Tout ce que vous devez savoir sur la fessée

Publié par Virginie Péducasse  |  Mis à jour le par

Cela vous ferait plaisir de vous prendre une claque sur la main et des remarques pas sympas du tout quand vous cassez un verre chez des amis ? Eh bien les enfants ne sont pas fans non plus de ce genre d’expérience. Astuces pour nous débarrasser de ces automatismes qui nous poussent à lever la main sur nos trésors.

La fessée ? J’arrête !

Les fessées, les tapes, les gifles : nous serions plus de 80 % des parents en France à en avoir déjà données à nos enfants. Sans parler des paroles blessantes. Cela s’appelle de la “violence éducative ordinaire”. Même lorsqu’on est contre, même lorsqu’on est convaincu que ça ne va pas régler les problèmes, parfois ça part : “Si je rentre stressée du boulot et que le soir, à la maison, ma fille n’obéit pas à des choses simples, c’est elle qui prend…” témoigne Marie.

Prévenir les crises plutôt que punir

“Résultat : tout le monde s’énerve. Bénéfice : aucun ! Dans ces moments-là, j’ai conscience que si j’avais été moins tendue face à elle, il aurait pu y avoir une autre issue. Mais que faire ? La solution, est-ce de taper mon patron et mon mari ?!” Non, mais presque : la solution peut consister à mieux communiquer entre adultes pour assainir des relations stressantes de travail ou de couple (pas forcément évident !). Ou à défaut de se défouler en tapant dans un oreiller, en poussant un cri de bête ou en passant par la case “postures de yoga” avant de retrouver à la maison un p’tit bolide qui aura besoin de toute votre “zénitude” pour ne pas partir en vrille.

Le seul fait de prendre un vrai moment en tête-à-tête avec votre trésor en rentrant le soir permettra certainement de prévenir bien des crises de rage, de larmes ou d’opposition : il a besoin de se connecter à vous. Si, après une journée de boulot, vous n’êtes vraiment pas disposée à imbriquer des Lego avec votre marmot, donnez-lui une activité à faire seul, mais à vos côtés : le temps de réchauffer le repas et de laver la vaisselle de la veille, offrez-lui des petits pois à écosser et à rincer à loisir dans un saladier rempli d’eau, ça va le passionner et l’apaiser.

Passer le relais pour ne pas craquer

“Contrairement à mon fils, ma fille se met parfois dans de tels états que j’ai l’impression que rien ne va pouvoir l’arrêter, raconte Sophie, maman et enseignante. Une claque sur les fesses, ça ne lui permet pas toujours de se calmer mais, cet été, ça a été aussi efficace que si j’appuyais sur un bouton marche-arrêt.” C’est efficace sur le coup, mais sur le long terme ? “Je ne le pense pas. Avec mes élèves de maternelle, il m’arrive non pas de donner des gifles ou des fessées (même si certains parents m’ont déjà dit de ne pas hésiter), mais de donner une tape sur la main ou de les isoler un temps au coin ou dans le couloir. Pourtant ça ne me satisfait pas d’un point de vue pédagogique. L’idéal, c’est de bien s’entendre avec la collègue d’à côté et de lui confier l’enfant difficile à gérer.”

Faire redescendre la pression

Passer le relais à un autre adulte : excellente idée ! Dans un couple, celui qui sent l’énervement monter en lui peut quitter la pièce pour se ressourcer à l’autre bout de l’appartement et confier la gestion de la crise à l’autre parent. Il ne s’agit pas d’une capitulation ou d’un abandon. Cette séparation momentanée n’a pas pour but de punir l’enfant, ni de lui signifier qu’il n’est plus digne d’amour et d’attention, mais de faire redescendre la pression de chacun. C’est aussi pour prendre du recul et parler plus tard calmement avec lui de ce qui s’est passé, sans le culpabiliser par des paroles du style “Tu ne fais jamais attention”, “Je ne suis pas fier de toi” ou “Tu as vu la peine que tu as fait à ta mère !”.

Montrez-lui l’exemple

Si votre enfant ne vous écoute pas, ayez à cœur de lui montrer l’exemple en apprenant à l’écouter et à décrypter ses frustrations et ses désirs d’autonomie. Il veut empiler des coussins dans le salon alors que c’est formellement interdit ? Ne cédez pas, tout en l’invitant à faire la même chose ou quelque chose qu’il jugera aussi passionnant, mais dans sa chambre. Il refuse de mettre les habits que vous lui avez préparés de bon matin ? À l’avenir, tentez de les choisir la veille en sa présence ou de les lui faire choisir, quitte à ce qu’il sorte dehors en débardeur au cœur de l’hiver malgré vos mises en garde ! Dans la rue, il vous réclamera rapidement son pull et établira ainsi tout seul, comme un grand, un lien de cause à effet entre température extérieure et habillement. Plus efficace et plus valorisant qu’une “bonne petite fessée” sur la couche, non ?

La sérénité : la clé de la réussite

Quelle que soit la solution trouvée pour résoudre le conflit, tentez toujours d’accueillir les émotions de votre poussin le plus sereinement possible, même si elles vous semblent excessives… Le souci, c’est qu’un enfant qui a, à un moment de la journée ou de son développement, des attitudes jugées négatives et agressives, n’est pas spécialement attirant. On n’a pas envie de l’écouter, on n’a pas envie de lui consacrer du temps, on n’a pas envie de le prendre dans nos bras ou de lui dire qu’on l’aime, alors que c’est justement dans ces instants-là qu’il a le plus besoin de nous, de repères et de fermeté bienveillante. Un conseil qui aide énormément pour se contenir et rester en empathie : mettez-vous dans la tête que votre tout-petit ne vous manipule pas, qu’il ne s’énerve pas dans le but de vous mettre à bout, mais uniquement parce qu’il est envahi par des émotions et des désirs qu’il n’exprime pas encore bien par la parole ou qu’il n’ose pas exprimer.

La fessée n’est pas héréditaire

D’où vient cette habitude d’obliger un enfant à obéir en le tapant, même légèrement, ou en prononçant des paroles blessantes ? Si nous ne sommes pas les descendants directs du père Fouettard, nous sommes bien les enfants de nos parents et les petits-enfants de nos grands-parents, dont le martinet traîne peut-être encore au grenier… Pour briser cette transmission de génération en génération de ce que l’on peut appeler la “violence éducative ordinaire”, soyons conscients des modèles de résolution des conflits que nous avons reçus de la part des gens qui nous ont élevés.

Surtout, soyons conscients des mots et des tapes qui continuent peut-être, encore aujourd’hui, à nous faire du mal. Des moqueries, des humiliations et des gestes dont les séquelles peuvent être : le manque de confiance en soi, le repli sur soi, des attitudes de défi non constructives (“Même pas mal !”), le manque de curiosité, des difficultés à apprendre, l’agressivité, l’hyperactivité ou la tristesse. En prenant conscience que ce que l’on a vu ou vécu dans notre enfance a parfois cassé en nous quelque chose de précieux, nous serons tentés de trouver d’autres solutions pour régler les conflits qui nous opposent à nos enfants, pour ne pas les “casser” à notre tour !

Sujets associés