Nos 12 conseils pour surmonter les obstacles dans une famille recomposée

Publié par Catherine Marchi, psychologue et coach  |  Mis à jour le par Marion BellalVirginie Meggle, psychanalyste et autrice de “Frères, sœurs. Guérir de ses blessures d’enfance”, éd. Leduc.s.

On a tous à l’esprit la vie difficile de Cendrillon harcelée par sa terrible belle-mère et ses méchantes demi-sœurs… Heureusement, dans la vraie vie, il est possible que chacun s’épanouisse dans sa nouvelle tribu ! Nos 12 conseils pour surmonter les obstacles et réussir à trouver un équilibre avec une famille recomposée.

Avec Virginie Meggle, psychanalyste et autrice de Frères, sœurs. Guérir de ses blessures d’enfance.

Les familles recomposées, c’est toujours un défi à gérer, surtout au début ! Comment éviter les conflits dans la famille ? Comment faire en sorte que chacun trouve sa place ? Comment préserver les moments en tête à tête ? On vous propose 12 conseils pour s’en sortir !

1. Pour réussir sa famille recomposée, on cesse de croire que l’amour efface tous les obstacles

Un des leurres les plus dangereux pour ceux qui relèvent le défi de fonder une famille recomposée, c’est cette croyance que l’amour, par sa seule puissance, va abattre toutes les difficultés. Ce n’est pas parce qu’on aime follement un homme ou une femme, qu’on va aimer ses enfants ! Il est tout à fait concevable de ne pas aimer les enfants de votre compagnon ou de votre compagne comme vous aimez les vôtres. Cela ne vous empêche pas d’être attentive, de les traiter avec respect et de nouer avec eux une relation positive. C’est aussi valable du côté des beaux-enfants. On ne se force pas à l’amour : s’il est là, c’est formidable, mais ce n’est pas la fin du monde si ce n’est pas le cas. N’obligez pas votre enfant à aimer votre nouveau compagnon ou votre nouvelle compagne.

« Quand on retombe amoureux, on veut vivre avec le nouvel élu la relation idéale qu’on n’a pas réussi la fois précédente. Et on veut que tout le monde nous aide à réussir notre nouvelle famille, au risque d’exercer sur ses propres enfants une injonction inconsciente, et pas forcément exprimée, d’aimer son beau-parent. Mais l’enfant n’a pas la même histoire, il n’est pas dans cette love story », souligne Virginie Megglé.

2. Comment vivre ensemble ? En renonçant à la famille idéale

Autre leurre redoutable, celui de vouloir à tout prix que tout se passe bien. Les enfants s’adorent, ils adorent leur beau-père ou leur belle-mère, ses enfants vous adorent, c’est foooormidable ! Mais derrière ces apparences trompeuses se cache une réalité moins glamour. Chacun s’efforce de maintenir une image extérieure positive et souffre à l’intérieur. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de conflits ouverts que ça roule et que tout le monde est cool. Le conflit fait partie de toute relation humaine saine. Quand il éclate, c’est bon signe. Bien sûr, c’est pénible à vivre, mais c’est positif, car les choses sont dites et extériorisées. Quand il n’éclate jamais, chacun va intérioriser ses griefs, sa rancœur, et s’isoler.

3. Comment gérer une famille recomposée ? On ne fait pas tout ensemble !

Dans la publicité à la télé, les membres de la famille ne se quittent pas de la journée… Mais ça, c’est une pub ! Dans la vraie vie, les sorties groupées ne doivent pas devenir obligatoires, dans le seul but de vous rassurer sur la solidité de votre nouvelle famille. Chacun a ses envies, chacun a le droit d’avoir parfois une relation privilégiée en duo avec son parent ou avec son amoureux. Chacun a aussi besoin de passer un peu de temps seul.

Famille recomposée : galère sa belle-mère !

4. Comment faire fonctionner une famille recomposée ? En laissant à chacun le temps de s’apprivoiser

Les enfants ont besoin d’un temps d’observation pour s’adapter à leur nouvelle vie. Inutile de les bousculer, si les vôtres constatent que leur beau-parent est un facteur de stabilité, si la nouvelle famille apporte un équilibre, de la joie de vivre, de la sécurité dans la maison, leur regard deviendra positif. Même chose pour vous et votre nouveau conjoint ou votre nouvelle conjointe. On aime rarement ses beaux-enfants dès les premiers instants, on les apprécie avec le temps. Ça peut prendre des mois, voire des années. Inutile de vous forcer : si votre attitude est feinte, tout le monde le percevra.

5. On se met d’accord sur l’exercice de l’autorité

Une famille qui se recompose, ce sont deux systèmes de valeurs, d’habitudes, de pratiques éducatives qui se télescopent. Pour l’un, c’est coucher à 20 heures obligatoire, pour l’autre, c’est "pas de sucreries, ni de sodas" ! Ces différences sont parfois vécues par les enfants comme des injustices, surtout si les règles de vie sont à l’opposé chez l’autre parent. Le dialogue est la clé de la réussite, la coparentalité est un choix qui s’appuie sur des règles et des attributions précises. Exprimez ce que vous attendez de votre nouveau compagnon ou votre nouvelle compagne et demandez-lui ce qu’il attend de vous. Vous éviterez bien des querelles en posant d’emblée des limites concrètes à ce que chacun accepte de faire et à ce qu’il ne veut absolument pas faire.

Une fois que vous êtes d’accord, parlez à vos enfants respectifs, par exemple, en disant : « Ma nouvelle conjointe est une adulte, et parce qu’elle est ma compagne et qu’elle va vivre avec nous, elle a le droit de te dire ce que tu dois faire dans cette maison. Ici, il y a des règles et elles sont aussi valables pour toi. Je t’aime, mais je serai toujours d’accord avec elle, car nous en avons discuté ensemble. » Et inversement !

6. Difficultés de la famille recomposée : on tient compte de la fragilité psychologique des enfants

Tout enfant confronté à la séparation de ses parents est fragilisé, déstabilisé. Cela doit être pris en compte. Virginie Megglé souligne : « On porte tous en nous un rêve d’amour éternel et on désire tous que nos parents restent ensemble, comme dans les contes de fées. Voir ses parents se séparer est une grande douleur, l’enfant se sent abandonné, il pense souvent qu’il n’est pas assez bien pour qu’ils restent ensemble. Quand un de ses parents refait sa vie et se remarie, il se sent abandonné une deuxième fois. »

Même si c’est dur à supporter, il faut bien comprendre que l’agressivité d’un enfant voyant débarquer dans sa vie une nouvelle femme ou un nouvel homme est naturelle : il réagit à la situation qui le stresse. L’enfant se sent en insécurité, il craint de perdre l’amour de son parent, il pense que celui-ci va moins l’aimer. Voilà pourquoi il est essentiel de le rassurer et de le sécuriser en lui réaffirmant à quel point il compte, en lui disant avec des mots simples que l’amour parental existe pour toujours, quoi qu’il arrive, même si son papa et sa maman se sont séparés, même s’ils ont chacun un nouveau conjoint dans leur vie.

7. On ne se focalise pas seulement sur son nouveau couple

On est souvent un peu égoïste, dans sa bulle, quand on est amoureux. Pour ne pas braquer vos enfants, ni les siens, évitez les démonstrations amoureuses devant eux (avant, c’est leur papa que leur maman embrassait), qui peuvent les choquer. De toute façon, ils n’ont pas à être impliqués dans la sexualité des adultes : ça ne les regarde pas. Même si vous voyez la vie en rose dans les bras de votre nouveau chéri ou votre nouvelle chérie, n’oubliez pas d’être disponible pour vos enfants.

Et même s’ils vivent au quotidien avec leur beau-père ou leur belle-mère, ne rayez pas leur père ou leur mère biologique du paysage, continuez à assumer vos responsabilités parentales ensemble. Les critiques au sujet du parent biologique sont très perturbantes pour l’enfant, car dévaloriser les adultes qui les construisent, c’est dévaloriser une partie de lui-même. Pris dans un conflit de loyauté, il risque de s’interdire une relation avec son beau-père ou sa belle-mère, par crainte de trahir son parent absent.

8. On écoute les plaintes de l’enfant “en intérim”

Il est difficile pour l’enfant qui vient chez son parent le week-end de voir celui-ci s’occuper à temps plein des enfants d’un autre… Même si vous faites tout pour qu’il ne se sente pas “simple visiteur”, la jalousie est inévitable. Les conflits liés à la jalousie sont constitutifs de la fratrie et de l’humanité. C’est connu, c’est banal, mais c’est toujours difficile à vivre pour ceux qui s’y trouvent confrontés.

On n’aime pas que les enfants se plaignent, mais il est important d’accuser réception de leur plainte pour qu’ils se sentent entendus. Inutile de dire « Je t’aime autant, même si tu n’es là qu’un week-end sur deux ! » Il sait bien que ce n’est pas pareil que pour ceux qui sont là en continu. Il sait que la relation est différente, hachée, qu’il lui manque le quotidien. Pour l’aider à ne pas se sentir moins aimé que les autres, il est important qu’il partage des moments privilégiés avec son parent, en tête-à-tête, rien que pour lui. Ces moments singuliers, il les remportera comme des trésors dans l’autre maison.

9. On explique clairement la place et le rôle du beau-parent

Pour se structurer, un enfant a besoin de comprendre le statut des adultes qui s’occupent de lui. De même qu’un père n’est ni un copain, ni un égal, un beau-père a un rôle éducatif et des responsabilités et des droits vis-à-vis de ses beaux-enfants, sans pour autant se substituer au père. C’est à vous de clarifier les choses, d’aider votre nouveau compagnon à prendre sa place dans la famille. Évidemment, l’appellation “papa” n’est pas souhaitable, surtout si le vrai papa participe à l’éducation de l’enfant. En général, un beau-père se fait appeler par son prénom ou, parfois, par un surnom. Idem pour les belles-mamans !

Les règles concernant la vie commune, l’organisation de la maison, doivent être énoncées clairement et respectées par tous, même si les enfants ne partagent le même toit que le week-end et les vacances. Si des désaccords, inévitables, surgissent entre vous et votre nouveau conjoint ou votre nouvelle conjointe, parlez-en ensemble en tête-à-tête, jamais devant les enfants.

10. Jalousie, colère… On gère les disputes entre ses enfants et les siens

Vous auriez aimé les voir jouer ensemble, mais ils se disputent beaucoup ? Certes, les affinités ne se commandent pas et les conflits dans les fratries (recomposées ou pas) sont inévitables, mais il convient d’être vigilant et de réguler les relations. Les affinités circulent, les alliances bougent dans une fratrie, rien n’est fixé, laissez les enfants construire leurs relations, mais vérifiez qu’aucun ne soit mis à l’écart. Si c’est toujours le même qui est exclu des jeux, le grand ou le petit qui est laissé-pour-compte systématiquement, intervenez. Car ne rien dire, c’est consentir.

N’entérinez pas des alliances du genre « Léa et Pauline s’entendent tellement bien toutes les deux ! Mais avec Arthur, c’est un vrai cauchemar ! », car vos commentaires vont renforcer le sentiment d’exclusion de l’un contre l’autre. Faites très attention à faire preuve de justice et d’équité, à ne pas punir moins votre enfant, que celui de l’autre, à ne pas lui accorder des privilèges, ni le favoriser. Faire de trop grandes différences est très néfaste pour votre propre petit. Les enfants sont en empathie : loin de se réjouir de son statut de privilégié, le vôtre sentira que c’est à cause de lui qu’on ne considère pas son quasi-frère ou sa quasi-sœur. Il va se sentir coupable et malheureux et cela risque d’affecter la relation qu’ils sont en train de construire.

11. Famille recomposée : on ne diabolise pas l’enfant de l’autre

Parfois, le courant ne passe pas du tout avec l’enfant de l’autre. Si c’est votre cas, il faut bien comprendre que c’est votre statut singulier de belle-mère, indépendamment de qui vous êtes, qui motive son hostilité. Ça se passerait de la même façon avec une autre femme. Dépersonnalisez les attaques, ne vous positionnez pas en ennemi d’un jeune enfant qui veut uniquement qu’on s’occupe de lui, qui exprime qu’il ne va pas bien et qui ne veut certainement pas détruire votre nouveau couple !

« Un enfant qui ne se sent pas aimé va développer une image très négative de lui-même. C’est à nous, adultes, de ne pas le laisser faire, de le rassurer, de le protéger et de ne surtout pas réagir en rival », insiste la spécialiste.

12. On gère ensemble l’arrivée d’un bébé de notre nouveau couple !

La naissance d’un enfant vient confirmer et donner chair à la nouvelle union. Chez les autres enfants, son arrivée réveille le manque de la famille originelle. Ils ont supporté tant bien que mal la séparation, ils ne pouvaient pas faire autrement, mais le nouveau-né qui crée l’union recrée la douleur de la séparation. Cette arrivée est un nouveau traumatisme, car elle réactive une jalousie première qui n’a pas toujours été exprimée. Ce bébé est gâté, il a ses deux parents tout le temps avec lui, c’est injuste !

Mais la crainte d’être délaissé pour le nouveau venu s’accompagne également d’un sentiment de sécurité, car cela soude la nouvelle famille. Pour des enfants fragilisés par l’éclatement d’une première famille et qui ont peur de revivre la situation, c’est très rassurant.

Oui
il y a 11 heures
Plus étendu si possible. Chacun​ ❗, doit être éduqué (​et pas seulement informé), en gardant à l'esprit l'objectif psychologique principal qui consis...
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36 points
Non
il y a 2 mois
Que l on cesse de rajouter ou creer des cours bidons et que l on donne les moyens aux enseignants d apprendre le français, les mathématiques, l histoi...
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