Mon enfant est jaloux : peut-on éviter la jalousie ?

Publié par Barbara Benattasse  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

Des enfants jaloux les uns des autres, c'est la hantise des parents. Voilà pourtant un sentiment naturel qui contribue à la construction de leur identité. Nos conseils pour faire en sorte qu'il ne dégénère pas en conflits incessants.

La jalousie chez l'enfant peut être difficile à comprendre. Il faut réussir à décoder les émotions de son enfant pour désamorcer ses crises de colères.

Quelles sont les raisons de la jalousie d'un enfant ?

À chaque fois que la famille s'agrandit avec un nouveau bébé, c'est la même interrogation : comment va réagir l'aîné vis-à-vis de ce bébé qui vient lui voler la vedette ? Et ensuite le cadet qui, en grandissant, envie les droits et prérogatives du grand ? Pourtant, la jalousie est un sentiment qu'on n'efface pas d'un coup de baguette magique. On est jaloux parce que l'on aime et que l'on a peur de perdre cet amour au profit d'un autre. Les enfants jaloux s'interrogent simplement sur leur place dans la famille : ai-je toujours la même place dans le cœur de mes parents ? Ne préfèrent-ils pas mon frère ou ma sœur, si mignon, si brillant dans certains domaines ? Ce sont ces questions, et surtout les réponses qu'elles vont engendrer qui vont permettre à votre enfant d'affirmer sa différence et de revendiquer sa place, à condition qu'il puisse parler de sa jalousie. Or dans de nombreuses familles, on considère qu'être jaloux, c'est « mal ». Du coup, l'enfant jaloux se sent coupable. Alors qu'il vaut mieux l'encourager à dire ce qui le tracasse et poser les limites d'une rivalité dans la fratrie qui ne doit pas déboucher sur une guerre des tranchées en famille.

Aidez votre enfant jaloux à comprendre ses sentiments
Ressentir de la jalousie pour son frère, sa sœur... est perturbant pour un enfant, il peut se sentir coupable. À vous de dédramatiser les choses en lui expliquant qu'il ne faut pas avoir peur de ce sentiment. Il est important d'isoler les actes, évitez de dire "Tu es un jaloux" mais dites plutôt "Tu es jaloux de ton frère parce qu'il a eu un camion de pompier et c'est normal".
Il faut l'aidez à exprimer ses sentiments. Ce n'est pas grave d'en parler, bien au contraire, il est important de dire ce qu'il a sur le cœur.

Jalousie : ne culpabilisez pas votre enfant
Évitez les "C'est pas beau d'être jaloux" ou "Que tu es jaloux !"... qui ont tout pour le culpabiliser davantage. Dites-lui plutôt que vous comprenez sa jalousie "mais que dans la vie, l'égalité n'existe pas. Il y a toujours quelqu'un qui a plus que toi, mais aussi quelqu'un qui en a moins." Attention à ne pas tomber dans l'excès inverse en disant "il y a des enfants qui n'ont rien, alors ne te plains pas !", cela va le culpabiliser et il risque de ne plus oser exprimer ses sentiments. Optez pour la juste mesure : une attitude d'ouverture sans être moralisateur (un exercice périlleux, mais que vous maîtriserez rapidement !).
Il est préférable de ne pas parler de sa jalousie à d'autres personnes en sa présence. Ses sentiments font partie de sa vie intime et une réunion de famille n'est franchement pas le lieu idéal pour dévoiler un ressenti aussi difficile et culpabilisant !

La jalousie a des côtés positifs (si, si les psys l'assurent !). "Être jaloux est tout à fait naturel et même inévitable. L'essentiel : ne pas se laisser "dévorer" et arriver à vivre avec ce sentiment. Dans ces conditions, la jalousie aide à grandir, à se structurer, à développer ses rapports avec les autres..."

 

Comment réagir face à un enfant jaloux ? Que faire contre ses colères ?

Acceptez les différences entre vos enfants

Ne vous acharnez pas à leur expliquer qu'il n'y a aucune différence entre eux et que vous les aimez « exactement pareil ». Ne cherchez pas non plus à donner la même chose à chacun : c'est impossible, car ils n'ont pas les mêmes besoins et vous ne ferez qu'attiser leur rivalité. Au contraire, montrez-leur qu'en vous occupant d'eux différemment et en leur achetant des choses différentes, vous reconnaissez en chacun un être unique.

Individualisez vos enfants

Évitez de comparer leur physique, leur comportement ou leurs performances. On bannit les : « Tu es le portait de ta mère, tu es le digne fils de ton père », etc., autant de petites phrases qui les « cataloguent » et les privent de tout un pan de leur personnalité. Et on souligne plutôt de façon positive leurs points forts : « Toi, Mathieu, tu adores dessiner et tu dessines très bien. Toi, Thomas, tu fais de superbes constructions en Lego ». Plutôt que de les prendre toujours en groupe, essayez autant que possible de leur ménager des espaces d'expression individuels : réservez régulièrement à chacun un moment en tête à tête avec un parent. Évitez de les inscrire aux mêmes activités. Organisez-leur des vacances l'un sans l'autre : au cours de cette trêve, ils s'apercevront qu'ils se manquent !

Aidez-le à prendre sa place au sein de la famille

En plus, vos enfants apprécieront de passer du temps en tête-à-tête avec papa ou maman sans le petit (ou le grand) frère ! Bien sûr, pas question d'arrêter les activités en famille. Autre moment délicat à gérer : les anniversaires. Ils sont souvent synonymes de frustration pour l'enfant qui n'est pas à l'honneur. Du coup, vous êtes tentés de compenser cette frustration en offrant à tous des cadeaux. "Mais l'anniversaire est une étape fondamentale pour grandir et doit rester une fête pour celui qui souffle ses bougies, affirme la spécialiste. Offrir des cadeaux à tous les enfants gâche le plaisir de celui qui fête son anniversaire. Il est préférable d'apprendre à chacun à attendre son tour et à différer la réalisation de ses désirs."

À vous maintenant de faire "monter la sauce". Avec une grande dose de patience (par moment, la jalousie de vos enfants met vos nerfs à rude épreuve, courage !), une bonne louche d'amour et quelques grammes de dialogue, vous viendrez à bout des crises de jalousie !

Jalousie entre frère et sœur : autorisez vos enfants à se détester

Autorisez-les à se détester : et conflits, une fois exprimés, sont à moitié désamorcés. S'ils se sentent libres de leurs sentiments, ils s'apprécieront mieux. Ne stigmatisez pas toujours le même enfant, ne demandez pas non plus au plus grand de montrer l'exemple. Ce n'est pas parce qu'il est l'aîné qu'il doit être irréprochable. N'intervenez pas systématiquement dans leurs conflits mais laissez-leur la possibilité de les régler eux-mêmes, ce qu'ils font généralement plus vite que vous ne l'auriez cru. S'ils en viennent aux mains et que vous devez intervenir, ne jouez pas les arbitres, mais punissez-les tous les deux pour s'être battus, cela ne peut que renforcer leur sens de la solidarité.

Donnez-lui confiance... en ses qualités et en ses capacités

Justine (la meilleure amie de votre fille) reste souvent avec Sacha (la nouvelle de la classe), ce qui a de quoi énerver sacrément votre petite fille. A vous de lui expliquer que cela ne veut pas dire pour autant qu'elle n'est pas intéressante ou qu'elle est moins drôle... Apprenez-lui que les amitiés évoluent et qu'il est possible d'apprécier plusieurs personnes à la fois.

Son copain a eu une meilleure note que lui au contrôle de maths, du coup votre enfant est vert de jalousie. Calmez le jeu, ce n'est pas un drame, on ne peut pas être toujours le meilleur. Mettez en avant ses propres capacités "toi, tu réussis mieux en français..." A éviter pour ne pas rajouter de l'huile sur le brasier de la jalousie : les phrases du style "Prends exemple sur ta sœur, elle mange mieux que toi, ou sur ton cousin, il travaille mieux à l'école..."

Rassurez-le sur votre amour

Aïe, depuis la naissance du petit dernier, Théo a changé d'avis, il n'est plus si content d'avoir un frère. L'autre jour, il vous a même demandé si vous pouviez le "rendre". Votre enfant a tout simplement besoin d'être rassuré sur votre amour pour lui. Expliquez-lui qu'il a maintenant un petit frère, mais que vous l'aimez toujours autant. L'amour d'une maman et d'un papa ne se divise pas, il se multiplie ! 

À lire :
"Mon enfant me dévore", Lyliane Nemet-Pier, Ed. Albin Michel

Les livres pour enfants qui parlent aussi de  jalousie...
"Je veux ma photo dans le journal", Gérard Moncomble et Gilles-Marie Baur, Ed. Milan poche
"Le seul roi, c'est moi", René Gouichoux et Laurent Richard, Ed. Castor Benjamin
"Moi, j'attends un bébé", Didier Dufresne et Jérôme Ruillier, Ed. Milan poche
"Fanny veut être grande", Kochka et Philippe Diemunsch, Ed. Père Castor Flammarion

 

 

 

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il y a 2 mois
Une exposition aux écrans avant 3 ans aura un impact sur la santé de l'enfant. Elle entrave le développement cognitif et moteur de l'enfant, voire mêm...
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11 points
Non
il y a 2 mois
Encore un peu moins de Liberté! Encore une façon de nous dire comment penser, ce qui est bien ou pas pour nos enfants,par contre interdire les pestici...
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