Enfant unique : halte aux idées reçues

Publié par Marion Thuillier  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Pourris gâtés, entourés d'amis, égoïstes... Les idées reçues sur les enfants uniques vont bon train. Mais qu'en est-il de la réalité ? Parents.fr démêle le vrai du faux.

Choisir de n'avoir qu'un seul enfant est un choix délibéré

Certains parents se limitent à un seul enfant à cause des contraintes financières, et notamment par manque de place dans leur logement, surtout dans les grandes villes. D’autres refusent le deuxième enfant et prennent cette décision car ils ont eux-mêmes des relations difficiles avec leur frère et sœur, et ne veulent pas reproduire ce schéma pour leur enfant. Il existe autant de motivations que de parents. Cependant, la majorité des enfants uniques le restent par la force des choses, à cause d’une maladie, d’un problème de stérilité, d'infertilité, ou, le plus souvent, du divorce de leurs parents.

Les fils ou filles uniques sont trop gâtés

On a souvent tendance à expliquer l’égoïsme d’un petit par le fait que, justement, c’est un enfant unique et qu’il n’a donc pas l’habitude de partager. Il faut aussi reconnaître que certains parents culpabilisent de n’avoir pas donné de frère et sœur à leur progéniture et sont ainsi tentés de trop la choyer pour compenser. Pourtant, il n’existe pas de profil psychologique particulier des enfants uniques. Généreux ou égocentrique, tout dépend de leur histoire et de l’éducation donnée par leurs parents. Et d’une manière générale, la plupart des enfants sont extrêmement comblés sur le plan matériel de nos jours.

Est-ce qu'un enfant unique s'ennuie ?

Parmi les idées reçues, on pense que l'enfant unique va être confronté plus tôt à des sentiments négatifs tels que la solitude voire à l'ennui. En effet, vivant seulement avec ses parents, il n'aura pas de frère ou soeur avec qui se divertir et nouer une complicité. Les enfants uniques vont ainsi se créer plus rapidement que les autres enfants un monde intérieur et se plonger plus tôt dans la lecture par exemple. Si ce cas de figure peut être vrai, les profils psychologiques des enfants varient entre les uns et les autres. De plus, les enfant sont de plus en plus gérés par des modes de garde comme la crèche et les assistantes maternelles, où ils peuvent se divertir à souhait

Ne pas avoir de frères et soeurs : Les enfants uniques ont plus de mal à se faire des copains

Seul avec ses deux parents, un enfant unique passe effectivement beaucoup plus de temps entouré d’adultes et certains se sentent donc parfois en décalage avec les camarades de leur âge. Cependant, là encore, impossible de généraliser. Par ailleurs, de nos jours, plus de 65 % des femmes travaillent*. Les enfants commencent ainsi à en fréquenter d’autres dès le plus jeune âge par le biais de la crèche ou de la halte-garderie, et ont très tôt la possibilité de nouer des contacts extérieurs à leur famille. N’hésitez pas de votre côté à inviter ses copains à la maison le week-end, à passer des vacances avec ses cousins et cousines ou des enfants d’amis, pour qu’il s’habitue à établir des échanges avec les autres.

*Source : Insee, Séries longues sur le marché du travail.

Les enfants uniques reçoivent de la part des adultes plus d’amour que les autres

Contrairement aux enfants qui grandissent entourés de frère et sœur, un enfant unique a effectivement l’avantage d’avoir l’attention de ses deux parents centrée sur lui seul. Il n’a pas à lutter pour l’obtenir et donc aucune raison de douter de leur amour, ce qui permet à certains d’acquérir une solide estime de soi. Cependant, encore une fois, rien n’est systématique et touts les enfants uniques ne sont pas des enfants rois. Il existe aussi des enfants uniques dont les parents n’ont pas le temps de s’occuper et qui se sentent délaissés. Par ailleurs, être le centre du monde a aussi ses mauvais côtés car l’enfant concentre alors sur lui toutes les attentes parentales, ce qui met davantage de pression sur ses épaules.

Comment se sent un enfant unique : l'avantage de meilleurs résultats scolaires ?

Aucune étude n’a jamais pu démontrer que les enfants uniques étaient systématiquement des bons élèves et réussissaient mieux que les autres sur le plan scolaire. Néanmoins, de manière générale, il est vrai que les aînés de la famille sont souvent plus brillants que les enfants suivants, car ils bénéficient de toute l’attention parentale. Face à un seul enfant, les parents se montrent en effet plus dogmatiques et exigeants quant aux résultats scolaires. Ils s’investissent aussi davantage dans la correction des devoirs et sollicitent plus fréquemment leur enfant sur le plan intellectuel.

Etre enfant unique, être surprotégé ?

Il faut effectivement reconnaître que les parents d’enfant unique ont souvent du mal à se rendre compte que leur « petit » grandit. Ils risquent ainsi de ne pas lui laisser assez de liberté pour s’épanouir et prendre son autonomie. L’enfant peut alors avoir l’impression d’étouffer ou finir par se considérer lui-même comme un être fragile ou trop sensible. Cette surprotection peut avoir un rôle déterminant dans son développement car Il risque plus tard de manquer de confiance en lui et d'estime de soi, d’avoir des difficultés relationnelles, de ne pas savoir se défendre, ni gérer son agressivité.

Pour acquérir assurance et maturité, votre petit ange a besoin de faire des expériences en solitaire. Chose que les mamans ont parfois du mal à accepter car c’est aussi pour elles le symbole du début d’autonomie de leur bout’chou, interprété parfois comme un abandon affectif.

A l’inverse, certains parents ont plutôt tendance à le mettre sur un plan d’égalité et à l’élever au rang d’adulte. D’où un sentiment de responsabilité pour l’enfant qui peut parfois devenir écrasant.

Avoir et élever un enfant unique, est-ce mal vu ?

Avant le contrôle des naissances, les parents d’enfant unique étaient facilement suspectés d’avoir des pratiques sexuelles inhabituelles ou de ne pas laisser faire la nature. Avoir un seul enfant était alors une exception qui suscitait souvent la réprobation sociale et aller de pair avec une mauvaise réputation. Heureusement, ce regard a beaucoup changé depuis les années 1960. Même si l’idéal dominant reste encore aujourd’hui d’avoir deux ou trois enfants, les modèles familiaux se sont diversifiés, notamment avec l’apparition des familles recomposées, et les couples avec un seul enfant n’ont plus rien d’exceptionnel.

Psychologie des enfants uniques : ont-ils plus de mal à affronter les conflits ?

Avoir des frères et sœurs permet d’apprendre très tôt à marquer son territoire, à imposer ses choix et à surmonter les disputes. Certains enfants uniques peuvent ainsi se sentir désarmés lorsqu’ils se retrouvent au cœur de situations conflictuelles ou en concurrence avec les autres. Cependant, il faut rappeler là aussi qu’il n’existe pas de traits de personnalité spécifiques aux enfants uniques. Par ailleurs, l’école leur donnera bien vite l’occasion de vaincre cette peur du conflit et de se frotter à la compétition entre jeunes et de trouver leur place au sein d’un groupe.

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