Enfants entêtés : un avenir assuré ?

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le par Najwa ChaddouAvec Monique de Kermadec, psychologue clinicienne, spécialiste de la précocité, auteure de « L’adulte surdoué à la conquête du bonheur », aux éditions Albin Michel.

Votre bambin n’en fait qu’à sa tête ? Il s’affirme dès que vous lui dites quelque chose ? C’est peut-être bon signe ! Décryptage avec Monique de Kermadec, psychologue clinicienne.

Les enfants rebelles réussiraient mieux leur vie professionnelle !

Une dernière étude américaine lance un pavé dans la mare. Les enfants obstinés auraient plus de chances de réussir leur carrière professionnelle que les autres. Cette étude a été menée sur 40 ans par des psychologues. 700 enfants entre 9 et 12 ans ont été suivis puis revus à l’âge adulte. Les experts se sont intéressés principalement aux traits de caractère des bambins dans leur enfance. Conclusion : les enfants ignorant les règles et défiant l’autorité parentale avaient plus de chance de réussir plus tard dans leur vie professionnelle. Explications…

Enfant têtu, un enfant qui s’oppose

« Tout dépend de ce qu’on entend par enfant têtu. Un enfant peut persister dans son refus, ne pas obéir immédiatement et ne pas être nécessairement un enfant dit caractériel, avec des troubles du comportement associés », explique tout d’abord Monique de Kermadec, psychologue. Dans l’étude, les chercheurs américains ont analysé les traits de caractère suivants : la patience, leur sentiment d'infériorité, ressenti ou non, le rapport à l'autorité, le respect des règles, la responsabilité et l’obéissance aux parents. La conclusion des auteurs démontre un lien entre enfant obstiné ou désobéissant et une meilleure vie professionnelle à l’âge adulte. Pour la psychologue, « l’enfant s’oppose surtout à ce qu’il vit comme une décision arbitraire. Son refus est alors sa manière de dire : moi aussi je veux avoir le droit de décider », détaille-t-elle. Les enfants désobéissants sont ceux qui ne vont pas répondre à la demande de l’adulte. « Certains parents, en effet, se focalisent sur le refus de leur bambin et ne perçoivent pas que leur demande est intempestive et requiert une exécution immédiate. L’enfant est alors mis à la place d’un objet que l’on peut déplacer sans préparation, sans possibilité d’anticipation. Le fait même d’évoquer, par exemple, que l’on va aller au parc, sera accepté de façon différente selon que l’enfant aura la possibilité de se préparer mentalement à cette sortie ou non », indique Monique de Kermadec.

Des enfants qui s’affirment

Pour la spécialiste, les enfants désobéissants, en s’opposant à l’adulte, affirmeraient ainsi leur opinion. « Refuser n’est pas nécessairement une désobéissance, mais une première étape vers une explication. Le parent qui permet à l’enfant de prévoir que, dans quelques minutes, il devra interrompre une activité, lui laisse ainsi le choix de s’arrêter pour se préparer ou de jouer encore quelques minutes, en sachant que le temps sera limité. Dans ce cas-là, le parent ne renonce pas à son autorité et laisse le choix à l’enfant » ajoute-t-elle.

Des enfants originaux qui sortent du lot

« Ce sont des enfants qui ne rentrent pas forcément dans le moule établi. Ils sont curieux, aiment explorer, comprendre, et ont besoin de réponses. Ils peuvent refuser d’obéir dans certaines circonstances. Leur curiosité leur permet de développer une originalité dans leur façon de penser et de vivre. Plus grands, ils vont continuer à poursuivre leur chemin et certains se révèleront plus aptes à réussir car ils seront plus autonomes et indépendants », détaille la psy. Ce qui est intéressant dans cette étude, c’est qu’elle donne un avis positif sur des enfants souvent considérés « négativement » parce qu’ils désobéissent. La psychologue explique que les personnes originales, qui sortent du lot dans leur vie professionnelle, sont des enfants qui se sont affirmés jeunes.

L’autorité des parents en question

« Il est important que les parents se demandent pourquoi leur enfant s’obstine ainsi. « Est ce que je lui en demande trop ? Est-ce irréalisable pour lui ? », indique Monique de Kermadec. Les parents d’aujourd’hui arrivent à se faire obéir en instaurant plus de dialogue, d’écoute et d’échange avec leur enfant. « Il suffirait de poser la question à l’enfant « pourquoi tu me dis non tout le temps, que se passe-t-il, tu es malheureux ? ». Ce genre de questions peut être vraiment bénéfique pour l’enfant. « Si l’enfant a du mal à verbaliser ce qui ne va pas, un jeu de rôles avec des peluches peut permettre de saisir les enjeux affectifs et de débloquer une situation avec le rire. L’enfant comprend vite que si sa peluche dit non tout le temps, le jeu est vite bloqué », détaille-t-elle.

Des parents bienveillants

Pour la psychologue, l’adulte bienveillant est celui qui laisse le choix à l’enfant, qui ne lui impose pas de faire quelque chose de façon autoritaire. L’enfant peut s’exprimer, s’opposer aussi, mais surtout il comprend pourquoi il doit faire telle chose.  « Mettre des limites, faire respecter une certaine discipline est important. Ceci ne doit pas pour autant transformer le parent en dictateur ! Certaines situations méritent d’être expliquées et sont ainsi mieux comprises et mieux acceptées par l’enfant. La discipline n’est pas un rapport de force. Si elle s’exprime ainsi l’enfant sera tenté lui aussi de répondre par un rapport de force », explique-t-elle.

Enfant rebelle mais confiant

De nombreux experts rappellent que les personnes rebelles sont naturellement dotées d’une plus grande confiance en elles. D’ailleurs pour se rebeller, il faut en effet avoir du caractère ! Les spécialistes du développement personnel n’ont de cesse de dire qu’il s’agit de l’un des traits de caractère les plus déterminants pour réussir dans sa vie personnelle. C’est la raison pour laquelle les spécialistes de cette étude ont conclu que les enfants que l’on surnomme parfois « têtes de mule » auraient plus de chances de s’en sortir plus tard. 

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