Langage : comment aider son enfant à mieux parler ?

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le

Certains enfants parlent peu ou de façon incompréhensible du haut de leurs 3 ans. Les parents se retrouvent parfois démunis, ne sachant quelle attitude adopter. Comment aider son enfant à mieux parler ? Quand faut-il aller chez une orthophoniste ? Décryptage.

Certains enfants rencontrent des difficultés dans leur communication orale dès leurs premières années. Ils parlent peu, voire utilisent un charabia incompréhensible pour les autres. Les parents ne savent pas vraiment comment réagir au quotidien. Comment peuvent-ils aider leur enfant ? Caroline Bouilhol, orthophoniste en libéral, livre ses conseils dans le livre qu’elle a coécrit avec Estelle Duchaussoy et Marion Ribeyre, « J’aide mon enfant à bien parler », aux éditions Eyrolles.

Le langage des enfants de moins de 3 ans

A la naissance, le langage, la communication et le développement psychosocial et affectif sont interdépendants. L’enfant commence à communiquer par des cris, des babillages et chaque petit son émis lui permet de développer les organes qui lui permettront de parler : la bouche, le larynx, les poumons, le nez et la gorge. Tous ces éléments vont s’agencer pour lui permettre d’interagir avec son entourage. Les premiers mots apparaissent aux alentours de 12 mois. L’enfant enrichit ensuite son vocabulaire jusqu’à ce qu’il passe par une phase dite “holophrase” à 2 ans où il utilise des mots-phrases. L’appropriation du “je” apparaît plus tard, en général, vers 3 ans.

Le langage de l’enfant de 4 à 6 ans

L’enfant de cet âge commence tout doucement à faire les premiers accords entre le nom et l’adjectif, il utilise des mots approximatifs, la syntaxe se complexifie avec l’apparition des relatives et il est capable de conjuguer les verbes aux temps simples. A partir de 6 ans, il est en mesure de réciter l’alphabet et de s’intéresser à la signification réelle des mots. La plupart du temps, il demande à apprendre à lire, maîtrise de mieux en mieux les accords des verbes irréguliers, il sait dire son nom, son âge et son adresse, s’exprime clairement.

Le retard de langage chez les enfants

Un retard de langage n’est pas forcément un trouble, mais plutôt un décalage dans le développement du langage. En pratique, l’enfant communique verbalement, mais son expression est en deçà de son âge réel. Les premières phrases apparaissent généralement vers 2 ans et demi. En effet, les spécialistes précisent que le retard de langage se caractérise principalement par un vocabulaire pauvre et un style d’expression télégraphique : pas de mots de liaison, les pronoms sont manquants, l’enfant n’emploie pas le “je”, par exemple.

« Un enfant qui parle peu ou pas, qui n’est pas dans la relation et communique peu à 2 ans, doit inquiéter les parents », explique Caroline Bouilhol.

« Le diagnostic d’otites séreuses pour mon Léon a été posé en mars 2015. Il a été vu par un ORL, il avait un peu plus de 3 ans, à la demande de l’orthophoniste qui ne constatait aucun progrès dans son travail avec lui », raconte Ségolène, la maman de Léon, 4 ans aujourd’hui. « Il parlait mal, ses phrases étaient incompréhensibles, et donc ça l’énervait terriblement de ne pas être compris », précise la maman. Au quotidien, cette mère de famille se rappelle avoir dû répéter les mots à son fils, elle se souvient même s’être mise à genoux à sa hauteur pour lui parler le plus distinctement possible, à l’oreille. « Au bout d’un moment, notamment à la rentrée scolaire, Léon s’était mis à signer pour se faire comprendre des autres copains », explique-t-elle. L’orthophoniste confirme ce que cette maman a vécu. « L’enfant souffre de son incapacité à se faire comprendre par les autres, ce qui affecte l’estime de soi et sa confiance en lui. Or, c’est à cet âge-là qu’il construit sa personnalité et sa confiance intérieure », précise-t-elle. Quand un enfant a un trouble auditif, cela va obligatoirement induire un retard de langage. « L’ORL nous a expliqué que c’était comme s’il entendait le début mais pas la fin du mot », détaille la maman de Léon.

Que faire pour aider l’enfant qui parle mal ?

Les spécialistes précisent d’ailleurs que quand le langage va mal, l’enfant est inintelligible. Il développe d’ailleurs très souvent des troubles du comportement du fait de ne pas être compris par les autres. « Léon frappait, tapait ses copains de classe, il n’arrivait pas à se faire correctement comprendre. Son instituteur à l’époque a très bien réagi. Il a utilisé la langue des signes avec Léon », indique Ségolène, la maman. 

D’autre part, l’ORL lui conseille deux opérations : enlever les végétations et poser des yoyos dans les oreilles. « Après les interventions chirurgicales, tout est rentré dans l’ordre, progressivement. Léon a commencé à faire des phrases, ses demandes sont devenues plus compréhensibles, l’institutrice nous a également confirmé ses progrès », explique Ségolène. « Il faut que les parents continuent à parler à leur enfant, même si celui-ci n’est pas encore dans le langage. Jouer, parler, lire, il faut qu’il soit dans un bain linguistique permanent », conseille l’orthophoniste. Elle pense aussi qu’il ne faut pas obliger l’enfant à répéter chaque mot. « Si l’enfant fait des erreurs, l’adulte peut reformuler et leur petit répétera, spontanément ou pas, ce qu’il a entendu. Il ne faut pas le forcer. Les parents doivent rester dans une relation de plaisir et de complicité avec leur bambin », indique-t-elle. « J’ai beaucoup utilisé le chant et la musique à la maison pour faire entendre et répéter à Léon les différents mots », raconte la maman. C’est exactement ce qu’il faut faire, préconise l’orthophoniste.

Apprentissage du langage : le problème de la tétine, ou sucette

Caroline Bouilhol soulève une autre cause possible de retard de langage qui disparaîtrait assez vite. L’enfant qui garderait une tétine ne prononcerait pas correctement les mots. « L’enfant place la langue en position basse quand il parle avec une tétine dans la bouche, ce qui ne lui permet pas d’articuler correctement les mots. Il serait préférable de limiter l'usage de la tétine aux moments de sommeil, vers 12 mois, pour s'orienter vers une suppression aux alentours de 2 ans, afin de permettre à l'enfant de limiter les obstacles sur le long chemin du développement du langage », détaille-t-elle.

Ne pas hésiter à consulter une orthophoniste

Que ce soit la maman de Léon ou Caroline Bouilhol, elles conseillent aux parents qui s’interrogent de consulter un spécialiste au moindre doute, et ce, dès le plus jeune âge de l’enfant. « Les parents hésitent souvent, laissent traîner les choses, un, voire deux ans, le temps de prendre conscience que leur enfant n’arrive pas à parler correctement à 4/5 ans. Le mieux est de consulter une orthophoniste le plus tôt possible. Elle saura faire un diagnostic rapidement et donnera des conseils pour accompagner au mieux les parents au quotidien tout en mettant en place une rééducation en parallèle », explique la spécialiste. Même son de cloche pour la maman qui témoigne : « Je conseille aux parents de ne pas écouter leur entourage et d’aller consulter une orthophoniste dans les plus brefs délais. Je suis allée voir deux ORL pour faire des tests auditifs à mon fils et je ne le regrette pas. Au final, après les opérations chirurgicales, Léon entendait correctement et pouvait enfin progresser à son rythme », conclut Ségolène, la mère de Léon.

Sujets associés