Mon fils est né très prématuré

Publié par Gisèle Ginsberg  |  Mis à jour le

Né à 32 semaines, Lucas pesait 1,480 kg pour 38 cm. Il est resté deux mois à l’hôpital avant que ses parents puissent le ramener à la maison. A 5 ans aujourd’hui, il a largement rattrapé son retard de naissance.

Né grand prématuré, mon petit garçon est aujourd'hui en pleine forme

Dès mon sixième mois de grossesse, j’ai commencé à avoir des contractions et le médecin m’a demandé de rester allongée le plus possible. Cela n’a pas été évident, mais j’ai fait ce qu’il me demandait. Et puis, un soir, vers 19 heures, je me suis mise à avoir des contractions assez fortes et régulières, et j’ai perdu les eaux. A partir de ce moment, ce fut le branle-bas de combat pour partir à l’hôpital. Heureusement, mon mari était à la maison et il m’a emmenée très rapidement à la maternité. Je mourais de peur d’accoucher dans la voiture !
Pour plus de sécurité, on m’a fait une césarienne. Une fois que mon bébé est né, la sage-femme m’a dit : « Il est tout petit, on l’emmène immédiatement en soins intensifs. » Elle me l’a montré de loin et, avec mon époux, nous nous sommes retrouvés seuls. J’étais complètement impuissante et paniquée à l’idée qu’il arrive quelque chose à mon enfant. Nous avons dû attendre un long moment avant que l’on sache ce qui se passait. Finalement, un médecin est venu nous dire que notre bébé était né vraiment petit, avec un faible poids et qu’il avait besoin de soins.

J’ai cru que mon cœur allait s’arrêter. Je n’osais pas demander quel était le pronostic vital. Heureusement, il a anticipé ma question en nous disant que notre bébé n’était pas en danger, mais qu’il fallait rester très vigilant. J’ai pu voir mon petit Lucas dès le lendemain. Il était dans le service de soins intensifs car il ne respirait pas bien tout seul. J’avais peur de m’approcher de la couveuse car je savais qu’il serait bardé d’un tas de tuyaux. Je me suis avancée tout doucement et j’ai vraiment vu mon petit bonhomme pour la première fois. J’ai bien sûr aperçu la “tuyauterie” qui envahissait son corps mais, tout de suite, je l’ai trouvé très beau… Pourtant, il était minuscule, les yeux fermés. J’étais très émue en voyant bouger très légèrement ses toutes petites mains. Une infirmière nous a dit que nous pouvions passer une main et lui caresser la peau. J’avais très peur de le toucher de crainte de lui faire mal, mais mon mari m’a pris par les épaules et, très tendrement, m’a incitée à le faire. J’ai avancé une main jusqu’à toucher une des siennes et j’ai trouvé mon fils tout doux. J’ai alors passé un long moment à le caresser et à lui dire des mots d’amour. Il avait plusieurs perfusions et plein d’autres choses. Mais cela ne comptait plus pour moi depuis que le contact s’était fait avec mon bébé.

Ensuite, il a fallu le quitter et ça m’a déchiré le cœur. Je n’ai pas beaucoup dormi la nuit suivante. Le lendemain, dès que j’ai pu, je suis allée voir à nouveau mon petit garçon. Plus que la veille, je l’ai trouvé si petit, perdu dans sa couveuse. Une machine bipait sans cesse et cela me stressait énormément. J’étais incapable de quitter des yeux mon bébé, mais je ne parvenais pas à faire abstraction des sondes et des tuyaux qui le reliaient à la vie. Cela me faisait mal pour lui. Les infirmières avaient beau m’expliquer qu’il ne souffrait pas, j’avais des difficultés à les croire. Au bout de quelques jours, le personnel soignant m’a proposé de prendre mon petit contre moi, pour un “peau à peau”. Mais je craignais de le faire tomber, car je ressentais des douleurs avec la cicatrice de la césarienne. Heureusement, mon mari, une fois de plus, m’a encouragée et donnée confiance. Lorsque mon bébé s’est recroquevillé contre moi, ce fut un moment plein d’émotion. J’en ai eu les larmes aux yeux… Tous les jours, je le prenais contre mon cœur et j’avais la sensation que plus rien n’existait au monde… Cependant, une alerte m’a fait peur : mon bébé a souffert d’une infection, et là, je n’avais plus le droit de le sortir de sa couveuse. Cela a duré quelques jours et j’ai passé mon temps à pleurer ! Puis tout est rentré dans l’ordre. Peu à peu, il a repris des forces et a pu respirer tout seul. Je n’avais qu’une hâte, l’emmener avec moi à la maison.

Le grand jour est enfin arrivé. Après un peu moins de deux mois d’hospitalisation, Lucas a pu sortir. Même s’il était encore petit, il s’alimentait bien, toutes ses fonctions vitales étaient intactes et il n’y avait plus qu’à attendre qu’il rattrape son retard. Les premiers temps, à la maison, je ne pouvais m’empêcher de le couver : je me levais plusieurs fois la nuit pour voir s’il respirait bien, s’il avait un petit rhume je me précipitais chez le médecin… Il a marché à 16 mois, ce qui n’est pas si mal. J’ai été si fière de lui quand il a fait ses premiers pas  ! Les médecins de la maternité m’avaient prévenue qu’il aurait sans doute un retard de croissance, mais qu’il le comblerait avec le temps. A 2 ans environ, ce fut fait, à mon grand soulagement. Aujourd’hui, il adore aller à l’école, est très sociable et a plein de copains. La seule séquelle, si l’on peut dire, c’est sa maladresse quand il court ou joue à des jeux de ballon. Mais il voit un psychomotricien pour qu’il soit plus à l’aise dans son corps. Tout cela fut une grande et belle aventure, qui heureusement, s’est bien terminée. Aujourd’hui, du haut de ses 5 ans, personne ne peut deviner qu’il est né si petit. Il est même plutôt costaud pour son âge ! Mon mari et moi, on se demande si on ne va pas en mettre un petit deuxième en route. Lucas sera un formidable grand frère, j’en suis sûre…
PROPOS RECUEILLIS PAR GISÈLE GINSBERG

En vidéo : Interview de Carole Hervé, consultante en lactation : “Est-ce que mon bébé reçoit assez de lait ?”

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