Apprendre à son enfant à se repérer dans le temps

Publié par Florence Kennel  |  Mis à jour le

Le temps, une notion difficile à acquérir

L’enfant acquiert une conception de l’espace du fait même qu’il se déplace… et ainsi ses perceptions le préparent à admettre que le monde continue derrière la vitre. Mais la notion de temps, elle, ne peut pas s’appréhender aussi concrètement, et elle prend donc beaucoup plus de temps à se construire. Car le tout-petit évolue dans un monde immédiat, du « tout, tout de suite », dans une suite de tableaux liés à des actions, comme prendre son bain, manger… Ce n’est que vers 5 ans qu’il va commencer à comprendre la notion du temps qui passe indépendamment de lui. Mais sur ce sujet, plus que tout autre, il faut admettre de grandes différences d’un enfant à un autre.

Les étapes de la compréhension du temps

L’enfant commence par prendre des repères dans la journée ; puis dans la semaine, puis dans l’année (autour de 4 ans). Ensuite, il apprend le nom des jours, des mois, des saisons. Vient alors la familiarisation avec le calendrier, vers 5-6 ans. Puis l’expression du temps, avec les mots qui vont avec (« autrefois, demain »). Enfin, à l’âge de raison, vers les 7 ans, on peut demander à l’enfant d’élaborer et de manipuler un document abstrait comme un calendrier ou un emploi du temps. Mais il n’est pas rare qu’à 6 ans un enfant sache se servir d’un calendrier, tandis qu’un autre sera incapable de réciter dans l’ordre les jours de la semaine.

Le temps qu’il fait…

Le temps qu’il fait, c’est bien la première approche sensorielle qu’expérimente le tout-petit à l’égard de la notion de temps : « Il pleut, donc je mets mes bottes, et c’est normal parce que c’est l’hiver ». Or, à 5 ans, bien des enfants ont pourtant encore du mal à intégrer les saisons. Certains points de repère peuvent les y aider : l’automne, c’est la saison de la rentrée, des pommes, des champignons, du raisin… Rien n’empêche de consacrer un petit tableau aux trouvailles de la saison, façon scrapbooking : aimanter des feuilles mortes, reproduire leur contour, dessiner un champignon, coller une photo de l’enfant chaudement habillé, une recette de crêpes, puis renouveler le tableau à chaque changement de saison. Ainsi l’enfant construit la notion de cycles.

Le temps qui passe…

Cette notion-là est plus difficile à élaborer. Aussi faut-il s’appuyer sur le vécu : « Ce matin, quand on est partis à l’école, il faisait encore nuit », est une bonne façon de remarquer que les journées raccourcissent en hiver. « Sur cette photo, c’est ta mamie, quand elle était bébé » est une excellente prise de conscience du temps qui passe. On peut aussi s’appuyer sur un tableau sur lequel on place, chaque jour, un symbole météo (ce qui amène à faire formuler qu’hier il faisait beau, et qu’aujourd’hui il pleut). Il en existe de jolis dans le commerce, en tissu, qui reprennent en fait une activité rituelle bien connue de la maternelle : attention à ne pas transformer cette petite activité en révision de ce que l’enfant est censé avoir retenu de son rituel de classe… On peut en revanche sans risque construire un calendrier de l’Avent, puisque l’école laïque se garde bien d’insister sur la fête de Noël dans son approche biblique (à savoir la naissance de Jésus).

Apprendre à lire l’heure

Ne mettez pas la pression à votre enfant. Tous ces dispositifs éducatifs se construisent sur le long terme ; il faut accepter que l’enfant ne comprenne pas puis que cela se débloque d’un coup : au CE1, il y a ceux qui lisent l’heure couramment… et ceux qui n’y arrivent toujours pas en milieu de CE2. Mais rien n’empêche de donner un petit coup de pouce avec une horloge mettant bien en valeur les différences entre aiguilles (le mieux est d’en avoir de deux couleurs, car la notion de “plus petit” et “moins grand que” est parfois également en construction) et sans ambiguïté quant aux emplacements des chiffres. Cela peut être aussi l’occasion de ressortir la bonne vieille pendule à coucou, qui présente l’inestimable intérêt de faire manipuler concrètement le temps qui passe, en montrant que les poids représentent les heures passées. A l’inverse, évitez de lui offrir une montre digitale…

Préparer un moment difficile à vivre

Les tout-petits vivent dans l’immédiat : inutile de les avertir des jours à l’avance d’un événement pénible. Quand l’événement arrive, fournir à l’enfant des outils pour en mesurer la durée adoucira sa peine. Les bâtons cochés sur les murs de la cellule du prisonnier jouent exactement ce rôle ! On peut donc investir dans un calendrier mural, et y dessiner les symboles des moments forts de l’année : les anniversaires, les fêtes, Noël, Mardi-Gras. Puis dessiner le symbole du départ et du retour de l’adulte absent, et ensuite faire cocher et compter les jours (à partir de 4-5 ans). Ou bien prévoir x grosses perles en bois, correspondant aux x jours d’absence prévue, et dire à l’enfant : « Chaque jour on enfilera une perle et quand le collier sera fini, papa reviendra » (à partir de 2-3 ans). En revanche, si l’absence est amenée à durer plus que quelques semaines, il est probable que le petit ne pourra pas la conceptualiser, et ces astuces risquent de se heurter à ce manque de maturité.

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