Tics et manies : que signifient-ils chez l'enfant ?

Publié par Carina Louart  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Alors que vous le considériez comme un enfant plutôt calme, voilà qu’un jour, vous vous apercevez, par exemple, qu’il a les ongles rongés. Pas de panique, ces petits gestes involontaires lui servent à se rassurer !

Tordre une mèche de nos cheveux, se ronger les ongles, remonter sans cesse nos lunettes, ponctuer nos phrases du même mot à chaque fois... Nous avons toutes et tous nos tics physiques ou de langage !

Nos petits aussi en développent au cours de leur enfance, que ce soit par habitude ou pour se rassurer. On estime qu'un enfant sur cinq en a, et dans la majorité, c'est tout à fait anodin.

À 4 ou 7 ans : quelle est l'origine des tics nerveux et des manies chez les enfants ?

Les tics sont des mouvements ou des sons involontaires, rapides et répétitifs, mais non rythmiques. Le plus souvent, les tics se concentrent autour du visage : cligner ou plisser des yeux, faire une grimace, frotter son nez, qui sont donc des tics moteur, ou des quintes de toux, reniflements, petits bruits de langue, par exemple, qui sont alors des tics sonores. 

En général, des tics peuvent apparaître chez les enfants quand ils sont d'âge à entrer en école primaire. Mais ils peuvent aussi se développer plus tôt. De multiples causes peuvent être à leur origine puisqu'ils traduisent le plus souvent un surplus de tension. Ils peuvent donc être liés à un changement d'organisation, un évènement excitant, ou une source de stress, une accumulation de fatigue... 

Pourquoi un enfant a-t-il des tics ?

Ces petites manies apparaissent donc souvent à la suite d’un événement qui est venu déranger son quotidien : l’entrée à l’école, l’arrivée d’un petit frère, un déménagement… Quelque chose qui l’a inquiété et qu’il n’a pas su exprimer autrement qu’en rongeant ses ongles ou en mangeant son pull. Les tics sont le plus souvent passagers et s'estompent une fois les craintes de l’enfant apaisées.

Parfois, ils persistent alors que leur cause a disparu. Il est en effet possible que l’enfant, souvent un peu nerveux, se soit aperçu que sa manie est bien efficace pour gérer au quotidien un manque de confiance en lui, un sentiment d’insécurité ou une agressivité contenue… Dès lors, à chaque fois qu’il se retrouvera dans une situation délicate, il s’adonnera à sa petite manie, qui, au fil du temps, deviendra une habitude difficile à perdre.

Tic ou TOC : lequel relève de la maladie ?

Ces comportements compulsifs (donc irrépressibles) font partie des troubles de l’anxiété mineurs. Notre enfant, en se rongeant les ongles, tortillant les cheveux ou grignotant son pull, contrôle ses tensions internes et décharge son anxiété, voire son agressivité, tout en se procurant un plaisir (succion des doigts, du pull...). Ces petits gestes involontaires d’auto-contact permettent de le rassurer, un peu comme le pouce ou la tétine que les plus petits ne peuvent s’empêcher de sucer.

Attention : les tics n'ont rien à voir avec les TOC, l'acronyme de trouble obsessionnel compulsif. Un TOC est une obsession ou une compulsion, focalisées par exemple sur l'hygiène, la responsabilité, la symétrie..., entraînée par des pensées récurrentes et angoissantes. Les TOC sont la quatrième maladie psychiatrique la plus fréquente après les phobies, les addictions et les troubles dépressifs. En général, ils apparaissent après 25 ans, mais, dans 25 % des cas, ils se déclarent avant 14 ans. Les troubles précoces sont plus fréquents chez les garçons. 

Anxiété : comment l'aider à se débarrasser de ses tics nerveux ?

Plutôt que d’essayer de la faire disparaître à tout prix, mieux vaut rechercher les causes de ce geste involontaire et repérer les moments où il se manifeste : avant de s’endormir ? Quand il est gardé par sa ou son baby-sitter ? A l’école ? Une fois l'origine du tic détecté, on peut essayer d’en parler avec notre enfant pour savoir ce qui le tracasse. Notre écoute bienveillante le rassurera !

Par ailleurs, rassurez-vous : ce n’est pas parce que vous devez chaque semaine raccommoder les manches de son pull ou que vous constatez qu’il se tortille systématiquement les cheveux en regardant la télévision, par exemple, que votre enfant deviendra obsessionnel et bourré de tics. L’anxiété existe chez tous les enfants.

Évitons de lui faire remarquer son travers à chaque instant et d’en parler en public devant lui, au risque de le crisper sur sa manie voire, pire, de l’atteindre dans son estime de lui-même. Au contraire, essayons, en tant que parents, de dédramatiser et d’adopter une approche plus positive : disons-lui qu'on peut l’aider à faire disparaître au plus vite son tic, qui de toute façon va partir un jour ou l’autre. Si c'est le cas, on n'hésite pas à lui dire qu'elles ont été nos manies... et lesquelles sont toujours là ! Il se sentira moins seul, moins coupable et il comprendra que ce n’est pas un handicap.

Si notre enfant manifeste la volonté de s’arrêter et demande notre soutien mais qu'on est un peu démuni, on peut lui proposer de consulter un psychothérapeute. Il existe aussi, pour certaines manies, des petites choses dissuasives à mettre en place, comme recourir au vernis à ongles amer lorsqu'il se ronge les ongles ! En revanche, il est important dans ce dernier cas que l'initiative vienne de notre enfant : sinon, notre démarche risque d'être perçue comme une punition et sera vouée à l’échec.

Cligner des yeux, avoir une quinte de toux, faire une grimace... Les différents traitements

Outre le vernis à ongles amer qui ne peut s'appliquer qu'à une seule manie, on peut proposer à notre enfant différents palliatifs afin de maîtriser ses tics : avoir un rituel de respiration ou de relaxation, pratiquer plus d'exercice pour évacuer les tensions, faire une activité créative ou un sport individuel afin de développer sa confiance en lui...

Ces diverses propositions peuvent accélérer la disparition du tic, réduire sa fréquence ou aider notre petit à mieux l'accepter. Mais il faut garder en mémoire qu'un tic, par définition, ne se maîtrise pas et que le meilleur "traitement" reste de le dédramatiser, de faire preuve de patience et de lui offrir du temps pour en parler et trouver la cause ou les causes de son développement. 

Peu importe la manie de notre enfant, on prend soin d'observer son évolution. Si on constate que les choses s’aggravent : par exemple que notre enfant s’arrache une mèche de cheveux ou se fait saigner les doigts, ou qu’à cette manie s’ajoutent d’autres signes de tensions (difficultés sociales, alimentaires, d’endormissement…), on n'hésite pas à en parler à notre pédiatre qui pourra nous orienter si nécessaire vers un psychologue ou un psychothérapeute. 

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