Mon enfant est-il précoce ?

Publié par Catherine Marchi, psychologue et coach  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

Mon bébé est-il précoce ? Devant les capacités exceptionnelles de leur enfant, tous les parents se posent la question. Sachez repérer les indices indiscutables d’un haut potentiel. Nos conseils pour savoir si votre enfant est surdoué.

5 % des enfants seraient intellectuellement précoces (EIP), soit 1 ou 2 élèves par classe environ. Le plus important est de détecter rapidement les personnes surdouées afin de leur permettre d'être entre de bonnes mains tout au long de leur parcours scolaire. 

Qu'est-ce que les personnes à Haut Potentiel Intellectuel ?

Les personnes à Haut-Potentiel Intellectuel (ou précoces) ont un quotient intellectuel (QI) supérieur à la moyenne. Souvent, ces profils vont avoir une personnalité atypique. Dotées d'une pensée en arborescence, les personnes à Haut Potentiel Intellectuel vont être très créatives. On retrouve également une hypersensibilité chez les personnes surdouées ce qui peut demander des besoins particuliers sur le plan affectif.

Quelle est la différence entre enfant précoce et surdoué ?

Les personnes à Hauts potentiel Intellectuel (HPI) ainsi que les enfants surdouées sont deux termes signifiant la même chose : une personne avec une précocité intellectuelle. 

Comment reconnaître un bébé surdoué ? A quel âge peut-on détecter un enfant HPI ? Quels sont les signes à détecter ?

Comment se comporte-t-il de 0 à 6 mois ?

Dès la naissance, le bébé surdoué ouvre grand ses yeux et regarde tout ce qui se passe autour de lui avec attention. Son regard scrutateur est pétillant, ouvert et très expressif. Il fixe dans les yeux, avec une intensité qui déconcerte parfois les parents. Il est en état d’alerte permanente, rien ne lui échappe. Très sociable, il cherche le contact. Il ne parle pas encore, mais il est doté d’antennes et perçoit les changements de l’expression faciale de la mère immédiatement. Il est hypersensible aux couleurs, aux images, aux sons, aux odeurs et aux goûts. Le moindre bruit, la plus petite lumière qu’il ne connaît pas éveillent son hypervigilance. Il s’arrête de téter, détourne la tête vers le bruit, interroge du regard. Puis, une fois qu’il reçoit une explication : « C’est l’aspirateur, c’est une sirène de pompiers, etc. », il se calme et reprend son biberon. D’emblée, le petit précoce connaît des phases d’éveil calme qui durent plus de huit minutes. Il reste attentif, concentré, alors que les autres bébés ne sont capables de fixer leur attention que 5 à 6 minutes d’affilée. Cette différence de capacité de concentration est peut-être une des clés de son intelligence exceptionnelle.

Quels sont les signes de précocité à détecter de 6 mois à 1 an ?

Dès 6 mois, l'enfant à haut potentiel observe et tente d’analyser la situation avant de se lancer dans une activité. Par exemple, à la crèche, les bébés précoces ne se lancent pas comme les autres dans l’arène, ils ne se précipitent pas pour crapahuter, ils observent finement d’abord, parfois en tétant leur pouce, ce qui se passe devant eux. Ils scannent la scène, évaluent la situation et les risques avant d’y participer. Vers 6-8 mois, quand il tend la main vers un objet, il le lui faut immédiatement, sinon c’est la crise de rage. Il est impatient et n’aime pas attendre. Il imite aussi les sons qu’il entend à la perfection. Il n’a pas encore un an quand il dit son premier mot. Plus tonique, il s’assoit avant les autres et zappe certaines étapes. Il passe souvent de la position assise à la marche sans passer par le quatre pattes. Il développe très tôt une bonne coordination main/œil car il veut explorer le réel tout seul : « Cet objet m’intéresse, je l’attrape, je le regarde, je le porte à ma bouche ». Comme il a envie de se tenir debout et de sortir de son lit très tôt, l'enfant à haut potentiel intellectuel marche souvent vers 9-10 mois.

Reconnaître les signes de précocité de 1 à 2 ans

Il parle plut tôt que les autres. Vers 12 mois, il sait dénommer les images de son imagier. Vers 14-16 mois, il prononce déjà des mots et construit correctement des phrases. A 18 mois, il parle, prend plaisir à répéter des mots compliqués, qu’il emploie à bon escient. A 2 ans, il est capable d’avoir une discussion dans un langage déjà abouti. Certains surdoués sont mutiques jusqu’à 2 ans et parlent avec des phrases “sujets verbes compléments” d’un seul coup, parce qu’ils s’y préparaient avant de se lancer. Curieux, actif, il touche à tout et n’a pas peur de s’aventurer à la recherche d’expériences nouvelles. Il a un bon équilibre, grimpe partout, monte et descend les escaliers, transporte tout et transforme le salon en salle de sport. L’enfant surdoué est un tout petit dormeur. Il lui faut moins de temps pour récupérer de sa fatigue et il a souvent beaucoup de mal à s’endormir. Il a une très bonne mémoire auditive et apprend facilement les comptines, les chansons et les airs de musique. Sa mémoire est impressionnante. Il sait exactement le déroulement du texte de ses livres, au mot près, et vous reprend si vous omettez des passages pour aller plus vite.

Profil et comportements : Les signes de précocité de 2 à 3 ans

Sa sensorialité est hyper développée. Il reconnaît les épices, le thym, les herbes de Provence, le basilic. Il distingue les odeurs d’orange, de menthe, de vanille, le parfum des fleurs. Son vocabulaire ne cesse de se développer. Il prononce “stéthoscope” chez le pédiatre, articule à merveille et demande des précisions sur les mots inconnus “Qu’est-ce que ça veut dire ?”. Il mémorise les mots étrangers. Son lexique est précis. Il pose 1 001 questions “pourquoi, pourquoi, pourquoi ? et la réponse à ses questions ne doit pas tarder sous peine qu’il ne s’impatiente. Tout doit aller aussi vite que dans sa tête ! Hypersensible, il a un énorme problème de gestion des émotions, il pique facilement des colères, trépigne, crie, éclate en sanglots. Il joue l’indifférent quand vous venez le chercher à la crèche ou chez sa nounou. En fait, il se protège d’un trop-plein d’émotion et évite de se confronter au débordement émotionnel causé par votre arrivée. L’écriture l’attire particulièrement. Il joue à reconnaître les lettres. Il joue à écrire son nom, il gribouille de longues “lettres” qu’il envoie à tout le monde pour imiter l’adulte. Il aime compter. A 2 ans, il sait compter jusqu’à 10. A 2 ans et demi, il reconnaît les chiffres des heures sur une pendule, une montre. Il comprend le sens d’additionner et soustraire très rapidement. Sa mémoire est photographique, il a un excellent sens de l’orientation et se souvient des lieux avec précision.

Les signes de précocité de 3 à 4 ans

Il parvient à déchiffrer tout seul et parfois très tôt les lettres. Il comprend la façon dont sont construites les syllabes et comment les syllabes forment des mots. En fait, il apprend à lire seul la marque de son paquet de céréales, les pancartes, les noms des magasins… Bien sûr, il a besoin qu’un adulte donne sens aux signes associés à certains sons, réponde à ses questions, corrige ses tentatives de déchiffrage. Mais il n’a pas besoin de cours de lecture ! Il a un don pour le dessin, la peinture. A l’entrée en maternelle, son talent explose ! Il parvient à photographier et à rendre tous les détails de ses personnages, les corps de profils, les expressions du visage, les vêtements, l’architecture des maisons, et même des notions de perspective. A 4 ans, son dessin est celui d’un enfant de 8 ans et ses sujets sortent des sentiers battus.

Les signes de précocité de 4 à 6 ans

Dès 4 ans, il écrit son prénom, puis d’autres mots, avec des lettres bâtons. Il se fâche quand il n’arrive pas à former les lettres comme il le souhaiterait. Avant 4-5 ans, le contrôle de la motricité fine n’est pas encore élaboré et son graphisme est maladroit. Il y a un écart entre la rapidité de sa pensée et la lenteur de l’écriture, d’où des colères et un pourcentage non négligeable de dysgraphies chez les enfants précoces. Il aime les chiffres, compte sans se lasser en augmentant les dizaines, les centaines… Il adore jouer à la marchande. Il connaît tous les noms des dinosaures, il est passionné par les planètes, les trous noirs, les galaxies. Sa soif de connaissances est inextinguible. Par ailleurs, il se montre très pudique et refuse de se déshabiller devant les autres. Il pose des questions existentielles sur la mort, la maladie, les origines du monde, bref, c’est un philosophe en herbe. Et il attend de la part des adultes des réponses adéquates, ce qui n’est pas toujours facile !


Sa vie relationnelle peut être compliqué, il a peu d’amis de son âge, car il est en décalage avec les autres enfants qui ne partagent pas ses centres d’intérêt. Il est un peu à part, un peu dans sa bulle. Il est susceptible, à fleur de peau et plus vite blessé que les autres. Il est essentiel de tenir compte de sa fragilité émotionnelle, de ne pas trop faire d’humour à ses dépens...

Diagnostic : Pensez à vérifier son QI avec un test HPI (Haut Potentiel Intellectuel)

Les petits surdoués se différencient des autres enfants par leur facilité à dialoguer avec les adultes, leur imagination débordante et leur grande sensibilité. « Nous avons contacté la psychologue scolaire en moyenne section car Victor pleurait pour "un rien", doutait de ses capacités et nous ne savions plus comment faire pour l'aider », raconte Séverine. N'hésitez pas si vous avez un doute à faire faire un test de QI à votre enfant afin de dresser son bilan psychologique et agir en conséquence !

Pas si simple d'être surdoué !

S’ils possèdent un QI plus élevé que leurs petits copains de classe, les surdoués ne sont pas pour autant plus épanouis. « Ce ne sont pas des enfants handicapés mais fragilisés par leurs compétences », précise Monique Binda, présidente de la Fédération Anpeip (Association nationale pour les enfants intellectuellement précoces). Selon une enquête TNS Sofres réalisée en 2004, 32 % d’entre eux sont en échec scolaire ! Un paradoxe, qui pour Katy Bogin, psychologue, s’explique par l’ennui : « En CP, la maîtresse demande à ses élèves d’apprendre l’alphabet, sauf que le petit surdoué le récitait déjà à l’âge de deux ans… Il est sans cesse en décalage, rêveur, et se laisse absorber par ses pensées ». Victor, lui, « dérange ses camarades en parlant beaucoup, puisqu’il finit son travail avant tout le monde ». Un comportement qui, trop souvent, est confondu avec de l’hyperactivité.

Comment aider un enfant surdoué ? Existe-t-il des associations pour soutenir les personnes HPI ?

Le plus important est de faire relativiser l'enfant en lui faisant comprendre que ces différences sont une force. Si malgré cela, l'enfant ne se sent pas à l'aise, il faudra probablement avoir recours à un psychologue spécialisé dans le domaine. Il existe également des associations comme  L'ANPEIP(association des parents d'enfants intellectuellement précoces) ou L'AFEP (association française pour les enfants précoces) pour aiguiller les parents des enfants à Haut Potentiel Intellectuel au quotidien. 

Interview : Anne Widehem, maman de deux enfants précoces, ses “petits zèbres”

L'interview d'Anne Widehem, coach et auteur du livre : “Je ne suis pas un âne, je suis un zèbre”, éd. Kiwi.

Enfant à haut potentiel, enfant surdoué, enfant précoce… Tous ces termes recouvrent la même réalité : celle d'enfants dotés d'une intelligence hors normes. Anne Widehem préfère les appeler “zèbres”, pour mettre en avant leur singularité. Et comme tous les enfants, ils ont avant tout besoin d'être compris et aimés. 

En vidéo, l'auteure, maman de deux petits zèbres et zèbre elle-même, nous raconte son parcours.

En vidéo : Interview Anne Widehem sur les zèbres

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Oui
il y a 2 mois
Une exposition aux écrans avant 3 ans aura un impact sur la santé de l'enfant. Elle entrave le développement cognitif et moteur de l'enfant, voire mêm...
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Photo de profil de Cyliz Crimox
10 points
Non
il y a 2 mois
Encore un peu moins de Liberté! Encore une façon de nous dire comment penser, ce qui est bien ou pas pour nos enfants,par contre interdire les pestici...
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