Le rôle central du père dans la construction de l’enfant

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le par

Quel est le rôle du père dans l’enfance ? Quelle est sa fonction dans le triangle qui se noue au début, entre lui, la mère et l’enfant ? Moussa Nabati, psychanalyste et co-auteur du livre « Le père, à quoi ça sert ? », aux éditions Dervy nous rappelle l’importance du rôle du père dans la construction de l’enfant, et ce, dès ses premières années de vie…

Le père, un rôle important pour l'enfant

Le père : le « tiers séparateur »

Dans son dernier ouvrage, Moussa Nabati, psychanalyste, revient sur la notion essentielle de père. Pour lui, la fonction la plus importante du père est celle de « tiers séparateur » dans le triangle « père, mère, enfant ». En effet, dès les premières années de vie de l’enfant, celui-ci est en fusion totale avec la mère, puisque c’est elle qui s’occupe en général le plus du bébé. Pour le psychanalyste, « le père différencie l’enfant de la mère, il introduit une distance entre la mère et l’enfant ». Autre rôle important selon Moussa Nabati : « il rend la mère féminine. La maternité et la féminité sont très liées. Une femme est une femme car elle aime un homme et celui-ci l’aime en retour ». Le père prend aussi toute son importance à la naissance de l’enfant quand il lui donne son nom. Moussa Nabati précise aussi que « la mère enfante l’enfant alors que le père ne peut le faire. Le fait de lui donner son patronyme est fondamental pour sa construction. Il sait ainsi d’où il vient ».

Un père qui a évolué

Dans un premier ouvrage sur le rôle du père datant de 1994, Moussa Nabati explique, qu’à l’époque, « j’ai eu besoin d’écrire sur la fonction du père car les médias avaient désacralisé la notion du « père » sur le plan sociologique et aussi du fait de l’évolution de la société et des mouvements féministes. Or, dans la pratique, en consultations, en tant que psychanalyste, je me rendais compte de l’importance du « père » pour la construction psychologique de tout individu ». Et aujourd’hui, ce nouveau livre fait écho à la notion du père, plus de 20 ans après. Moussa Nabati précise que « le père s’est adouci, il est devenu un papa poule, plus proche des valeurs féminines ». Par ailleurs selon le psychanalyste « il est plus difficile de devenir père que mère. Etre une maman c’est naturel. Pour le papa, tout va dépendre de son enfance, s’il a été lui-même « triangularisé » ». Aujourd’hui on parle beaucoup d’hyperparentalité, Moussa Nabati souligne que « ce sont des parents qui veulent être trop présents avec leurs enfants. En fait, ils veulent être aimés à tout prix ». Pour lui, cette demande est « trop investie, sans laisser d’espace au manque, nécessaire à tout individu pour se construire ».

Quand le père est absent dans l’enfance

Moussa Nabati explique aussi que si le père est absent dans les premières années de vie, « l’enfant est amputé d’une partie de son histoire. Certains enfants imaginent alors que si le père n’est pas là, c’est de leur faute. L’enfant se sent coupable, comme dépossédé de son enfance ». Autre conséquence pour Moussa Banati : « l’enfant va vivre en totale fusion avec la mère, et celle-ci, deviendra dépendante de l’amour de son petit ».

Croire en « un père nouveau, qui renaît actuellement de ses cendres. Il permettra de transformer la guerre des sexes en relation d’amour de partage et d’alliance », est certainement le message le plus important du livre.

Sujets associés