Comment rendre son enfant autonome ?

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le par

Anne Bacus, psychologue clinicienne et spécialiste de la petite enfance, livre ses conseils aux parents qui s’interrogent sur l’autonomie de leur enfant. Dans son livre « 100 façons de rendre son enfant autonome », paru aux éditions Marabout, elle explique quel rôle les parents ont dans les différentes étapes de la prise d’autonomie de l’enfant, et ce, dès le plus jeune âge. Explications.

L'autonomie chez l'enfant : d'expériences à indépendance

Dans une enquête IPSOS de décembre 2015, commanditée par Danone, les parents ont dévoilé leurs perceptions de l’autonomie de leurs enfants. La majorité d’entre eux ont répondu que « les premiers pas et la première rentrée scolaire étaient les étapes les plus marquantes chez les enfants de 2 à 6 ans ». Autres éléments intéressants : une large proportion des parents considèrent que le fait de savoir manger ou boire seul et être propre, étaient des indicateurs forts d’autonomie. Anne Bacus, psychologue clinicienne, quant à elle, pense que c’est un processus qui perdure de la naissance jusqu’à l’âge adulte et qu’il ne faut pas prendre en compte uniquement les apprentissages du quotidien. La spécialiste insiste sur l’importance du développement psychologique de l’enfant, et plus particulièrement sur l’ensemble des étapes qui le mèneront vers l’indépendance.

L’importance du non dans le développement

Très tôt, vers 15 mois, l’enfant commence à dire « non ». C’est la première grande étape de l’autonomie, selon Anne Bacus. L’enfant interpelle ses parents en exprimant une différenciation. Petit à petit, il va vouloir faire certaines choses tout seul. « C’est une étape très importante. Les parents doivent respecter cet élan et encourager leur bambin à faire seul », estime la psychologue. « Ce sont les bases pour acquérir une bonne estime de soi et de la confiance », ajoute-t-elle. Ensuite vers 3 ans, à l’âge de l’entrée à la maternelle, il va s’opposer et affirmer sa volonté. « L’enfant manifeste l’envie d’être autonome, c’est une action spontanée : il a envie d’aller vers les autres, d’explorer et d’apprendre. Il faut, à ce moment-là, respecter ses envies. C’est ainsi que l’autonomie va se mettre en place, naturellement et rapidement», poursuit la spécialiste.

Le parent ne doit pas s’opposer

Quand un enfant dit qu’il veut faire ses lacets, s’habiller avec ses vêtements favoris, à 8 heures du matin alors qu’il faut vite aller à l’école, cela peut vite devenir compliqué pour le parent. « Même si ce n’est pas le bon moment, il ne faut pas s’opposer frontalement à son enfant. Cela peut être perçu comme si le parent pensait que son bambin n’était pas capable de faire telle ou telle chose », explique Anne Bacus. Il est très important que l’adulte puisse accueillir la demande de l’enfant. Et si ce n’est pas possible de la réaliser tout de suite, il faut lui proposer de différer son envie de faire ses lacets tout seul, à un autre moment. « L’important est de prendre en compte l’élan de l’enfant et de ne pas dire non. Le parent doit poser un cadre sécurisant dans son éducation et trouver un équilibre entre ce qui est juste de faire ou pas, à un moment donné », détaille Anne Bacus. 

L’enfant prend alors confiance en lui

« L’enfant va acquérir une certaine confiance en lui. Même s’il s’énerve au début pour faire ses lacets, ensuite, à force d’essayer, il va réussir. Au final, il aura une bonne image de lui et de ses compétences », ajoute Anne Bacus. Les messages positifs et chaleureux des parents sont rassurants pour l’enfant. Progressivement, il va prendre de l’assurance, penser et agir par lui-même. C’est une phase primordiale qui permet à l’enfant de s’autoréguler et d’apprendre à se faire confiance.

Comment aider son enfant à prendre son envol ?

Le parent doit agir comme un guide pour son enfant. « Il est tel un coach dans la prise d’autonomie de l’enfant. Il l’accompagne en créant un lien fort, confiant, qui doit être le plus solide possible », observe la spécialiste. Une des clés du succès est de faire confiance à son enfant, le rassurer pour lui permettre de s’éloigner. « Le parent peut être un soutien pour aider son enfant à dépasser ses peurs. Les jeux de rôles, par exemple, permettent de la surmonter. On joue à réagir de telle ou telle façon devant un danger. C’est aussi valable pour le parent d’ailleurs. Il apprend lui aussi à dépasser son appréhension », précise Anne Bacus. La spécialiste formule d’autres conseils pour rendre son enfant le plus autonome possible, comme la valorisation du travail bien fait, ou le fait de lui donner de petites responsabilités. Au final, plus l’enfant grandit, plus il va acquérir de nouvelles compétences par lui-même. Sans oublier que plus il se sentira confiant et autonome pendant son enfance, plus facilement il volera de ses propres ailes à l’âge adulte. Et c’est bien là, la mission de tout parent…

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