Comptines pour enfants : elles ont souvent un sens caché

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le par

Tous les parents adorent chantonner des comptines à leur enfant. Mais, quand on écoute attentivement les paroles, on se rend compte que certaines d'entre ne sont pas aussi tendres qu'elles y paraissent… Décryptage.

Nos parents nous les fredonnaient pendant notre enfance, et nous prenons plaisir à les fredonner à notre tour à nos enfants… “Dansons la capucine”, “Il était une bergère”, “Le Bon roi Dagobert”… font partie de notre enfance. Mauis en y regardant de plus près, on se rend compte que les comptines ne sont pas toujours aussi tendres que nous le pensons… Pour preuve, le chat de la Mère Michel qui finit vendu, ou pendu, ou encore les sous-entendus grivois que contiendrait “Au clair de la lune”… Certaines, d’origine révolutionnaire ou populaire, peuvent être empreintes de violences ( « Il était une bergère » ou « Ne pleure pas Jeannette »). Les comptines auraient-elles un sens caché ?

Pour autant, pas question de se priver du plaisir de les chanter avec nos enfants ! Car leur sonorité, leur musicalité, en font des chansonnettes qui restent gaies et légères !  

Voici le sens caché de 10 comptines pour enfants. 

Dansons la capucine

Cette comptine se dansait dès 1868 en formant une ronde. Les parents remarqueront la répétition de certains sujets sensibles, comme celui de la misère : « y’ a pas de pain chez nous ». On se moque d’une voisine qui est riche mais qui voit sa maison brûler : « Maman, pourquoi elle pleure la voisine ? », réponse : « Parce que sa maison est en feu ». Autre couplet tout aussi sympathique : « Y'a du plaisir chez nous, on pleure chez la voisine, on rit toujours chez nous ».

Maman les p’tits bateaux

La chanson « Maman les p'tits bateaux » est une comptine enfantine française adaptée du roman « Peter Ibbetson » de George du Maurier en 1891. Dans celle-ci, la maman se moque de son enfant après plusieurs questions sous-entendues « idiotes » en lui répondant « mais oui mon gros bêta…».

Le Bon Roi Dagobert

La chanson « Le Bon Roi Dagobert » date de 1750 et évoque deux personnages historiques : le roi mérovingien Dagobert Ier et son principal conseiller, saint Éloi. Certaines paroles font référence à la période révolutionnaire et visent à ridiculiser la royauté. La plus connue est sans aucun doute « Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l'envers », qui fait tant rire les enfants. Autre phrase : « Le bon roi Dagobert craignait fort d'aller en enfer » et la réponse cinglante de Saint Eloi : « Je crois bien ma foi que vous y irez tout droit ».

C’est la Mère Michel

« C'est la mère Michel » est une comptine française très populaire datant de 1820. Dans le texte, une allusion renvoie au chantage que l’on fait souvent aux enfants : « Donnez une récompense il vous sera rendu ». Quant à la phrase « Si vous m’ rendez mon chat vous aurez un baiser », elle sous-entend qu’il faudrait user de ses charmes pour obtenir quelque chose. Enfin, selon les versions, on peut avoir également : « votre chat sera vendu ou pendu ». Plutôt cruel, non ?

Une souris verte

« Une souris verte » est une chanson enfantine très connue datant du XVIIIe siècle. Les paroles font référence à la guerre de Vendée qui s’est déroulée au cours de la Révolution française. La souris verte représente un officier vendéen, capturé par un soldat républicain. Ce dernier le présente à ses supérieurs, mais s'ensuit la torture et la mise à mort du prisonnier. A la fin de la chanson, le soldat finit par être récompensé par une pièce de monnaie.

Il était une bergère

Cette comptine, qui date de 1860, est très dure pour les tout-petits. En effet, la bergère, en colère, tue son chaton. Et le comble de l’histoire, elle n’est même pas punie par son père pour cet acte violent. Autre sens caché : « Laisser le chat aller au fromage » signifiait, en ancien français, « perdre sa virginité avant le mariage ». Encore une allusion coquine.

Au clair de la lune

Cette chanson très connue et populaire, datant du 18e siècle, a un double sens du début à la fin. Dans « Au clair de la lune », un garçon ne peut plus travailler le soir car il n’y voit plus rien. Il va donc demander à Pierrot s’il a de la lumière, mais celui-ci étant déjà au lit, lui conseille d’aller demander à la voisine. Le sens caché renvoie encore une fois à l’intimité des personnages. La plume, déformation de « lume », lumière, et la chandelle sont deux symboles phalliques. La métaphore du feu évoque la passion et l’ardeur sexuelle. Sans oublier des expressions de l’époque : « On bat le briquet » qui signifie faire l’amour. Et le « Lubin »: un moine perverti. On est loin de la simple comptine en honneur à Pierrot.

Nous n’irons plus au bois

Nous n'irons plus au bois est une ronde enfantine française créée en 1753 par Madame de Pompadour, pour les enfants du village voisin. La chanson fait référence à la pratique du libertinage sous Louis XIV et à la fermeture des maisons closes avec notamment la phrase : « Sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez ».

Ne pleure pas Jeannette

Dans cette comptine pour le moins tragique, Jeannette est amoureuse de Pierre, mais ce dernier est en prison. Ses parents veulent alors la marier avec un prince ou un baron, mais cette décision la rend malheureuse. Elle demande à être pendue avec son Pierre pour éviter ce triste sort. Ainsi se termine la chanson : « Et l'on pendouilla Pierre, et sa Jeannette avec ».

Un petit cochon

Dans la chanson « Un petit cochon », on comprend vite la douleur endurée par le pauvre cochon. Il est tout d’abord pendu au plafond, puis on lui tire la queue cinq fois de suite pour qu’il ponde des œufs, donne du lait et encore plus fort pour de l’or.

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