Fibromes utérins (ou myomes) : définition, symptômes, traitements

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Le fibrome utérin, ou myome utérin, est la tumeur féminine bénigne la plus fréquente. Saignements abondants, crampes dans le ventre, douleurs abdominale, cette maladie peut avoir un véritable impact sur la qualité de vie des femmes. Explications.

 

L'expert : le professeur Hervé Fernandez, chef du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre

Alors que la prise en charge et les risques de cette pathologie sont encore méconnus, on estime que 35 % des femmes de plus de 35 ans et près de la moitié de celles de 50 ans développent des fibromes utérins. Mais ceux-ci n'occasionnent des symptômes que dans moins d'un tiers des cas et disparaissent en général d'eux-mêmes au cours de la ménopause.

Le fibrome, ou myome : une tumeur bénigne très fréquente, n'entraînant pas de cancer

Qu’est-ce qu’un fibrome ? Quels sont les symptômes ? Et les risques ? Cette tumeur féminine bénigne est encore méconnue du grand public. Elle est pourtant très fréquente. Près d’une femme sur dix souffre de fibromes utérins symptomatiques, d’après une enquête de Gededon Richter France de 2013.

Douleur, saignements... : quels sont les symptômes ?

Les principaux symptômes ressentis sont des règles abondantes et plus longues que la moyenne (47 %), des crampes dans le ventre (47 %), des saignements en dehors des règles (42 %) et des douleurs (sensation de pesanteur dans le bas ventre, constipation, envie fréquente d’uriner). Cette maladie peut devenir très handicapante au quotidien.

L’étude indique que la gêne la plus importante concerne la vie sentimentale et sexuelle, puis suit la gêne professionnelle et dans une moindre mesure celle ressentie dans la vie familiale.

Qu'est-ce qui provoque les fibromes ?

Les études sur le sujet n'ont pas permis à ce jour de savoir précisément quelle était l'origine du développement des fibromes. Si leur cause précise reste méconnue, il semble que les hormones et des facteurs de croissance jouent un rôle.

Fibrome utérin : définition

Le fibrome utérin, ou myome utérin,  est constitué par une prolifération de cellules musculaires lisses qui vont s’enrouler sur elles-mêmes, soudées entre elles par du tissu conjonctif. On distingue 3 types de fibromes, selon leur emplacement.

  • Le fibrome sous-muqueux (fibrome 0.1.2). Il est positionné sur la muqueuse à l’intérieur de la cavité utérine. Ces fibromes sont les plus rares, mais ils entraînent souvent d’abondants saignements.
  • Le fibrome interstitiel (fibrome 3.4.5.) qui s’implante le plus souvent à l’intérieur de la couche musculaire de la paroi de l’utérus.
  • Le fibrome sous-séreux (fibrome 5.6.7.) se trouve quant à lui à l’extérieur de l’utérus.

« Dans tous les cas, le fibrome reste bénin, au sens où il ne devient pas un cancer », rassure le professeur Hervé Fernandez, chef du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre. En revanche un fibrome peut évoluer de manière très différente. C’est pourquoi, quand on connaît son existence, il est conseillé de le surveiller régulièrement car il peut rester stable ou augmenter de volume, soit à l’occasion d’une grossesse, soit par exemple lors de la prise d’un traitement hormonal. Le principal risque est l’anémie, une perte significative de fer, qui entraîne une fatigue et une moindre résistance à l’effort.

Fibrome utérin et fertilité : quelles conséquences ?

Il est très difficile d’évaluer l’impact du fibrome sur la fertilité. Les études ont montré que ces tumeurs sont directement impliquées comme facteur d’infertilité chez 2 à 3 % des patientes infertiles. Mais tout dépend du type de fibrome et de la façon dont il a été traité médicalement. Les patientes ayant des fibromes sous muqueux (0.1.2.) auraient une fertilité affectée et le fait de les opérer semblerait bénéfique. Ce n'est pas le cas pour les fibromes interstitiels pour lesquels il n’est pas établi que l’opération apporte des bénéfices.

Une seule étude datant de 2011 compare une population de 106 femmes infertiles porteuses de fibromes au même nombre de femmes infertiles sans fibromes. Il ressort que le taux de conception est significativement diminué en présence de fibromes (11 % versus 25 %). Toutefois les résultats de cette étude sont contestables en raison du petit nombre de femmes incluses, et par le manque de précision sur la taille, le nombre et la localisation des fibromes.

Une grossesse avec un myome utérin, ou fibrome

La plupart des grossesses se déroule tout à fait normalement. Cependant, les fibromes sont associés à plus de complications obstétricales. Les futures mamans ont davantage de risque de subir une fausse couche ou un accouchement prématuré. À noter : la pilule ne favoriserait pas le développement du fibrome.

Fibromes utérins ou myomes : quel traitement ?

Les traitements médicaux : comment se soigner ?

Près de 30 % des fibromes provoquent des symptômes plus ou moins sévères. Les saignements abondants représentent la première cause de consultation gynécologique entre 40 et 50 ans. À ce jour, il n’existe pas de traitement médical qui soigne le fibrome utérin. Les médicaments ont vocation à traiter les symptômes associés ou, indiqués en préopératoire, ils visent à réduire la taille du fibrome ou corriger l’anémie. En général, un fibrome utérin n'est retiré qu'à partir de 7 cm, taille significative dans le sens où il est probable qu'il continue à grossir et entraîne d'autres symptômes. Voici les principales solutions existantes selon la taille et l’emplacement du fibrome :

  • Les progestatifs : Les traitements à base de progestérone, par voie orale ou stérilet, peuvent diminuer les saignements car ils créent une atrophie de l’endomètre.
  • Les analogues de la GnRh : En bloquant la sécrétion hormonale d’œstrogène, ces traitements permettent de diminuer, voir de supprimer les saignements. Les analogues de la GnRh sont essentiellement utilisés pendant une durée maximale de 3 mois, afin de faciliter l’intervention chirurgicale.
  • L’embolisation : Elle consiste à interrompre la vascularisation qui nourrit le fibrome en injectant des microbilles synthétiques dans les artères de l’utérus, à l’aide d’un cathéter. En bloquant ainsi l'alimentation sanguine des fibromes, on a de bonnes chances de les faire disparaître. Moins invasive que l'hystérectomie et comportant moins de risques de récidives que la myomectomie, elle devient progressivement une solution privilégiée par les patientes. La principale contre-indication est l'intolérance au produit de contraste. Cette intervention nécessite deux nuits d'hospitalisation et une prise en charge de la douleur pendant 4 ou 5 jours, liée à la nécrose des fibromes. Par ailleurs, l'embolisation peut avoir des conséquences sur la fertilité de la femme puisqu'elle limite aussi l'alimentation sanguine de l'utérus.

Les traitements chirurgicaux et opérations : comment enlever un fibrome utérin ?

La myomectomie consiste en l'ablation des fibromes. Elle est choisie pour les femmes qui désirent préserver leur fertilité. L’intervention peut être pratiquée par hystéroscopie (introduction d’une mini-caméra dans l’utérus) par voie vaginale, par voie coelioscopie (par voie abdominale en pratiquant de mini incisions) ou pratiquée par laparotomie (incision de l’abdomen et de l’utérus).

L’hystérectomie est l'ablation de l’utérus, réservée aux situations les plus extrêmes et en priorité aux femmes ne désirant plus de grossesses. « Certaines femmes qui voient leur vie durement affecté par leur fibrome, souhaitent quelque chose de définitif, note le Pr Chabbert-Buffet, chef du service de Gynécologie-obstétrique de l’hôpital Tenon. Néanmoins, on dispose aujourd’hui de tous les outils qui nous permettent de ne pas aller jusqu’à cette solution radicale. » Aujourd'hui, seulement deux femmes sur dix souffrant de fibromes utérins optent pour une hystérectomie.

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