Infertilité ou stérilité : comment gérer cette épreuve pour le couple ?

Publié par Marion Bellal  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Lorsqu'un couple hétérosexuel a des difficultés à concevoir, une incompréhension peut s'installer entre les deux partenaires... qui peut être accentuée par l'annonce d'une infertilité et le lancement d'un processus de PMA ou d'adoption. On fait le point sur cette épreuve délicate à surmonter pour un couple.

 

 

Médicalisation de l'intimité, tentatives infructueuses, pression sur les relations sexuelles, sautes d'humeur liées à la prise d'hormones en cas de PMA... L'annonce d'une infertilité, voire d'une stérilité, est une épreuve délicate pour un couple. S'il est très difficile d'être sur la même longueur d'ondes lorsque notre projet d'enfant à deux est ainsi bouleversé, garder quelques bons conseils en tête peuvent toujours aider.

Stérilité ou infertilité, c'est quoi ?

Médicalement, un diagnostic d'infertilité est posé lorsqu'un couple hétérosexuel ne parvient pas à concevoir un enfant après 12 à 24 mois de tentatives avec des rapports sexuels complets, à une fréquence régulière de 2 à 3 fois par semaine, et sans contraception. L'infertilité peut être lié à un membre du couple hétérosexuel ou aux deux. Elle reste inexpliquée dans environ 15 %.

En France, un couple hétérosexuel sur sept consulte pour infertilité et un couple sur dix suit un traitement pour y remédier.

La stérilité est l'incapacité totale d'un couple hétérosexuel à avoir un enfant et a un caractère définitif. Un diagnostic de stérilité ne peut donc être posé qu'au terme de la vie reproductive.

Quelles sont les causes de l'infertilité chez la femme ou chez l'homme ?

Les causes d'infertilité féminine ou masculine peuvent être physiques, médicales ou psychologiques. Chez la femme, son âge - et donc sa réserve ovarienne - doit être pris en considération, tout comme la possibilité d'une ménopause précoce. Un problème aux ovaires, tel qu'un kyste ovarien, ou un trouble de l'ovulation peuvent aussi être en jeu. Il est possible que les trompes de Fallope soient obstruées ou que de l'endométriose empêche le bon déroulement de la nidation puis de la grossesse. De même, la présence de fibromes ou de polypes dans la cavité utérine ou une sécrétion de la glaire cervicale insuffisante, voire inexistante, peuvent aussi empêcher l'implantation de l'oeuf puis le développement de l'embryon.

Chez l'homme, des anomalies du sperme (azoospermie, oligospermie, asthénozoospermie, tératozoospermie ou nécrozoospermie) peuvent expliquer une infertilité, mais les causes peuvent aussi être mécaniques ou hormonales (diabète, hyperthyroïdie, tumeur hypophysaire...). Parmi les causes mécaniques, les plus fréquentes sont :

  • une varicocèle, qui perturbe le fonctionnement normal des testicules
  • une mucoviscidose (maladie génétique)
  • une cryptorchidie (malformation congénitale)
  • une éjaculation rétrograde : le sperme est alors éjaculé dans la vessie

Pour la femme comme pour l'homme, le mode de vie et des facteurs environnementaux (consommation de tabac, d'alcool, stress, obésité...), ainsi qu'une exposition à des perturbateurs endocriniens ou à des métaux lourds peuvent être autant de causes de baisse de la fertilité.

Difficulté à concevoir : comment gérer l'infertilité, voire la stérilité, féminine ou masculine dans un couple ?

L'annonce d'une infertilité, voire d'une stérilité, est souvent un traumatisme pour un couple en plein projet de bébé.

Accepter d'être accompagnés

Que les causes de l'infertilité soient traitables et qu'un processus d'assistance médicale à la procréation soit proposé ou que le couple soit orienté par exemple vers une demande d'adoption, il ne faut pas hésiter à exprimer son trouble et son mal-être au personnel soignant et à demander un accompagnement psychologique. Dans les plus grands hôpitaux, un ou une psychiatre travaille d'ailleurs au sein des services de médecine de la reproduction. On peut également se tourner vers les associations spécialisées qui sauront proposer des oreilles attentives et connaisseuses du sujet.

Partager la charge du processus

Il est important d'exprimer sa frustration, voire sa colère, son sentiment d'injustice, particulièrement marqué en général chez la femme qui souffre bien plus au quotidien des injections d'hormones et des traitements liés à la procréation médicalement assistée. Lorsque la grossesse n'est pas menée à son terme, le traumatisme peut aussi être plus violent pour cette dernière.

C'est pourquoi il est recommandé par les psychologues et psychiatres d'impliquer au maximum les deux parties du couple à chaque instant du processus soit de l'adoption, soit de PMA, et ce de la fécondation à l'accouchement, et même après ! Le futur père peut par exemple être présent même aux examens médicaux où sa présence n'est pas obligatoire, ou endosser la charge administrative à défaut de subir les injections quotidiennes d'hormones,...

Ainsi, dans le couple de Cécile, « quand l'un flanche, l'autre prend le relais : si je n'ai pas le courage d'ouvrir l'enveloppe des résultats des examens pré-FIV, c'est mon mari qui le fait. Mais si lui traîne les pieds pour prendre rendez-vous pour faire congeler des paillettes de sperme, au cas où, c'est moi qui décroche le téléphone. Nous nous épaulons, nous nous accompagnons. Nous nous aimons ! », encourage-t-elle.

Conserver d'autres projets

Pour le bien-être de chacun, il est également conseillé de lancer ou garder un autre projet en parallèle du processus de PMA ou d'adoption - à deux ou en solo ! Pouvoir se plonger dans la décoration d'un nouveau lieu de vie, dépenser son énergie dans une pratique sportive, manuelle ou artistique, concentrer ses pensées sur l'écriture d'un livre... Toute initiative est la bienvenue afin de ne pas tourner en rond autour de ce projet de bébé qui s'annonce long et plus compliqué qu'envisagé.

Stérilité ou infertilité : quelles conséquences pour les proches du couple ?

Le rôle des proches - famille ou amis - du couple est également très importante pour appréhender au mieux cette période. On proscrit pour commencer les questions récurrentes type "c'est pour quand le bébé ?", et on propose plutôt une oreille attentive, le plus important étant en effet de laisser l'opportunité à la personne de se confier.

De plus, pour certaines personnes confrontées à l'infertilité, il est douloureux de côtoyer des couples au cours d'une grossesse ou avec de jeunes enfants. Prévenir par exemple une amie concernée par l'infertilité ou la stérilité que l'on est enceinte, de façon directe, et non par les réseaux sociaux, peut ainsi être mieux accueilli.

Les parcours de PMA ou d'adoption sont aussi longs que douloureux et il est normal de ne pas saisir toute cette complexité sans l'avoir traversée : aux proches donc de demander au couple concerné s'il est ouvert à leurs questions, afin d'éviter par la suite toute maladresse qui peut être blessante.

PMA ou adoption : quelles solutions peuvent-être proposées ?

En fonction des causes de l'infertilité, un parcours de procréation médicalement assistée (PMA) peut être proposé. Il existe différentes techniques :

  • l'insémination artificielle, soit avec le sperme du conjoint, soit avec celui d'un donneur
  • la fécondation in vitro, soit avec l'ovule de la conjointe et le sperme d'un donneur, soit avec le sperme du conjoint et l'ovule d'une donneuse, soit avec le sperme d'un donneur et l'ovule d'une donneuse
  • l'accueil d'embryons

Le couple infertile peut aussi être orienté vers l'adoption, qu'un processus de PMA ait été tenté ou non. Il est aussi important que le couple discute avec une personne spécialisée sur ces situations afin de savoir jusqu'où il est prêt à aller dans son désir d'enfant et s'il est possible d'apprendre éventuellement à envisager leur bonheur sans.

En vidéo : « Une PMA pour un enfant »

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