Pourquoi votre enfant aime-t-il les jouets de guerre ?

Publié par Antoine Blanchet  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Tatatatata, boum ! Arme en plastique à l'épaule, votre enfant semble avoir la fleur au fusil ! Est-ce une bonne chose ? On fait le point sur cette passion guerrière chez les petits garçons. 

Char, avion, hélicoptère... Mon enfant aime faire le soldat avec ses jouets de guerre

Entre 2 et 3 ans, après la phase d'opposition, concrétisée par des « non ! » répétitifs, l'enfant commence à manifester de l'intérêt pour les armes et les jouets de guerre. Jusqu'alors impuissant devant l'adulte qu'il considérait comme un géant doué du pouvoir de vie et de mort, il ose enfin s'affirmer, il se sent puissant. Et les jeux guerriers symbolisent cette prise de pouvoir, essentiellement chez les petits garçons. Autre raison fréquente :les cadeaux aux enfants sont souvent “genrés” : on offrira plus facilement des pistolets ou des épées à un petit garçon qu'à une fille. D'où son attirance pour les jeux qu'il perçoit comme ceux de son genre…

A travers ces jeux, le jeune garçon exprime ses pulsions d'agressivité naturelle. Il découvre le pouvoir de faire du mal, mais aussi de protéger. C'est aussi la période où il découvre son appartenance de genre : il se classe parmi les hommes parce qu'il a un pénis. Comme représentations symboliques du phallus, sabres et pistolets permettent au petit garçon d'en rajouter côté virilité. Et de devenir celui qui protège sa maman.

Votre rôle : aidez votre enfant à faire la distinction entre les moments de jeu qui se rapportent à l'imaginaire et les situations réelles. Mieux vaut, notamment, leur interdire de viser les zones vitales (tête, buste) comme le ferait un « vrai méchant » : dans le jeu, si on vise quelqu'un, c'est uniquement dans le bas des jambes.

Ne pas interdire pas les jouets et les figurines militaires à son enfant

Si le jeune garçon décharge son agressivité à travers ses jouets de guerre, il aura moins envie de se servir de ses poings dans la cour de récré. En outre, si elle n'est pas canalisée dans le jeu, sa tendance agressive sera présente plus longtemps, de façon latente : en grandissant, il se peut qu'il garde une certaine cruauté envers les plus faibles, au lieu de les défendre et de les protéger. Il est donc parfois difficile d'interdire à son enfant de jouer avec des jouets de guerre… S'il lui est interdit de l'exprimer, l'enfant peut aussi refouler totalement son agressivité. Il risque alors de devenir passif. En collectivité, il ne réussira pas à se défendre et endossera le rôle de bouc émissaire. Ses pulsions d'agressivité ont une autre fonction : c'est grâce à elles que l'enfant relève des défis, entre en compétition avec les autres et, plus tard, passera des concours, remportera des victoires. Si elles sont muselées très tôt, l'enfant grandira en redoutant les évaluations, les occasions de se mesurer aux autres. Il n'aura pas suffisamment confiance en lui pour prendre la place qu'il mérite.

Votre rôle : ne refusez pas les jeux qui mettent en scène la violence parce que vous craignez de voir s'épanouir chez lui un tempérament violent et dominateur. Car c'est en refusant de le voir canaliser son agressivité par le jeu qu'on prend le risque de déséquilibrer sa personnalité.

Aider son enfant à dépasser sa fascination pour les jeux avec des armes de guerre

Il tire sur tout ce qui bouge ? A 3 ans, sa façon de jouer à la guerre est simpliste. Mais entre 4 et 6 ans, ses jeux, plus scénarisés, intégreront des règles strictes. Il comprendra alors, avec votre aide, que la violence gratuite n'a pas de sens et que l'usage de la force n'a d'intérêt que pour défendre une cause juste, dans le respect des lois.
Il veut affronter ses camarades ? Il existe d'autres terrains que celui de la violence physique. A travers des jeux de société ou de simples devinettes, le petit garçon peut montrer qu'il est le champion côté vitesse de réaction, intelligence, ruse ou sens de l'humour. A vous de lui faire comprendre qu'il y a des dizaines de façons d'être le plus fort. Il ne sort qu'armé ? Montrez-lui qu'il existe d'autres moyens de se faire respecter. C'est le moment de lui faire remarquer au quotidien que lorsque vous n'êtes pas d'accord, vous réglez vos conflits par la parole. Et que ce n'est pas forcément le plus fort physiquement qui l'emporte.

Votre rôle : d'une façon générale, essayez de comprendre le pourquoi de son comportement et de sa fascination. Commentez-les avec lui. Donnez-leur un sens (un peu de « morale » ne nuit pas) et quand c'est possible, proposez-lui des alternatives moins violentes, plus positives.

Sujets associés