Désir d’enfant : le témoignage poignant de femmes en mal de bébé

Publié par Marie Lanen  |  Mis à jour le par Joëlle Desjardins-Simon, psychanalyste et auteure du livre « Les verrous inconscient de la fécondité »

Ce bébé, il est désiré, voulu, attendu… Pourtant, il n’arrive pas. Que se passe-t-il ? Retour sur quatre témoignages de femmes en mal d’enfant, sous le regard de la psychanalyste Joëlle Desjardins-Simon.

« Après avoir subi, il y a 3 ans, une réduction embryonnaire, j'ai eu une très forte envie d’avoir un autre petit bout. Qu'il soit fille ou garçon, ça n'avait pas d’importance pour moi. Du moment que j'ai ce bébé que je désire plus que tout. J'y pense encore et même si je suis très heureuse avec mes jumeaux, il m'en faut encore un pour combler la perte des deux autres partis rejoindre les anges. Côté famille, personne n'est au courant, pour eux, je n'ai pas à avoir cette envie. Mais c'est plus fort que moi, j'en arrive même à me provoquer un retard de règles, à avoir le ventre qui gonfle et envie de vomir alors que je sais que ce n’est pas possible car j'ai un stérilet. Je ne perds pas espoir qu'un jour un petit être se logera en moi. »
Myle
Joëlle Desjardins-Simon :La réduction embryonnaire est loin d’être un acte anodin. Myle, vous semblez en porter lourdement la culpabilité, en n’en parlant pas à vos proches, en fabriquant des débuts de grossesses imaginaires et en espérant qu'une nouvelle conception vienne réparer la destruction de vos deux embryons. Comment apaiser cette charge de culpabilité pour ne pas la transmettre à votre futur bébé ?

« Après 8 fausses couches en 4 ans, dont une gémellaire où j'ai perdu le second embryon deux semaines après le premier, une grossesse extra-utérine diagnostiquée tardivement, donc ablation de la trompe abîmée, des phases de larmes torrentielles... oui, l'obsession était là. Les tonnes d'examens, les calculs, un psy... Bref, j'ai débarqué en larmes chez ma gynécologue en disant : stop, je craque, j'arrête tous les traitements, je reprends la pilule, je n’y crois plus. C'était la fausse couche de trop ! Donc reprise d’une pilule régulière, sans oubli, à heure fixe, c'était en février 2011. Pas d'autres traitements, juste du magnésium pour remonter la pente. Juin 2011, un test de grossesse qui me restait (tellement de lots achetés) dans ma pharmacie, comme une gêne de le jeter intact, je le fais. J’ai relu 3 fois le "mode d'emploi" tellement j'étais sidérée qu'il soit positif ! Quelques jours plus tard, écho de datation, 7 semaines de grossesse. Repos total. Février 2012 à terme, mon petit cœur est là 4,02 kg et 52 cm. »
Sandrine
JDS : Vos parcours montrent comment la vie chemine à notre insu et à quel point, en matière d'infécondité, rien n'est irréversible...

« Depuis 5 ans, nous voulions un petit bout de nous... mais non ! Cela fut dur de voir au travail les amies, la famille, tous devenir parents, c'est si facile chez les autres ! Il y a eu beaucoup de larmes retenues ou cachées, j'avoue... Et puis 2 inséminations plus tard, notre bout de chou est né, il y a bientôt 7 mois. Ne jamais perdre espoir ! »
Charline
JDS : L’infécondité, déjà douloureuse, réveille parfois des jalousies féroces et indicibles qui augmentent encore la souffrance.

« Quand l'envie devient un besoin, quand cette présence désirée se fait attendre et quand ça devient une absence.... je pense que le mot obsession est mal choisi ! Quand on doit enterrer tous ses espoirs, je pense qu’on peut parler de deuil ! »
Myrtille
JDS : Il ne faut pas rester seule avec tant de désespoir… Entourez-vous de vos proches, de votre conjoint afin de ne pas affronter cela toute seule.