Mon enfant est-il gaucher ou droitier ? Zoom sur la latéralisation

Publié par Véronique Cordier  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Gaucher, droitier, ambidextre : de quel côté votre enfant va faire pencher la balance ?  Qu'est-ce que ça change pour lui ? On répond aux questions que se posent les parents sur ce processus que l'on nomme la “latéralisation”. 

En observant son enfant manipuler des objets ou jouer, dès le plus jeune âge, on se pose parfois la question : est-il droitier ou gaucher ? Comment et quand peut-on le savoir ? Qu'est-ce que ça nous indique sur son développement, sur sa personnalité ? Le point avec une spécialiste.

Définition : La latéralisation, un processus progressif. A quel âge ?

Avant 3 ans, un enfant apprend avant tout à coordonner ses mouvements. Il utilise indifféremment ses deux mains pour jouer, dessiner ou saisir. Ce travail de coordination est un prélude à la latéralisation, c'est-à-dire au choix de la droite ou de la gauche. Laissez-le accomplir cette tâche tranquillement ! Ne tirez pas de conclusion hâtive s’il utilise un côté plus que l’autre. Il ne faut pas y voir une latéralisation précoce, car ce n’est que vers 3 ans que l’on peut affirmer la prédominance d’une main sur l’autre. D’ailleurs, n’oubliez pas qu’un enfant apprend beaucoup par imitation. Ainsi, lorsque vous vous placez face à lui pour jouer ou lui donner à manger, l’effet miroir fait qu’il utilise la « même » main que vous. C'est-à-dire sa main gauche si vous êtes droitière. N’hésitez pas à vous placer à côté de lui de temps en temps afin de ne pas influencer son choix naturel sans le vouloir. Vers 3 ans, le choix de sa main directrice est sans aucun doute une première marque d’autonomie. Il se distingue de son modèle, vous, en faisant un choix personnel et affirme ainsi sa personnalité.

Comment savoir si mon enfant est gaucher ou droitier ? Quels signes ?

A partir de 3 ans, on peut commencer à repérer la main dominante d'un enfant. Il existe des tests très simples qui peuvent vous aider à révéler la latéralité de votre enfant. Le pied, l’œil, l’oreille ou la main sont mis à contribution :

  • Lancez-lui un ballon ou demandez-lui de sauter à cloche-pied,
  • Roulez une feuille de papier pour faire une longue-vue, et demandez-lui de regarder dedans,
  • Proposez-lui d’écouter le tic-tac d’un réveil pour voir à quelle oreille il va le porter,
  • Pour les mains, tous les gestes quotidiens sont révélateurs : manger, tenir sa brosse à dents, se coiffer, saisir un objet…

Généralement, l’enfant privilégie assez rapidement un côté. Avant 5 ou 6 ans, c’est-à-dire l’âge de la lecture, il n’y a pas lieu de s’inquiéter si la latéralisation n’est toujours pas déterminée clairement. S’il continue à utiliser sa droite aussi bien que sa gauche, réitérez les tests ultérieurement.

Troubles, ambidextrie... Quand s'inquiéter d'un retard ou d'une absence de latéralisation ?

A partir de 5 ans, un retard de latéralisation peut rendre plus difficile l’acquisition de la lecture et de l’écriture. Ces troubles sont assez fréquents à cet âge, et peuvent être résolus avec l’aide d’un professionnel.

  • Si votre enfant est droitier ou gaucher “partiel”, cela signifie qu’il ne possède pas encore de latéralité dominante. Dans ce cas, vous pouvez avoir recours à un psychomotricien qui l’aidera à déterminer sa main dominante.
  • Votre enfant utilise indifféremment sa main droite ou sa main gauche ? Il est probablement ambidextre. Quasiment tous les petits enfants le sont puisqu’ils savent utiliser leurs deux mains sans distinction. Mais lorsque le moment du choix est arrivé, on se rend compte qu’il y a très peu de vrais ambidextres. L’utilisation des deux mains indifféremment résulte d’ailleurs souvent de facultés acquises. Là encore, un psychomotricien peut aider votre enfant à déterminer sa préférence.

Mon enfant est gaucher, qu’est-ce que ça change ?

Cela ne change rien en terme de développement de l’enfant et bien sûr d’intelligence ! Le fait qu’il soit gaucher correspond simplement à une prédominance de l’hémisphère droit du cerveau. Ni plus, ni moins. Un enfant gaucher n’est pas plus maladroit ou moins intelligent qu’un droitier, comme on l’a longtemps cru. Il est révolu le temps où on attachait le bras d’un enfant gaucher pour lui « apprendre » à utiliser sa main droite. Et heureusement, car on a fabriqué ainsi des générations de gauchers “contrariés” qui pouvaient avoir ensuite des difficultés pour écrire ou pour se situer dans l’espace.

Comment aider mon enfant gaucher au quotidien ? Comment travailler sa latéralité ?

Le manque d’habilité que l’on attribue souvent aux gauchers vient surtout du fait que l’on vit dans un monde de droitiers. Heureusement, aujourd’hui des accessoires malins existent pour faciliter la vie des gauchers, surtout dans la petite enfance où l’on apprend tant de choses : des stylos spéciaux, des taille-crayons en sens contraire, des ciseaux aux lames inversées qui évitent bien des gymnastiques, et même des règles “spéciales gauchers”, car les gauchers tirent les traits de la droite vers la gauche…

Vous pouvez également aider votre enfant. Par exemple, apprenez-lui à positionner sa feuille de dessin avec le coin supérieur gauche plus haut que le coin supérieur droit. Ça l’aidera lorsqu’il s’agira d’écrire.
Enfin, sachez que si les deux parents sont gauchers, leur enfant a une chance sur deux de l’être également, si un seul des parents l’est, il a une chance sur trois. Seul un enfant gaucher sur dix est issu de parents droitiers. La composante héréditaire existe donc bel et bien.

Témoignage : « Ma fille confond la droite et la gauche, comment l'aider ? »Camille, maman de Margot, 5 ans

A 5 ans, Margot a du mal à reconnaître sa droite de sa gauche. Un problème pas si anecdotique, en particulier lorsqu’on grandit et que les activités du quotidien, à l’école comme à la maison, s’en trouvent compliquées. Non seulement Margot a des difficultés pour apprendre à écrire, mais elle est par ailleurs très maladroite. Des éléments liés et qui font sens pour la psychomotricienne Lou Rosati : « On observe souvent ce symptôme en même temps qu’un autre. L’enfant a ce qu’on appelle une “latéralité contrariée”, le fait de confondre sa droite et sa gauche est une conséquence, au bout de la chaîne de ses autres problèmes. »

Une maladresse pathologique

Il existe ainsi trois types de dysfonctionnements : latéral, lorsque l’enfant choisit par exemple la main droite comme main dominante, alors qu’il aurait dû choisir la gauche ; spatial, lorsqu’il a du mal à se localiser dans l’espace ou à mesurer les distances ; et enfin corporel, comme Margot, lorsque l’enfant fait preuve de “dyspraxie”, c’est-à-dire de maladresse pathologique. Lou Rosati explique comment observer ce phénomène chez son enfant : « Vers 3-4 ans, il commence à prendre un stylo avec une main plutôt qu’une autre, puis au CP, on pourra voir si le choix de la main dominante a été contrarié ou pas. Il existe une latéralité acquise, et une autre innée et neurologique : il s’agit de voir si les deux concordent. On voit notamment avec quelle main il boit ou écrit, et quelle main il sollicite pour un geste spontané comme lever le bras. »

Un problème de latéralisation

L’experte précise qu’à l’âge de 6-7 ans, un enfant doit pouvoir reconnaître sa droite de sa gauche et avoir choisi sa main dominante : « Beaucoup d’enfants sont à l’origine gauchers et ont choisi leur main droite comme main dominante. Ils ont commencé l’écriture et ont donc entraîné leur main. Dans ce cas, il faudra les aider dans leurs nouveaux apprentissages, à partir de ce qu’ils ont déjà acquis avec la mauvaise main dominante. »

Pour l'aider : relaxation et travaux manuels

Un enfant qui souffre de dyspraxie pourra ainsi avoir des difficultés d’apprentissages, pour reproduire une figure ou une lettre, appréhender des formes simples ou plus complexes. Il pourra par ailleurs être gêné par sa grande maladresse.

Pour Lou Rosati, psychométricienne, il faut d’abord définir l’origine du problème pour pouvoir agir correctement ensuite : « Si c’est d’origine spatial, on propose des exercices sur la spatialité, s’il s’agit davantage de latéralité, on travaillera la dextérité manuelle, l’équilibre, et si le problème est d’origine corporel, on pratiquera des exercices de relaxation. Quoi qu’il en soit, il y a des solutions pour ne plus en souffrir à l’âge adulte. »

Tiphaine Lévy-Frébault

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