Mauvaises rencontres : comment en parler à son enfant ?

Publié par Véronique Cordier  |  Mis à jour le par

Comment parler des mauvaises rencontes aux enfants ? 

Prévention contre les dangers de certaines rencontres

Le corps de votre enfant lui appartient

Toute personne qui veut ou doit toucher son corps devrait lui demander son accord, même le docteur. On force souvent un enfant à faire un bisou alors qu’il ne le veut pas. Au lieu de l’obliger, il suffit qu’il dise bonjour oralement ou avec un signe de main. Le mieux est de lui apprendre le plus tôt possible à s’occuper tout seul de son corps : se laver, s’essuyer aux toilettes… De plus, l’enfant doit savoir qu’il n’appartient pas à ses parents. Ils sont simplement responsables de lui. Il ne faut surtout pas lui inculquer l’idée de la toute puissance de l’adulte.

Apprendre l'interdit de l'inceste

« Papa, quand je serai grande, je me marierai avec toi. » Ce genre de phrase, classique, est un bon prétexte pour parler de sexualité avec votre enfant en lui donnant des repères et des limites. C’est au moment où l’enfant ressent une attirance pour son parent du sexe opposé qu’il est essentiel de lui signifier clairement l’interdit de l’inceste : « Une fille n’épouse pas son père et un fils n’épouse pas sa mère car c’est interdit par la loi. » Lorsque l’enfant comprend sa filiation, il est le fils ou la fille de, le petit-fils ou la petite-fille de, il comprend mieux l’interdit de l’inceste. Les enfants qui ignorent l’interdit de l’inceste croient souvent que les adultes proches qui les entourent (parents, amis et même instituteurs), et même les enfants plus âgés qu’eux, ont des droits sur leur corps, voire sur leurs parties génitales, ce qui les met en danger.

Pas de secret avec son enfant

Les petits secrets partagés entre enfants sont touchants et ont l’avantage de leur donner un peu d’indépendance. Néanmoins, vous devez expliquer à votre enfant que personne ne doit lui imposer un secret « à ne dire à personne » et que vous, parent, êtes toujours à l’écoute. Il a le droit de révéler une confidence qui l’encombre et doit le savoir. N’oubliez pas que les abus sexuels sont souvent l’œuvre d’une personne très proche de la famille ! Pour se préserver de secrets trop lourds à porter, évitez vous-même ces jeux de cachotteries et expliquez à votre entourage (grands-parents, oncles et tantes, amis) que vous n’y êtes pas favorable.

Inciter son enfant à parler et être à l'écoute

Votre enfant doit savoir qu’il peut toujours vous parler. Soyez ouvert et à l’écoute, que ce soit oralement ou en ce qui concerne son comportement. Si votre enfant sait que vous êtes toujours disponible pour l’écouter, il se confiera plus volontiers le jour où il en aura besoin. S’il a subi une agression et qu’il se confie, écoutez-le et respectez sa parole. Il doit se sentir compris pour garder la confiance qu’il a en vous. On sait qu’un enfant ment rarement lorsqu’il se plaint d’abus sexuel. Dans ce cas, vous devez lui signifier qu’il n’est ni responsable ni coupable. Il est désormais en sécurité et c’est l’adulte qui a commis une faute qui doit être puni. Dites-lui que c’est interdit par la loi et que vous devez le dire à la police pour que l’agresseur soit retrouvé et que cela n’arrive pas aux autres.

Faire l'éducation sexuelle de son enfant

Son corps l’intéresse grandement. Profitez des moments de bain ou de déshabillage pour parler de son anatomie, de celle du sexe opposé, de la différence avec celle des adultes… L’éducation sexuelle se fait naturellement dans la famille au gré des événements ; la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur par exemple. Répondez à ses questions de manière simple mais honnête. Expliquez-lui ce qui est du domaine de l’intime, ce qui peut se faire en public, ce qui doit se faire en privé, ce qui ne se fait qu’entre adulte… Tout cela l’aide à comprendre ce qui n’est pas normal et à l’identifier, le cas échéant.

Apprendre à son enfant à dire non

Le fameux « non » qu’il dit si souvent aux environs de 2 ans. Eh bien, il devrait continuer ! Il y a certaines règles de protection que vous devez lui apprendre, tout comme vous lui avez appris à ne pas mettre ses doigts dans la prise ou à ne pas se pencher par la fenêtre. Il est tout aussi capable de les intégrer. Il a le droit de dire non ! Il peut refuser une proposition qui le met mal à l’aise, même si elle émane d’un adulte qu’il connaît. Il n’est pas impoli s’il ignore un adulte qui lui demande de l’aide ou de l’accompagner quelque part. Il a le droit de refuser un câlin, un bisou, une caresse s’il n’en a pas envie. Savoir que vous le soutenez dans ces moments l’aidera à s’opposer plus facilement.

Rappeler régulièrement les règles à son enfant

Son corps lui appartient, ne perdez jamais une occasion de le lui rappeler. C’est un discours qui évolue avec l’âge et la capacité de votre enfant à comprendre ce que vous dites. Vers 2 ans et demi-3 ans, par exemple, il peut comprendre qu’il ne doit pas se mettre tout nu devant tout le monde. C’est aussi le moment où il devient très pudique. Et il faut donc respecter sa pudeur. Vers 5-6 ans, il faut lui expliquer plus directement que personne n’a le droit de toucher son corps et encore moins ses parties génitales, sauf pour le soigner (en présence de papa ou maman). Quelle que soit votre façon de lui dire, en fonction de son âge, il doit comprendre qu’il a le droit au respect et à la protection des adultes.

Jouer des situations avec son enfant

Rien de plus efficace que la mise en situation. De nombreux livres existent qui vous donnent un soutien efficace pour répondre à leurs questions ou aborder le sujet de façon pragmatique.
 Très efficace aussi avec les enfants, des petits jeux de rôle.
 Que fais-tu si une dame que tu connais un peu te dit qu’elle va te ramener à la maison ?
 Que fais-tu si un monsieur de l’immeuble te propose de descendre avec lui à la cave pour réparer ton vélo ?
Que fais-tu si un monsieur veut que tu sortes du parc pour voir ses petits chiots dans la voiture ? Il faut continuer à jouer jusqu’à ce qu’il ait bien compris ce qu’il doit répondre. La seule réponse possible, c’est de dire non et d’aller dans un endroit où il y a du monde.

Parler des mauvaises rencontres à son enfant sans l'effrayer

C’est bien entendu toute la difficulté de cette démarche : lui apprendre à se méfier tout en lui inculquant la confiance en l’autre. Il faut toujours rester dans la réalité. N’en rajoutez pas, il ne doit surtout pas penser que tout adulte peut représenter un danger pour lui ou que tout étranger lui veut du mal. Il doit simplement savoir que certaines personnes « ne sont pas bien dans leur tête » et que vous, et beaucoup d’autres adultes êtes là pour le protéger et le sécuriser. Le but est de l’ouvrir au dialogue et à la confiance avec quelques personnes auprès de qui il pourra se confier en cas de problème. Profitez le plus possible de moments de jeux et de détente pour faire une piqûre de rappel.

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