Comment expliquer la crise des réfugiés aux enfants ?

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le

Le sujet des réfugiés est omniprésent à la télévision. Les enfants sont confrontés à des images difficiles de familles qui fuient leur pays en guerre. Comment parler de cette actualité à ses enfants ? Réponses avec François Dufour, rédacteur en chef du Petit Quotidien et Michel Fize, sociologue.

Actualité : parler des réfugiés avec ses enfants

Parler du sujet des réfugiés aux enfants peut s’avérer difficile. L’opinion publique a été fortement ébranlée par la publication de la photo du petit Alyan, 3 ans, échoué sur une plage. Depuis plusieurs semaines, les journaux télévisés diffusent des reportages où des milliers de personnes, dont beaucoup de familles, arrivent en bateau de fortune sur les côtes des pays européens. Ces images tournent en boucle sur les chaînes d’infos. Désemparés, les parents se demandent ce qu’il faut dire à leur enfant. 

Raconter la vérité aux enfants

« Il faut raconter la vérité aux enfants, en utilisant des mots simples pour être compris », explique François Dufour, rédacteur en chef du Petit Quotidien. Pour lui, le rôle d’un média est de « faire prendre conscience au public du monde tel qu’il est même aux plus jeunes ». Il est partisan de montrer aux enfants les images de réfugiés fuyant leur pays, surtout celles où on voit des familles derrière les barbelés. C’est une façon de leur faire comprendre réellement ce qui se passe. Le tout est d’expliquer, de mettre des mots simples sur ces images chocs. « La réalité est ultra choquante. Elle doit choquer petits et grands. L’idée n’est pas de montrer pour choquer mais de choquer pour montrer ». François Dufour précise qu’il faut bien entendu tenir compte de l’âge de l’enfant. Par exemple, « le Petit Quotidien, dédié aux bambins de 6 à 10 ans n’a pas publié l’image insoutenable du petit Aylan, échoué sur la plage. En revanche, celle-ci passera dans les pages « Monde » du Quotidien, le journal des 10-14 ans, avec un avertissement aux parents en Une ». Il recommande d’utiliser les numéros spéciaux qui paraîtront fin septembre sur les réfugiés.

Quels mots utiliser ?

Pour le sociologue Michel Fize, « il est important d’utiliser les bons mots quand les parents expliquent le sujet des migrants à leurs enfants ». La réalité est claire : ce sont des réfugiés politiques, ils fuient leur pays en guerre, leur vie là-bas est menacée. Le spécialiste rappelle qu’ « il est aussi bon de rappeler la loi. La France est une terre d’accueil où il existe un droit fondamental, le droit d’asile pour les réfugiés politiques. C’est une obligation de solidarité nationale et européenne. Des textes de loi permettent d’ailleurs de fixer des quotas ». En France, il est prévu d’accueillir près de 24 000 personnes sur deux ans. Les parents peuvent également expliquer qu’au niveau local, les associations vont aider ces familles de réfugiés. Dans un communiqué du vendredi 11 septembre 2015, la Ligue de l'enseignement précise que les premiers réfugiés sont arrivés à Paris jeudi 10 septembre dans la nuit. La Ligue de l’enseignement nationale et la Ligue de l’enseignement de Paris vont mettre en place un réseau de solidarité d’urgence via des centres de vacances, d’hébergements médico-sociaux etc. Les animateurs, formateurs et militants pourront ainsi aider enfants et jeunes au travers d’activités culturelles, sportives ou de loisirs, ou encore d’ateliers d’aide à la scolarisation. Pour Michel Fize, d’un point de vue sociétal, l’arrivée de ces familles va sans aucun doute favoriser le multiculturalisme. Les enfants vont forcément côtoyer des enfants de « réfugiés » à l’école. Pour les plus jeunes, ils vont surtout percevoir dans un premier temps l’entraide qui existe entre les adultes français et les nouveaux arrivants. 

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