Ondes électromagnétiques : sont-elles dangeureuses pour la santé ?

Publié par Eric Leroy-Terquem  |  Mis à jour le par

Ondes magnétiques : quels dangers pour les enfants ?

Le cas de la téléphonie mobile

Contrairement aux stations de radio et de télévision émettant en continu, les antennes relais et les téléphones mobiles envoient des ondes pulsées. C’est ce mode d’émission saccadée qui serait en partie responsable de leur nocivité. Autre notion importante : le niveau d’exposition de l’utilisateur à ces ondes, exprimé pour les téléphones mobiles en watts par kilo. C’est le fameux DAS (ou Débit d’absorption spécifique) dont il faut chercher la caractéristique sur la notice : plus il est faible, plus les risques sont, en principe, limités. Il ne doit pas dépasser 2 W/kg en Europe (mais 1,6 W/kg aux États-Unis). Cette intensité de l’exposition est exprimée, pour les matériels qui ne sont pas à proximité immédiate du corps, comme les antennes relais, en volts par mètre. Un décret du 3 mai 2002 en a fixé le seuil maximal d’exposition à 41, 58 et 61 V/mètre pour chacune des fréquences utilisées : 900, 1 800 et 2 000 mégahertz, selon la technologie. Les associations voudraient abaisser ces seuils à 0,6 V/mètre, une valeur jugée suffisamment élevée pour téléphoner dans de bonnes conditions et suffisamment basse pour ne pas entraîner de risques sanitaires. On est loin du compte !

Trop tôt pour connaître l'impact des ondes électromagnétiques

Des chercheurs ont mené des expériences sur des cellules, des végétaux et des animaux. On sait par exemple que les ondes des portables entraînent la production de protéines de stress chez des plants de tomate ou qu’elles peuvent augmenter le risque d’apparition de tumeur cérébrale chez le rat. Ces conséquences sont liées à un double effet des ondes sur les tissus biologiques : en agitant les molécules d’eau, elles augmentent la température (effet thermique), et en fragilisant leur patrimoine génétique, leur ADN, elles perturbent le fonctionnement des cellules et dérèglent le système immunitaire (effet biologique). Bien sûr, ces résultats ne peuvent pas être transposés directement à l’homme. Alors comment savoir ? Les enquêtes épidémiologiques pourraient donner de précieuses indications sur l’augmentation éventuelle de telle ou telle maladie chez les usagers des téléphones portables. Mais cette technologie, qui date de la fin des années 1990, est encore jeune et le recul manque…

L'effet des ondes électromagnétiques sur l’enfant

Selon une étude de 1996, la pénétration du rayonnement électromagnétique d’un portable dans le cerveau est bien plus importante à 5 et à 10 ans qu’à l’âge adulte. Ceci s’explique par la dimension plus petite du crâne, mais également par une perméabilité plus importante de la boîte crânienne de l’enfant.
Quant au risque de l’exposition du fœtus, il est encore peu documenté. Une équipe américano-danoise a bien cherché à connaître le lien entre le temps passé au téléphone pendant la grossesse et les troubles du comportement de l’enfant, par un suivi de plus de 100 000 femmes enceintes entre 1996 et 2002. Résultat : les enfants particulièrement exposés à ces ondes en périodes prénatale et postnatale souffraient plus souvent de troubles des conduites et d’hyperactivité. D’après les auteurs, ces résultats sont à prendre avec des pincettes, car cette étude comporte des biais possibles.

On attend les résultats de l’étude Interphone

Sorti en août 2007, le rapport Bioinitiative, une compilation de centaines d’études, indique que les ondes de la téléphonie mobile peuvent jouer un rôle dans le développement de tumeurs du cerveau. Les résultats partiels d’Interphone, étude épidémiologique lancée en 2000, menée dans 13 pays et ayant rassemblé 7 000 patients atteints de tumeurs situées à la tête, apportent des précisions : on ne remarque pas d’augmentation du risque chez les gens qui ont utilisé un portable durant moins de dix ans. En revanche, au-delà, on a observé une augmentation du risque d’apparition de deux tumeurs du cerveau (gliomes et neurinomes du nerf acoustique). Une étude israélienne a également montré un risque plus important de développement de tumeur de la glande salivaire chez les utilisateurs intensifs et chez les habitants des zones rurales où les antennes relais plus espacées émettent plus intensément. Malheureusement, la publication des résultats est sans cesse repoussée depuis 2003.

 Querelles d'experts sur le danger des ondes électromagnétiques

Depuis le début des années 2000, les associations Priartem, Criirem et Robin des Toits militent pour améliorer l’information au sujet des dangers des ondes électromagnétiques. Revers : l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) rend une série de rapports d’experts concluant à une absence de risques. Fin de la première partie : en 2006, l’Inspection générale révèle la collusion de plusieurs de ces experts avec les opérateurs de téléphonie mobile ! Reprise du jeu : en juin 2008, un appel à la prudence est lancé par un collectif de médecins cancérologues mené par le psychiatre David Servan-Schreiber. Réplique : l’Académie de médecine leur rétorque alors que les études ne montrent pas d’excès de risque significatif et invite les signataires de l’appel à ne pas confondre principe de précaution et machine alarmiste…

 La réaction des opérateurs

Si les opérateurs laissent entendre que les antennes relais sont inoffensives, ils ne se désintéressent pas du débat sur l’exposition aux ondes électromagnétiques. Afin de montrer aux 48 millions de Français usagers de téléphone mobile qu’ils prennent le problème au sérieux, ils ont décidé de jouer la transparence, notamment sur le DAS du téléphone. Jusqu’ici, il fallait chercher l’information dans les fiches techniques des appareils. Désormais, elle sera mise en avant et affichée dans les boutiques des opérateurs. Et d’ici peu, les acheteurs de téléphones portables recevront un dépliant récapitulant tous les conseils pour limiter l’exposition, à commencer par l’utilisation du kit mains libres.

 Les précautions à prendre contre les ondes électromagnétiques

En attendant d’en savoir plus, respectez quelques précautions de bon sens, qui répondent toutes à un principe élémentaire : s’éloigner de la source d’émission des ondes (l’intensité du champ diminue considérablement avec la distance). Pour le portable, mieux vaut éviter de le mettre dans sa poche (même en veille, il émet des ondes), surtout si on est une femme enceinte, utiliser un kit mains libres et éviter de faire téléphoner les enfants. Pour les autres types d’ondes électromagnétiques, on conseille d’éteindre son émetteur Wi-Fi la nuit, de ne pas placer de lampe à ampoule basse consommation trop près de sa tête ni de babyphone trop près du lit du bébé, ou encore de ne pas rester devant le micro-ondes pendant que le plat chauffe.

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