Quelles sont les spécificités de la relation entre une mère et son fils ?

Publié par Catherine Marchi, psychologue et coach  |  Mis à jour le par Marion Bellal

La relation mère et fils relève de l’inédit. Les rapports sont uniques et privilégiés au point, quelques fois, de tourner à l’obsession. Quelles erreurs ne faut-il pas commettre ? Quels sont les points à considérer pour préserver la relation ? Nos conseils.

« Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’Amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais »… Et voici que Romain Gary, dans La Promesse de l’Aube, nous assure que l’amour que nous portons à notre garçon a placé la barre si haut qu’il ne sera jamais satisfait.

Rassurons-nous : ce n’est pas parce que les mots de l’écrivain sont bien beaux qu’ils sont paroles d’évangile ! Établir une relation saine avec son fils, l’aimer sans l’étouffer, trouver son équilibre, la bonne distance, c’est possible.

Quelle est la relation entre une mère et son fils ? Est-ce différent d’une relation entre une mère et sa fille ?

La relation mère-fils n’est pas si différente d’une relation mère-fille ! De la même façon, rien ne procède de l’intuition : devenir parent est un processus, qui nécessite un apprivoisement progressif. Mais quand il s’agit d’un petit garçon et que c’est notre premier enfant, on est souvent amenée, inconsciemment, à davantage le couver parce qu’on a la sensation qu’on ne sait pas tout, l’impression qu’on connaît moins bien son fonctionnement que si ça avait été une petite fille… Vrai ou pas, c’est peut-être le point d’ancrage d’une relation potentiellement « trop » fusionnelle.

Premièrement, rappelons qu’on n’aime jamais trop son enfant, fille ou garçon ! La définition du « trop » dans la relation se fait en fonction de notre ressenti : est-ce qu’on a l’impression qu’on n’a plus rien d’autre dans notre vie que notre enfant depuis sa naissance ? Est-ce qu’on se sent parfois étouffée ? Est-ce que notre relation de couple en pâtit (coucou le baby-clash) ? Pas de culpabilisation ! Rien n’est immuable et il est normal de tâtonner avant de trouver un équilibre au moment d’établir une relation avec ce petit être qui sort de nos chairs. Mais si on se sent en difficulté, on n’hésite pas à en parler avec un professionnel ou une professionnelle, sage-femme, psychologue…

Psychanalyse. C’est quoi une relation trop fusionnelle entre une mère et son fils ? Où est située la limite de l’amour maternelle toxique ?

« Complexe d’Œdipe » ou « Œdipe inversé » : les psychanalystes s’en donnent à cœur joie lorsqu’il est question d’analyser les relations des mères avant leurs enfants (en culpabilisant souvent les mamans au passage). Soufflons et remettons les choses en perspective : il est tout à fait sain que l’amour qu’on porte à nos enfants surpasse toutes les formes d’amour et il est fréquent qu’un enfant exprime son souhait de « se marier » avec son papa ou sa maman, poussé par sa volonté de ne jamais quitter son cocon familial et par l’image du mariage que toute la société lui présente comme un accomplissement et un idéal. Il n’y a là rien qui ne devrait amener à sexualiser de quelque façon que ce soit un enfant et sa relation avec sa mère ou avec son père.

Quant à définir quand la relation entre une maman et son garçon est trop fusionnelle, voire toxique, seul un psychologue ou un psychiatre pourra le faire. Si on perçoit un malaise dans la façon dont la relation avec notre enfant se développe, si on est inquiète des répercussions de cette relation sur notre entourage, notamment notre noyau familial, on n’hésite pas à en parler avec un spécialiste, afin de déculpabiliser, s’interroger efficacement et trouver notre équilibre.

Pourquoi un enfant, fils ou fille, s’éloigne de sa mère ? Pourquoi la relation peut-elle devenir conflictuelle et la mère être rejetée ?

Dès 2 ans, notre petit enfant cherche à s’échapper, loin devant, tout en nous regardant du coin de l’œil, pour vérifier qu’on est bien toujours là. On a beau avoir du mal à lui faire confiance, il faut comprendre sa volonté de grandir très vite… Et le lâcher un peu. Si les enfants ont tant besoin d’expérimenter, d’explorer de nouveaux territoires, c’est autant pour dépenser leur énergie que pour tester la prise de distance.

La question n’est alors pas tant de la relation mère-fils que d’accepter de voir son enfant grandir. Bien sûr, on ne dit pas que c’est facile de voir notre petit bébé réclamer au fil des âges de plus en plus de temps et d’espace seul pour lui. Mais gardons à l’esprit que lui transmettre la capacité à être indépendant est un très beau cadeau et que son élan de faire le grand est sain et ne signifie pas qu’il nous rejette.

Comment améliorer la relation avec le père quand elle est difficile ?

Le papa a rencontré des difficultés à établir le lien avec son enfant dès la naissance ou la relation s’est progressivement fragilisée ? Il n’est pas trop tard (même adolescent ou à l’âge adulte !) pour y remédier, si le père est prêt à trouver des solutions. Lorsque les difficultés sont grandes ou installées dans la durée, l’appui d’un psychologue peut aider à améliorer la relation entre le père et son fils ou sa fille. Restons dans tous les cas à l’écoute de notre enfant : s’il refuse d’entretenir une relation avec son père, une situation particulière doit l’expliquer.

Comment s’appelle le lien de distance entre la maman et son enfant ?

Le lien de distance entre les mères et les pères et leurs enfants, fils ou filles, est plus communément défini au moment où l’enfant expérimente l’angoisse de la séparation. Notre garçon, le plus souvent autour de 9 mois, comprend alors que chaque visage qu’il voit ne représente pas le même lien et identifie ses figures d’attachement. Par peur d’être abandonné, il ne veut alors plus quitter ces figures (ses parents, ses grands-parents, sa nounou, ses frères et sœurs…) et pleure, voire hurle, dès qu’il est confronté à un nouveau visage.

Cette étape du développement de notre fils est tout à fait normale, même s’il faut faire en sorte qu’il la dépasse. Cela se fait, en général, très bien, en rassurant notre enfant, en trouvant des objets réconfortants (le doudou oui !), en mettant en place des temps de séparation rapides mais sécurisants… Le plus beau cadeau qu’une mère puisse faire à son enfant, c’est de pouvoir l’aimer autant dans la proximité que dans la distance, et d’être attentive aux désirs de son garçon. Quelle que soit l’éducation qu’on donne, en tant que mère, notre influence est bien sûr colossale. Alors on essaie de faire les choses bien, évidemment, mais sans culpabiliser !

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