Mon enfant est amoureux

Publié par Elodie-Elsy Moreau  |  Mis à jour le par

Votre enfant a bien grandi et voilà qu’il est… amoureux ! Comment gérer la situation ? Le pédopsychiatre Stéphane Clerget nous éclaire.

Ses premiers amours

3-6 ans : l’âge des premiers amours

Les premières idylles amoureuses naissent très tôt chez les enfants. "Ces sentiments surviennent dès qu’ils commencent à être socialisés, entre l’âge de 3 et 6 ans. Durant cette période, ils sont épris d’un élan amoureux", précise le pédopsychiatre Stéphane Clerget. "En entrant à l’école, ils s’aperçoivent qu’ils peuvent éprouver de l’amour pour d’autres personnes que celles qui s’occupent d’eux au quotidien : parents, nourrice… Avant ce stade, ils ne sont tournés que sur eux-mêmes et leur famille."

Pour tomber amoureux, il leur faut aussi passer le cap du complexe d’Œdipe et comprendre qu’ils ne peuvent pas se marier avec leur parent de sexe opposé.

6-10 ans : les copains d’abord !

"Entre 6 et 10 ans, les enfants mettent souvent leurs amours entre parenthèses. Ils se concentrent sur d’autres centres d’intérêts, leurs loisirs… D’ailleurs, si les relations amoureuses prennent une place trop importante à cette période, cela pourrait se faire au dépend du reste du développement de l’enfant. Les parents n’ont pas besoin de stimuler leur progéniture sur ce terrain. Il faut respecter cette latence amoureuse."

Gérer le grand amour de nos petits

Des sentiments de grands

"Les premières émotions amoureuses sont très proches de celles ressenties par les adultes, le désir sexuel en moins", souligne Stéphane Clerget. "Entre 3 et 6 ans, ces sentiments constituent une ébauche, une inspiration du véritable amour, qui se met progressivement en place. Il est important de ne pas mettre de pression sur les enfants et ne pas projeter le vécu d’adulte sur ces amours. Il ne faut ni se moquer, ni être trop passionné, ce qui les encouragerait à s’enfermer."

Il multiplie les conquêtes

Votre bambin change de chérie comme de chemise ? Pour Stéphane Clerget, il ne faut pas accorder trop de crédit à ces relations enfantines. "Il peut arriver que cela exprime un malaise familial. Un de mes jeunes patients soupçonnait son père d’avoir des relations extraconjugales et le traduisait ainsi, mais un enfant qui change souvent d’amoureuse ne sera pas pour autant un coureur de jupons plus tard ! Si, au contraire, votre enfant n’a jamais d’amoureux comme ses autres camarades, il faut d’abord se demander s’il a des amis à l’école. C’est le plus important. S’il est isolé, se replie sur lui-même, il faudra agir pour l’aider à communiquer. En revanche, s’il n’a pas d’amoureuse parce que cela ne l’intéresse pas, mais qu’il est sociable, il n’y a aucun souci à avoir. Cela viendra plus tard…"

Le tout premier chagrin d’amour

Le chagrin d’amour, personne malheureusement n’y échappe. Il faut prendre ces peines sentimentales au sérieux. Comme l’explique Stéphane Clerget, "prémunir" les enfants au chagrin d’amour s’élabore tout au long de l’éducation. "Rien ne sert de les préparer avant. En fait, c’est en trouvant des limites à sa toute puissance, dès son plus jeune âge, que l’enfant se prépare au mieux au chagrin d’amour. S’il a toujours l’habitude qu’on lui cède tout, il ne pourrait pas comprendre que son amoureux ne l’aime plus, freine ses désirs et aurait du mal à s’en remettre."

Expliquer aux enfants qu’on ne peut pas forcer un petit camarade à jouer avec soi et qu’il faut respecter les choix de l’autre est aussi essentiel. "Lorsqu’un enfant est confronté à cette situation, les parents doivent lui parler, le consoler, le valoriser, le replacer vers l’avenir", précise le pédopsychiatre.

Le premier flirt

A l’entrée au collège, les choses deviennent souvent plus sérieuses. Un enfant peut s’enfermer dans sa chambre pour discuter des heures au téléphone ou sur les réseaux sociaux avec son petit ami. Comment réagir ?

"Qu’il s’agisse de discussions avec des camarades ou leur petit copain, les parents doivent, tout en respectant l’intimité de leur enfant, limiter les heures passées devant l’ordinateur ou au téléphone. C’est important pour son développement. Les adultes doivent l’aider à se consacrer à autre chose."

Le premier baiser a lieu aux alentours de 13 ans et représente un cap vers la sexualité adulte. Mais dans cette société où l’adolescence est de plus en plus sexualisée, doit-on associer premier flirt et première relation sexuelle ?

"Les parents doivent informer leurs enfants et construire un cadre. Il est important de préparer les jeunes à leur future vie sexuelle, tout en soulignant que la majorité sexuelle est à 15 ans, et qu’en attendant d’être plus matures, ils peuvent flirter."

Peur des mauvaises influences, des dérives… le petit ami ne plaît pas toujours aux parents…

"Si c’est parce qu’on n’aime pas son look, il suffit de ne pas accorder trop d’importance à ses premières relations", explique Stéphane Clerget. "Par contre, les parents se doivent de rester polis et respectueux vis-à-vis du petit ami. Dans tous les cas, s’ils ne l’apprécient pas, le mieux est de l’accueillir pour apprendre à le connaître, rencontrer ses parents. Etre en relation avec lui est le meilleur moyen pour les adultes de maîtriser et de voir ce qui se passe."

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