Comment reconnaître la varicelle chez l'enfant ?

Publié par Ysabelle Silly  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Plus de 500 000 enfants attrapent la varicelle chaque année. Elle est très contagieuse mais sans gravité, sauf dans quelques rares exceptions. Quels sont les symptômes ? Combien de temps la maladie dure t-elle ? Comment la traiter ? 

La varicelle fait partie des maladies infantiles les plus courantes. Très contagieuse, elle se propage à vitesse grand V entre les enfants : presque 90 % des enfants attrapent ainsi la varicelle avant l’âge de 8 ans. Ce qui n’est pas forcément un drame… En effet, la varicelle du jeune enfant est, sauf circonstances exceptionnelles, bien moins grave que celle de l’adulte. Il n’en est pas moins essentiel de la reconnaître au plus tôt chez bébé et de la soigner ! Pour vous y aider, voici l’essentiel de ce qu'il faut savoir sur la varicelle de bébé.

Varicelle : comment elle s'attrape chez le bébé

Avec un "taux d'attaque" estimé à près de 90 %, le virus de la varicelle, l’herpès zoster, se propage très vite. Comment ? Il est présent non seulement dans les boutons caractéristiques de la maladie, mais aussi dans les gouttelettes de salive dès le début de l'infection, soit en moyenne 14 jours avant l'éruption proprement dite. Le virus se propage le plus souvent via des petites gouttes de salive ou de mucus rejetées dans l’air lors d’un éternuement. Porté par l’air, le virus peut se propager de pièce en pièce. Il suffit ainsi qu’un seul enfant soit atteint pour contaminer toute une crèche ou plusieurs classes d’une école… Plus rarement, la contagion peut être due à la consommation d’aliments contaminés ou à un contact direct avec les boutons d’un enfant contagieux.

La période d'incubation peut varier de 10 à 20 jours durant lesquels l'infection reste "silencieuse". La varicelle est pourtant très contagieuse, deux jours avant l'apparition du premier bouton jusqu'à la disparition totale des croûtes. Soit près de 20 jours !

Boutons, fièvre... Quels sont les symptômes et premiers signes de la varicelle ?

Les symptômes de la varicelle mettent une quinzaine de jours à apparaître après la contamination. Une fièvre plus ou moins élevée précède et accompagne souvent l'éruption. Aussi, Bébé peut être très fatigué et avoir le nez qui coule.

Le premier bouton ressemble à une piqûre de moustique, puis très vite, la petite lésion se remplit de liquide (qui contient beaucoup de virus) et finit par former une croûte. D'autres apparaissent, par vagues successives, pendant 24 à 48 heures sur le visage, la poitrine, le ventre, le dos puis sur le corps entier, le cuir chevelu. Ils forment des papilles rouges avec une zone de pus blanchâtre au centre.

Plus l'enfant est grand et plus les boutons le démangent. En quelques jours, les vésicules sèchent et forment une croûte. C'est surtout cette croûte qui provoque de fortes démangeaisons. Si votre enfant ne les gratte pas, les boutons sèchent en quelques jours (entre 6 et 10 jours) et laissent la peau intacte. Sinon, en tombant, la croûte laissera une petite cicatrice en creux.

Varicelle : la contamination in utero

Vous avez déjà eu la varicelle ? Alors vous êtes immunisée. Si ce n’est pas le cas, et que vous l’attrapez, le fœtus peut se trouver contaminé, le virus traversant la barrière placentaire. La gravité et le risque encourus par le bébé sont fonction de l’âge gestationnel. Entre 12 et 20 semaines (jusqu'à 5 mois) d’aménorrhée, le danger est au maximum. Les conséquences de la combinaison "grossesse et varicelle" peuvent être lourdes pour l’enfant (avortement spontané, hypotrophie du bébé, malformations diverses). Ce cas de figure est heureusement très rare : 9 mamans sur 10 ayant eu la varicelle durant l’enfance, elles sont immunisées contre le virus.

Contagion de la varicelle chez l'adulte : quels réflexes pour la femme enceinte ?

Si vous n'avez jamais eu la varicelle et que vous avez été en contact avec un malade, prévenez votre médecin si vous êtes enceinte de moins de 5 mois, période à laquelle se forment les organes du bébé. Celui-ci vous prescrira une prise de sang pour vérifier si vous êtes ou non immunisée et décidera d'un éventuel traitement préventif. Votre médecin vous injectera des anticorps spécifiques afin de bloquer le virus et mettra en place une surveillance – notamment échographique – plus stricte. Le cas échéant, il procédera à une ponction fœtale (amniocentèse) pour savoir si le fœtus est touché ou non. Après cette première phase sensible et jusqu'en fin de grossesse, le virus est sans danger pour le foetus. Au moment de l'accouchement, le risque est celui d'une varicelle du nouveau-né, s'il y a contamination de la mère à l'enfant par le placenta. Quand l'accouchement survient en pleine infection de la maman, le bébé dont les poumons sont fragiles peut présenter une détresse respiratoire aiguë.

En vidéo : Attraper la varicelle pendant la grossesse, c'est rare

Varicelle chez l’enfant : quel est le diagnostic ?

Le diagnostic de la varicelle du jeune enfant se fait habituellement dans le cabinet d’un pédiatre ou d’un médecin généraliste. Le médecin va commencer par analyser les symptômes cliniques : prise de température, recherche des boutons… Ce n’est pas toujours aisé : certains enfants n’ont qu’un seul et unique bouton de varicelle. D'autres, moins chanceux, en ont partout : entre les orteils, sur le cuir chevelu et même dans la bouche !

D'ordinaire, le simple examen des boutons ‒ et le fait qu’il y ait une épidémie de varicelle dans la région ‒ permet au médecin d’établir son diagnostic. En cas de doute, il fait un prélèvement du liquide contenu dans les boutons pour analyse. Si l’enfant est aussi sujet à de vives douleurs au ventre ou à la tête, le médecin recherche une éventuelle (et rare) complication de la varicelle comme une encéphalite. Ces complications ne concernent que les bébés au système immunitaire déficient.

Comment prévenir la varicelle ?

Pour prévenir la varicelle chez bébé, il existe un vaccin anti-varicelle très efficace pour le protéger. La vaccination peut se faire en urgence dans les 2 ou 3 jours suivant un contact avec un enfant contagieux.

Traitement : comment soigner la varicelle ?

Si bébé a déjà la varicelle, il s’agit surtout de soigner les symptômes.

Faites tomber la fièvre. S'il a plus de 38°, donnez à votre enfant du paracétamol, en respectant les posologies liées à son poids. En revanche, bannissez l'aspirine et les anti-inflammatoires, en particulier l'ibuprofène, formellement déconseillés en cas de varicelle.

Pour soulager les démangeaisons, vous pouvez éventuellement lui donner un sirop antiprurigineux le soir. L'utilisation d'un antihistaminique en cas de fortes démangeaisons peut également être nécessaire.

Dans tous les cas, coupez les ongles de votre enfant bien à ras et limez-les pour éviter qu'il ne se gratte et infecte ainsi les boutons. Localement, il est très important de désinfecter les vésicules qui ont éclaté, les croûtes qui se forment et de diminuer le prurit pour ne pas laisser de vilaines cicatrices. Pendant tout le temps de l'éruption, préférez la douche au bain, avec un savon liquide désinfectant à rincer soigneusement. Essuyez soigneusement, mais en tamponnant sans frotter. Puis appliquez avec un coton-tige une solution antiseptique (type Diaseptyl ou Héxomédine).

Habillez-le avec des vêtements amples, en coton ou en fibres de bambou, naturellement anti-bactérien. Si nécessaire, vous pouvez également mettre des moufles à votre petit pour l’empêcher de se gratter !

S’il y a surinfection malgré tout, le médecin mettra bébé sous antibiotiques.Il est aussi important de tenir bébé éloigné au maximum des autres enfants durant sa période contagieuse. Bébé est contagieux en moyenne 2 jours avant que les boutons ne sortent. Il le reste jusqu'à ce que les boutons aient disparu, ce qui demande en général une bonne dizaine de jours.

A découvrir en vidéo : Un enfant atteint de la varicelle peut-il fréquenter son école ?

En vidéo : Un enfant atteint de la varicelle peut-il fréquenter son école ?

Les complications de la varicelle

La varicelle, maladie a priori sans gravité, se complique dans 3 à 5 % des cas, soit 20 à 30 000 personnes chaque année, surtout de très jeunes enfants. Dans la moitié des cas, il s'agit de surinfections bactériennes cutanées (dues au grattage). Une fois sur trois, elles sont neurologiques : encéphalites, convulsions fébriles, méningites ou troubles du comportement. Elles peuvent aussi être pulmonaires, avec des détresses respiratoires aiguës. Et trois fois sur quatre, elles surviennent chez des enfants jusqu'ici sains et qui ne sont pas immunodéprimés. Les petits malades sont alors hospitalisés, surveillés et traités.

Parmi les facteurs aggravants de la varicelle, on trouve l'immunodépression, l'asthme, la prise de corticoïdes dans les jours qui précèdent la contamination ou encore le très jeune âge de l'enfant. On sait aujourd'hui que l'utilisation massive d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (l'ibuprofène) pour faire baisser la fièvre au moment de la phase d'incubation est sans doute à l'origine d'une grande part des hospitalisations pour varicelle ces dernières années. D'où la nécessité de ne pas utiliser l'ibuprofène en première intention pour faire baisser la fièvre et de lui préférer le paracétamol.

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