Autisme : leurs relations avec les autres enfants

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le par Marion BellalAvec Jacques Vazeille, pédopsychiatre, spécialiste de l’autisme et auteur du roman « Murs »

Bien que l’autisme recouvre une multitude de réalités, ce handicap entraîne, dans de nombreux cas, des difficultés pour les relations sociales et l’acceptation des émotions. Alors, quand un enfant autiste en rencontre un qui ne l’est pas, comment cela se passe-t-il ? Explications et conseils de Jacques Vazeille, pédopsychiatre, spécialiste de l’autisme et auteur du roman « Murs ».

Avec Jacques Vazeille, pédopsychiatre et auteur du roman Murs.

Dans son roman Murs, Jacques Vazeille, spécialiste de l’autisme depuis 20 ans, raconte l’histoire de Samson, un homme autiste Asperger de 25 ans et de Mine, une fille de 12 ans. Entre eux va se tisser une relation incroyable et exclusive, somme toute assez rare. Cette fiction permet d’imaginer quels types de relations peuvent exister entre une personne autiste et une qui ne l’est pas.

Trouble du spectre autistique (TSA) : comment communiquer avec une personne autiste de type Asperger ?

Quand Jacques Vazeille a imaginé l’histoire de Samson, 25 ans, autiste Asperger, et de Mine, adolescente de 12 ans, vive et très imaginative, le pédopsychiatre s’est souvenu d’un jeune homme autiste qu’il avait eu en charge dans le passé : « Le jeune autiste, dont je m’occupais, présentait des troubles sévères et des accès de violences singuliers. Avec une psychologue, nous avons eu l’idée de lui proposer quelque chose de constructif et de destructible. On a mis dans sa chambre un mur de boîtes en carton ». Cette façon de proposer quelque chose de nouveau l’a déstabilisé. « C’était une façon de lui proposer un objet avec lequel il pouvait être violent. Mais il a mis beaucoup de temps pour oser l’approcher. Au final, il l’a détruit en morceaux », se souvient le spécialiste.

À partir de cette consultation, Jacques Vazeille a écrit son roman en imaginant la possibilité d’une relation avec un autre personnage, Mine. Il garde également l’idée du mur. Pour lui, il est possible qu’un enfant autiste, et un autre qui ne l’est pas, établissent une relation. « Les autistes Asperger ont la réputation d’avoir de meilleures relations avec les autres, que des personnes atteintes d’une autre forme d’autisme. Mais, n’oublions pas que, même s’ils ont des capacités intellectuelles parfois hors normes, ils souffrent énormément du fait qu’ils ne peuvent établir que peu de relations sociales », souligne le pédopsychiatre.

Communication et comportement. Pourquoi les enfants et adultes autistes rencontrent-ils des difficultés dans les relations sociales ?

Dans Murs, les deux personnages principaux, Samson et Mine, se rencontrent à côté du mur mitoyen de leurs maisons. Petit à petit, ils arrivent à communiquer sur une période assez longue. « La rencontre de l’autre est un apprentissage de soi-même, le meilleur moyen de faire tomber les murs qui cloisonnent les certitudes », explique Jacques Vazeille. Le personnage de Mine essaie à tout prix d’entrer en contact avec Samson, parfois même en public. Elle s’aperçoit, au fur et à mesure, que le jeune homme est différent, qu’il se comporte bizarrement quand ils se voient ailleurs que derrière « leur » mur, leur secret. Une relation naît entre eux, grâce à l’inventivité et la patience de Mine. Peu à peu, la jeune fille comprend que Samson est dans un établissement spécialisé, pour personnes malades et atteintes de handicaps, comme l’autisme.

« Si un petit garçon de 4 ans joue avec le sable de façon autistique et qu’arrive un autre petit bonhomme, du même âge, pour lui proposer un jeu de voiture, il n’y aura pratiquement pas de réaction du premier. Même s’il est sollicité, il continuera à jouer avec le sable de façon stéréotypée », explique le spécialiste. Toutefois, un contact superficiel est possible, assure Jacques Vazeille. Les difficultés relationnelles sont liées à l’autisme, qui agit sur la fonction de certains gènes. De façon similaire, l’autisme peut entraîner une hyperactivité, de l’anxiété, une déficience intellectuelle, de l’épilepsie

Est-ce que les enfants autistes ressentent des sentiments ? Comment expriment-ils leur amour ?

D’après son expérience de psychiatre, Jacques Vazeille le certifie : les personnes autistes sont d’une extrême sensibilité et ressentent bien sûr des sentiments. En revanche, ils ne vont pas les exprimer de la même façon que la moyenne des enfants. « Les autistes ont une façon particulière de concevoir le monde. Leur champ des émotions est plat, comme une surface. Le temps, l’imaginaire n’existent pas. Par exemple, la distance relationnelle, quand elle est là, n’est donnée qu’une seule fois », énonce le pédopsychiatre.

Les émotions sont brutales et prennent toute la place : « Si une personne autiste ressent de la colère, il n’y aura plus que ça. Si c’est de la tristesse, idem, c’est la seule chose qui existera pour lui ou pour elle ». La pose du diagnostic est primordiale : plus elle a lieu tôt, plus il sera simple de proposer une prise en charge à l’enfant autiste.

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il y a 3 mois
Une exposition aux écrans avant 3 ans aura un impact sur la santé de l'enfant. Elle entrave le développement cognitif et moteur de l'enfant, voire mêm...
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11 points
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il y a 3 mois
Encore un peu moins de Liberté! Encore une façon de nous dire comment penser, ce qui est bien ou pas pour nos enfants,par contre interdire les pestici...
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