d’attente, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

    Je reste optimiste. J'espère encore que la situation va se débloquer en France, que nous pourrons avoir un don par le biais du Cecos. Il faudrait que je trouve le courage de demander à nouveau à mes amies de donner leurs ovocytes pour me faire avancer dans la liste d'attente. Je compte aussi relancer mon médecin traitant, pour savoir s'il accepterait de prendre en charge mon suivi médical, dans le cas où nous déciderions d'aller à l'étranger pour obtenir ces ovocytes.

  • 10/10
    Vous êtes-vous préparés au jour où vous aurez cet enfant
      ?

    Vous êtes-vous préparés au jour où vous aurez cet enfant ?

    Encore une fois, beaucoup de questions restent sans réponses : lui dirons-nous qu’il a été conçu avec les ovocytes d’une autre femme ? Comment réagirons-nous s’il nous annonce qu’il souhaite retrouver sa mère biologique ? Voici mes plus grandes angoisses aujourd’hui. Nous avons rencontré une seule fois un psychologue. Il s’agit de la consultation obligatoire quand on s’inscrit au Cecos. Pendant l’entretien, le psy a vérifié que nous avions bien conscience de ce qu’on faisait et a tenu a savoir la manière dont nous voyions le don. D’un point de vue éthique, ce n’est pas évident.