Infertilité masculine : le spermogramme à la loupe

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Solenne Hernandez

Le spermogramme est l’examen de base pour explorer la fertilité masculine. S’il révèle une anomalie, il peut être complété par des tests plus approfondis. On vous dit tout sur ses examens.

En cas de difficultés à concevoir un bébé, le plus fréquent pour explorer la fertilité masculine reste la prescription d’un spermogramme. Cet examen permet d’analyser un échantillon de sperme sur trois principaux critères.

Comment se passe l’examen du spermogramme en laboratoire ?

Qu’est-ce qu’un bon spermogramme ? Comment ça se passe ?

L’exploration de la fertilité masculine s’appuie principalement sur le spermogramme. C’est l’examen de référence qui doit être effectué dans le cadre de tout bilan d’infertilité. Concrètement, il consiste à analyser un échantillon de sperme obtenu après masturbation. Le jour J, vous vous rendez dans un laboratoire spécialisé, le matin de préférence. On vous remet un petit récipient stérile. Puis, on vous accompagne dans une pièce spécialement prévue à cet effet. Une désinfection des mains et du pénis est nécessaire avant l’éjaculation. Après l’examen, le récipient doit être aussitôt remis au laboratoire.

Nombre d’hommes redoutent de faire un spermogramme. C’est vrai que l’environnement médicalisé - et pour le moins aseptisé - n’est pas vraiment propice à la détente. Des journaux ou encore des films sont parfois mis à disposition pour favoriser l’érection. En cas de difficulté, la présence de la compagne peut être autorisée.

Pourquoi 3 jours d’abstinence sont-ils nécessaires avant l’examen ?

Avant l’examen, on recommande en moyenne un délai d’abstinence sexuelle de trois ou quatre jours. Cela permet de ne pas influencer la qualité du sperme.

Où faire un spermogramme ? Est-ce que c’est remboursé ?

Comment faire un spermogramme à la maison ?

Si vous ressentez un véritable blocage, certains laboratoires acceptent le recueil à domicile, à condition que les critères d’hygiène soient strictement respectés et que le prélèvement soit apporté très rapidement au laboratoire. Il faut donc, comme si vous étiez dans un laboratoire, désinfecter vos mains et votre pénis avant éjaculation et conserver votre sperme dans le récipient stérile qui vous aura été remis.

Le témoignage de Clément : « Je n’ai finalement pas eu de blocage »

« J’ai dû faire un spermogramme car ma compagne a une maladie et qu’il fallait voir si de mon côté si tout allait bien. Sur le coup, j’étais très gêné de devoir faire cet examen. Je me disais “et si on détecte un problème”, “je vais jamais réussir”… Au labo, le personnel a été très gentil. Ils ont essayé de me rassurer. Finalement, sur le moment tout s’est bien passé. J’ai eu le résultat quelques jours plus tard : ouf tout était normal. Avec du recul je suis content de l’avoir fait. » - Clément, 27 ans

Les résultats du spermogramme : combien de temps pour les obtenir ? Comment les analyser ?

Trois critères permettent d’analyser la qualité du sperme :

  • la numération (nombre de spermatozoïdes par ml)
  • la mobilité
  • la morphologie (pourcentage de formes normales)

Il est très difficile d’interpréter soi-même les résultats d’un spermogramme. Ainsi, mieux vaut attendre l’appel de votre médecin avant de vous inquiéter. En règle générale, un sperme normal se caractérise par un nombre de spermatozoïdes supérieur à 15 millions par ml. La mobilité, autrement dit la manière dont se déplacent les spermatozoïdes, ne doit pas être inférieure à 40 %. Concernant la morphologie, les normes de la fécondité ont évolué ces dernières années, probablement en raison de la baisse de la qualité du sperme en occident.

Une récente étude a en effet démontré une forte diminution de la concentration en sperme (de l’ordre de 30 %), ainsi qu’une réduction des spermatozoïdes de forme normale, entre 1989 et 2005. Aujourd’hui, un spermogramme est considéré comme satisfaisant si le pourcentage de spermatozoïdes de forme normale est supérieur à 14 %. Mais ne vous inquiétez pas, rien n’est définitif. Il est impossible de faire un diagnostic d’hypofertilité en se basant sur un seul examen. La qualité du sperme varie selon les saisons, le mode de vie, l’état psychique… En cas de doute, il est indispensable de refaire un examen quelques mois plus tard, sachant que la fabrication de sperme prend en moyenne deux mois et demi.

Spermoculture, échographie, biopsie… : les autres examens pour dépister l’infertilité

Si le spermogramme révèle une anomalie, votre médecin peut vous prescrire des examens complémentaires.

  • Le test de Hunher : C’est la femme qui s’y prête. Il consiste à examiner la glaire du col de l’utérus en milieu de cycle au moyen d’un prélèvement vaginal, après un rapport sexuel. Autrefois, il était systématiquement pratiqué avant tout bilan de fertilité chez l’homme. Il est aujourd’hui précédé du spermogramme, jugé beaucoup plus fiable.
  • La spermoculture : En cas d’anomalie, le biologiste procède à un examen plus approfondi du spermogramme. La spermoculture permet de rechercher la présence de germes dans le sperme afin de détecter une éventuelle infection.
  • Les bilans hormonaux : Comme pour la femme, un déséquilibre hormonal peut provoquer une hypofertilité chez l’homme. Différentes hormones interviennent en effet dans la spermatogénèse (production de sperme). Un dosage de l’hormone FSH, qui commande la croissance des spermatozoïdes est le plus souvent pratiqué.
  • L’échographie des testicules : l’échographie des testicules consiste à vérifier l’anatomie des testicules. Elle recherche également des inflammations locales. La varicocèle, par exemple, se caractérise par une dilatation veineuse au niveau des testicules.
  • Caryotype et biopsie testiculaire : Ces examens non systématiques sont demandés lorsque le spermogramme révèle un nombre très faible de spermatozoïdes ou une absence totale de ceux-ci (azoospermie). Parfois, c’est l’échec répété des tentatives d’AMP qui peut conduire à réaliser ces deux examens. Le caryotype détermine le code génétique d’une cellule au moyen d’une prise de sang. Quant à la biopsie testiculaire, elle consiste à prélever un petit morceau de testicule qui est ensuite analysé en laboratoire. L’objectif de cette opération est de rechercher s’il existe des spermatozoïdes au niveau testiculaire.

Quel est le prix d’un spermogramme ?

Le prix d’un spermogramme varie en fonction du laboratoire d’examen et des études qui sont réalisées. Une partie du coût peut être prise en charge par la Sécurité sociale sur prescription et/ou par votre mutuelle.

Mobilité des spermatozoïdes, anomalies de la tête, nombre de spermatozoïdes par ml… : quand peut-on qualifier un spermogramme de normal ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a actualisé en 2010 ses normes concernant les paramètres spermatiques. Les valeurs seuil en dehors desquelles il existe une ou plusieurs altérations du sperme sont :

  • un volume d’éjaculat compris entre 1,5 et 6 ml ;
  • un pH supérieur à 7,2 ;
  • une concentration spermatique supérieure à 15 millions de spermatozoïdes par ml ;
  • une numération par éjaculat supérieure à 39 millions de spermatozoïdes ;
  • une mobilité totale supérieure à 40 % ;
  • une vitalité supérieure à 58 % ;
  • un pourcentage de formes normales supérieur à 30 % ;
  • un taux de leucocytes inférieur à 1 million.

D’autres valeurs concernant la mobilité des spermatozoïdes au fil du temps ou le nombre de spermatozoïdes vivants entrent également en compte. Les normes de référence peuvent un peu varier d’un laboratoire d’analyses à l’autre, mais celles-ci sont généralement indiquées sur les résultats. On parle de normospermie ou normozoospermie pour désigner un sperme considéré comme dans les normes.

Quelles sont les principales anomalies du sperme ?

L’aspermie

Elle désigne l’absence d’éjaculat, soit d’émission de sperme, et peut être due à une malformation ou à une éjaculation rétrograde.

L’hypospermie

Elle désigne un volume total de l’éjaculat inférieur à 1,5 ml, et signifie donc que le volume de sperme par éjaculat est un peu juste. Elle s’oppose à l’hyperspermie, lorsque le volume de l’éjaculat est supérieur à 6 ml.

L’azoospermie

C’est le nom donné à l’absence de spermatozoïdes dans l’éjaculat étudié lors du spermogramme, et confirmée lors d’une deuxième analyse. Elle peut être sécrétoire (ou azoospermie non obstructive) et résulter d’un problème au niveau de la spermatogenèse, ou excrétoire (azoospermie obstructive), et liée à un obstacle au niveau des voies excrétoires (canaux déférents, épididyme…). Elle s’oppose à la polyzoospermie, qui désigne une numération de spermatozoïdes supérieure à 250 millions par mL.

L’oligospermie ou oligozoospermie

Selon les normes de l’OMS, l’oligospermie correspond à une numération de spermatozoïdes inférieure ou égale à 15 millions de spermatozoïdes/ml. Elle peut être légère, modérée ou sévère selon la numération exacte mesurée.

La cryptospermie ou cryptozoospermie

On parle ici d’azoospermie incomplète, puisqu’une recherche approfondie permet de retrouver quelques spermatozoïdes dans l’éjaculat (moins de 100 000 spermatozoïdes dans la totalité de l’éjaculat).

L’asthénospermie ou asthénozoospermie

Elle se caractérise par une faible mobilité des spermatozoïdes. Selon les normes de l’OMS, l’asthénospermie correspond à la présence dans l’éjaculat de moins 30 % de spermatozoïdes à mobilité normale (catégories a + b, à savoir rapides et lents), et de moins de 40 % de spermatozoïdes à mobilité de catégorie « a + b + c » (rapides, lents, mobiles sur place).

La tératospermie ou tératozoospermie

On parle de tératospermie lorsque 4 % des spermatozoïdes de l’éjaculat ou moins ont une forme normale, ou autrement dit lorsque la grande majorité des spermatozoïdes sont malformés. Il peut s’agir d’anomalies de la tête, du flagelle ou encore de la pièce intermédiaire. Ils ont donc moins de chance de féconder l’ovule et de donner un embryon viable.

La nécrozoospermie

Elle est dite totale lorsque l’on ne retrouve aucun spermatozoïde vivant dans l’éjaculat, mais uniquement des spermatozoïdes morts. Elle est parfois partielle, lorsque plus de 42 % des spermatozoïdes sont morts. La nécrospermie est généralement due à la présence d’une infection ou à des problèmes oxydatifs.

L’akinétospermie

C’est lorsque le sperme ne contient que des spermatozoïdes immobiles, mais vivants. Cette pathologie est due soit à une anomalie flagellaire, soit à la présence de spermatozoïdes immatures. Des examens plus poussés permettent d’en déterminer la cause.

La leucospermie

Elle désigne la présence de plus d’un million de leucocytes (ou globules blancs) par millilitre de sperme et évoque une infection.

L’oligo-asthéno-tératozoospermie ou OATS

C’est l’association de trois pathologies spermatiques, à savoir l’oligospermie, l’asthénospermie et la tératospermie. Les spermatozoïdes sont peu nombreux, peu mobiles, et beaucoup d’entre eux sont malformés. Mais cela ne veut pas dire qu’aucun spermatozoïde n’est viable.

Notons que si ces anomalies du sperme peuvent faire peur, la plupart peuvent être surmontées grâce à divers traitements, et notamment le recours à la procréation médicalement assistée (PMA). Un ou plusieurs spermatozoïdes viables seront alors mis en présence de l’ovocyte en vue d’une fécondation in vitro, ou directement injecté dans l’ovocyte. On parle alors d’injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI). Selon le degré d’altération du sperme, une insémination artificielle peut également être envisagée.

Le témoignage de Corinne et Denis : « Nous avons eu recours à un don de sperme »

« Il y a onze ans, après de nombreux examens, il a été avéré que Denis était stérile. Plusieurs choix s’offraient alors à nous : ne pas avoir d’enfant, adopter ou recourir à un don de sperme. Nous avons tenté cette dernière possibilité.

Après avoir lancé le dossier, nous avons attendu 18 mois pour avoir un donneur. Et notre fils est né par insémination artificielle au bout de la cinquième tentative.

Nous avons attendu cinq ans avant de retenter l’expérience pour un deuxième enfant car ces méthodes sont assez éprouvantes… Cela a été encore plus vrai la deuxième fois : il a fallu six inséminations artificielles avec une forte stimulation, une FIV et une ICSI, pour voir enfin arriver notre petite fille. En tout, cinq longues années.

C’était parfois très dur, mais nous sommes toujours parvenus à trouver cette force qui permet de continuer. À chaque déception, nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas nous arrêter sur un échec et que la prochaine serait la bonne ! » - Corinne et Denis.

En vidéo : 9 méthodes alternatives pour booster la fertilité

Oui
il y a 22 jours
Il me traumatise, même. Beaucoup de gens ne veulent pas le reconnaître, et pourtant c'est un devoir de le dire. Parce que depuis des décennies, l'é...
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Lire 3 arguments Oui
Photo de profil de Clemence T
36 points
Non
il y a 2 mois
Non cela ne me choque pas. Il faut arrêter de jouer les "précieuses ridicules"! C est une expression TRÈS maladroite mais qui exprime très bien son id...
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