Les pères au foyer : trop peu nombreux

Publié par Gaëlle Guernalec-Levy  |  Mis à jour le par

A la recherche du père au foyer

Tapez « pères au foyer » dans Google et vous vous verrez prié de rectifier par « mères au foyer ». Même sur le Net, on ne remet pas impunément en cause l’ordre établi ! Ils sont tellement peu nombreux (ou supposés tel) les papas à temps complet, que les statistiques les concernant sont quasi inexistantes. En France, ils ne sont pas comptabilisés. Des chiffres sur le congé de paternité, on en a. Mais, faut-il le rappeler, ce congé est de 11 jours. C’est court comme pause dans une carrière. Reste le congé parental, qui peut aller jusqu’à 3 années. En 2004, ils étaient 238 pionniers à l’avoir pris, 262 en 2005, 287 (ça monte !) en 2006. Les hommes représentent chaque année 1,2 % des congés parentaux. Voir aussi notre fiche droit sur le congé parental.

Peu de statistiques sur l'homme au foyer

Cette absence de statistiques et d’enquête sociologique de grande ampleur a pour triste conséquence qu’il est impossible d’établir un profil du père au foyer et les raisons qui, au départ, motivent ce choix. Tous les hommes au chômage ne deviennent pas des fées du logis impliqués à 100 % dans la logistique familiale, cette situation n’est pas forcément un choix par défaut imposé par les circonstances de la vie. En témoigne Frédéric, père de deux enfants : « Lorsque j’ai envisagé d’arrêter mon activité artisanale pour m’occuper de mon fils, mon entreprise était au mieux de sa forme. » Bruno*, père au foyer depuis 8 ans, savait déjà à 17 ans qu’il voulait élever ses enfants, « comme l’avait fait ma mère ».

Père au foyer : les mentalités évoluent

Même quand le choix est pleinement assumé, voire revendiqué, les regards extérieurs n’en demeurent pas moins difficiles à vivre. A Frédéric, on a dit : « Alors, comme ça, c’est toi qui fais la femme ? » Bruno, lui, a fait face à l’incompréhension de son entourage : « D’accord, tu vas rester au foyer mais sinon tu cherches un travail ? » Il estime cependant que les mentalités évoluent assez vite. « Les médias y ont contribué. Nous passons moins pour des hurluberlus. »

Parole d’un père au foyer

Bruno, 35 ans, papa de Leïla, Emma et Sarah, à la maison depuis 8 ans.
« J’ai toujours su que le métro-boulot-dodo, ce n’était pas mon truc. J’ai un diplôme d’aide-soignant et une licence d’histoire. Ce n’est pas le chômage qui m’a poussé à m’occuper de mes enfants mais un choix de vie. Ma femme est infirmière urgentiste, passionnée par son travail, voire carriériste ! Moi, j’aime m’occuper de mes filles, cuisiner. Je ne fais pas tout à la maison, nous partageons les tâches. Et j’ai une vie à l’extérieur, de nombreuses activités, sinon, je ne tiendrai pas. Du coup, mon emploi du temps est vraiment chargé. Nous avons dû expliquer très récemment à nos filles incrédules que oui, parfois, les pères travaillent. Et qu’il arrive même que les deux parents aient un métier. »
*Anime le site « pereaufoyer.com »