Enfants hyperactifs : quelle est la prise en charge ?

Publié par Barbara Benattasse  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

En collaboration avec Florence Brami (docteure en psychologie de l’enfant et de l’adolescent.)

Enfant turbulent ou vraiment hyperactif, il n’est pas toujours évident de faire la distinction. Voici quelques éléments de réponse de Florence Brami, docteure en psychologie de l’enfant et l’adolescent et auteure du livre « Le Guide parental pour comprendre son ado », aux éditions DBS.

Beaucoup de parents ont l’impression que leurs enfants sont des hyperactifs, mais qu’en est-il dans la réalité ? Quand peut-on réellement parler d’hyperactivité ?

L’hyperactivité, qu’est-ce que c’est ?

Lorsque l’on parle d’hyperactivité, il s’agit d’une hyperactivité cérébrale qui est un trouble du comportement se caractérisant par un besoin incessant de mouvement, une tendance à parler beaucoup ou à faire du bruit.

L’hyperactivité peut exister en étant ou non associée à un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH).

Qu’est-ce que l’hyperactivité avec TDAH ?

L’hyperactivité avec déficit de l’attention est un trouble caractérisé par une agitation continuelle chez l’enfant. Appelée TDAH (Trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité), elle concernerait 3 à 5 % des enfants d’âge scolaire dans notre pays, un à deux par classe, soit 400 000 âgés de 4 à 18 ans. Il s’agit en fait d’un dysfonctionnement de la dopamine, un neurotransmetteur du cerveau agissant sur la concentration, l’attention et la motricité. En général, plus l’enfant grandit et plus l’agitation motrice diminue, même si les difficultés peuvent persister chez les adultes. Attention, toutefois à ne pas confondre enfant turbulent et hyperactif.

Le TDAH est défini à partir de différents symptômes que sont le déficit de l’attention, l’hyperactivité motrice et l’impulsivité. Ces symptômes entraînent une gêne fonctionnelle chez l’enfant à l’école, lors des activités de loisir ou à la maison.

À noter : les garçons seraient quatre fois plus touchés que les filles par le TDAH.

Quels sont les signes et les symptômes d’un enfant hyperactif ? Avec quels tests peut-on les détecter ? Comment les reconnaît-on ?

Difficultés de concentration, sautes d’humeur, facilement distrait, impulsif, désobéissant, parfois agressif… Les symptômes de l’hyperactivité sont multiples.

« Le plus souvent, c’est à l’école que l’on découvre qu’un enfant est hyperactif. Il aura du mal à rester assis, il manquera de précision et ne parviendra pas à soutenir son attention dans le travail comme dans les jeux » précise Florence Brami.

C’est leur hyperactivité cérébrale qui est à l’origine de cette nécessité de mouvement. « Il capte beaucoup plus vite et perçoit les choses plus dans les détails plus rapidement. Il est plus réceptif à son environnement. Du coup, à cause de toutes ces informations, il peut vite saturer. L’intellect va déborder, ce qui va se traduire au niveau du corps par une volonté que cela sorte. Soit au niveau émotionnel et l’enfant va se mettre en colère ou hurler de joie, ou alors il peut poser des questions en permanence » ajoute la thérapeute.

Cela peut durer jusqu’à l’adolescence. Cependant, en général, les enfants hyperactifs ont réussi à se canaliser et à apprendre à gérer leurs besoins, leurs ressources et leurs failles grâce à un ou plusieurs praticiens spécialisés. Dans le cas contraire, cela pourra soit se traduire par une volonté de faire du sport pour extérioriser ce besoin de mouvement soit, parfois, par des addictions dans ce qui peut aider à se détendre (la nourriture, la cigarette, le cannabis…).

Quelles sont les causes de l’hyperactivité ?

Elle peut être due à différents facteurs. Parmi ceux-ci :

  • des taux plus faibles de dopamine et de sérotonine, deux neurotransmetteurs présents dans le cerveau, ou un déficit des lobes frontaux (lui permettent de diriger l’attention, planifier, organiser, filtrer des paroles et inhiber une réaction impulsive) ;
  • une prédisposition génétique, ce qui signifie qu’un enfant risque plus d’avoir un TDAH si l’un de ses parents présente ce trouble ;
  • des facteurs néonatals, comme la prématurité, une souffrance néonatale avec un manque d’oxygène, ou encore un syndrome d’alcoolisme fœtal et/ ou une exposition au tabac
  • un cadre familial particulier, « il peut arriver que les dysfonctionnements familiaux créent des troubles d’attention et de l’hyperactivité, car si par exemple il y a un parent dépressif, il peut arriver que l’enfant essaye de mettre son parent “en vie”, donc il s’agite. On peut aussi développer de l’hyperactivité pour demander à ses parents de s’impliquer vraiment, de faire attention aux détails de sa vie, ou encore parce qu’il est en contact avec l’anxiété de ses parents et qu’il a besoin que les émotions ressortent », indique la psychologue.

Comment calmer et gérer l’hyperactivité et les troubles de l’attention ? Découvrez les différentes solutions.

La prise en charge psychologique des enfants atteints de ce trouble est indispensable. La thérapie cognitive et comportementale (TCC) montre de bons résultats. Celle-ci vise à modifier le comportement de l’enfant en lui apprenant à fixer son attention et à réfléchir avant d’agir, lui qui est souvent impulsif. Cette thérapie va permettre à l’enfant de prendre conscience de ses capacités en l’aidant à avoir confiance alors qu’il se considère souvent comme inférieur aux autres, à apprendre à gérer sa pulsion motrice et sa pulsion verbale.

C’est aussi un bon moyen pour les parents d’apprendre à gérer les comportements pas toujours faciles de leur enfant. Ainsi, ils comprennent que pour contenir un enfant hyperactif, il faut un cadre éducatif : « On pose des limites, on prend l’enfant dans les bras, on le rassure. Il faut les nourrir de ce qu’ils ont besoin : certains enfants vont s’épanouir dans le développement physique (l’accompagner dans des sports et l’aider à rester sur une activité à chaque fois), d’autres dans des activités différentes, il faut leur apprendre à avoir un hobbie à la fois quitte à faire plus d’heures que la plupart des autres enfants pour être sûr de les canaliser »,recommande la thérapeute.

La rééducation de l’hyperactivité

En plus d’un suivi psychologique, il est également recommandé de réaliser un suivi avec un psychomotricien. Il entera, quant à lui, de réguler son impulsivité. Souvent désordonné, l’enfant hyperactif souffre aussi de problèmes de coordination qui pourront être améliorés lors de séances avec ces spécialistes.

L’hyperactivité peut aussi être associée à d’autres troubles comme la dyslexie, la dysgraphie (difficulté à accomplir les gestes graphiques), la dysorthographie (trouble pour apprendre les règles d’orthographe), la dyscalculie (problème dans l’apprentissage du calcul) ou la dysphasie (trouble de la communication verbale) qui peuvent être traitées grâce à la psychomotricité.

L’étiomedecine qui est une thérapie visant à se libérer de blocages émotionnels, de mémoires de souffrance et de différents conditionnements (sociétaux/familiaux) empêchant d’avancer dans la vie sereinement peut également s’avérer très utile.

Enfin, l’alimentation peut également jouer un rôle. « La micronutrition peut aider le corps à réguler certaines hormones comme la sérotonine ou la dopamine en recommandant la consommation de certains aliments à un moment précis de la journée », ajoute Florence Brami.

Le traitement de l’hyperactivité chez l’enfant par un médicament, le Méthylphénidate

Un médicament permet de traiter l’hyperactivité, il s’agit du traitement par Méthylphénidate (commercialisé sous le nom de Ritaline®, Concerta®, Quasym®, Medikinet®). Celui-ci permet d’améliorer l’attention et les performances de certains enfants. Alors que sa molécule est proche de l’amphétamine, elle a des effets contraires chez certains hyperactifs et calme leur agitation.

Pour autant, elle ne permet pas de guérir, mais elle stimule le système nerveux central en augmentant la concentration. Sa prescription se fait uniquement avec l’aide d’un spécialiste (neurologue, pédiatre ou psychiatre) aux enfants de 6 ans et plus en complément des prises en charge psychologique, éducative et sociale. Mais comme tout médicament, il comporte des effets secondaires non négligeables qu’il faut prendre en compte afin d’établir la balance bénéfice/risque d’un tel traitement.

 

Qu'en est-il du traitement par Méthylphénidate (commercialisé sous le nom de Ritaline®, Concerta®, Quasym®, Medikinet®) ? L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a rendu public un rapport faisant un état des lieux sur son utilisation et sa sécurité d’emploi en France.

 

Oui
il y a 1 mois
Les écrans sont une addiction comme les autres. En abuser c'est consentir à droguer son enfant en le rendant dépendant de la communication virtuelle, ...
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Non
il y a 15 jours
Je leur expliquer le mieux à faire. Le poser pour s’endormir par exemple, ils écoutent des podcast pour s’endormir À l’école ça ne sert à rien...
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