Ecole : le bilan des nouveaux rythmes scolaires

Publié par Christine Diego  |  Mis à jour le par

Depuis la rentrée 2014, tous les enfants de l’enseignement public bénéficient de nouveaux rythmes scolaires organisés en cinq matinées par semaine afin d’alléger les journées d’école. Les trois heures libérées permettent de proposer aux enfants de Nouvelles Activités Périscolaires (NAP). Plébiscité ou décrié, ce réaménagement du temps scolaire continue de diviser les familles. Décryptage avec François Testu, chronopsychologue et spécialiste des rythmes de l’enfant, et Paul Raoult, président de la FCPE.

Les nouveaux rythmes scolaires

La nouvelle organisation du temps scolaire a été mise en place par le décret du 24 janvier 2013, afin de mieux répartir les heures de classe sur la semaine. En tout, trois heures ont été libérées pour permettre aux enfants, dont les parents le souhaitent, de participer aux NAP. Dans les faits, si certains parents sont satisfaits de ces nouveaux rythmes, d’autres martèlent haut et fort que leurs enfants seraient bien plus fatigués qu’avant. Explications.

"De nouveaux rythmes nécessaires" selon le chronopsychologue François Testu

La réforme des rythmes scolaires existe dans toutes les communes depuis septembre 2014. La semaine de 24 heures de cours a été réaménagée sur cinq matinées afin de permettre à l’enfant d’être dans les meilleures dispositions possibles pour ses apprentissages. François Testu, chronopsychologue et grand spécialiste des rythmes de l’enfant, précise que « le réaménagement du temps scolaire a été pensé selon deux axes. Le premier, le principal, est de mieux respecter le rythme de vie de l’enfant entre le temps de sommeil, de loisirs et ses apprentissages à l’école. Le second axe est l’importance de la complémentarité éducative entre les apprentissages en classe et le temps libéré, où le vivre ensemble doit être prioritaire ». Il explique aussi que « le fait de réveiller un enfant à heure régulière cinq jours d’affilée, le fatiguera moins que s’il a des semaines où il ne se réveille pas à la même heure. C’est cela qui désynchronise son rythme. » François Testu ajoute : « pour les petits, en maternelle, c‘est différent. Dans l’idée, il faudrait les laisser se réveiller d’eux-mêmes le matin, sans leur imposer un horaire, pour qu’ils gardent un rythme naturel. »

"Une plus grande fatigue des enfants" pour de nombreux parents

Sandra trouve « son fils plus fatigué » et témoigne courir encore plus. « Mon fils finit désormais à 16h au lieu de 16h30, du coup, je cours le chercher. Et comme il se lève de bonne heure le mercredi matin, j’ai dû réduire les activités extrascolaires de l’après-midi », confie-t-elle. Une autre maman nous explique que son enfant s’endormait à 18h30, « le mercredi soir, exténué ». Une enseignante de petite section précise : « les horaires de l'école sont maintenant de 8h20 à 15h35. Les TAP (Temps Activités Périscolaires) durent jusqu'à 16h tous les jours. Certains de mes petits élèves ont en plus une heure de trajet en bus le matin et le soir. Résultat, les enfant sont très fatigués et j'ai un absentéisme important le mercredi matin ».
En réponse à cela, François Testu explique : « On ne peut pas mesurer scientifiquement la fatigue. Mais je sais que dans certains milieux sociaux, les enfants participent aux NAP à l’école et vont en plus à leur activité extrascolaire, après 17h. Évidemment, il y a de la fatigue. Le but de la réforme était d’alléger la journée et de proposer un temps de repos à l’enfant. Parfois, c’est le contraire qui se produit ».

La FCPE : « une réforme mal comprise »

La Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE) a eu le sentiment que la réforme des rythmes avait mal été comprise par les parents. Son président, Paul Raoult, nous explique que « l’organisation des nouveaux rythmes a vraiment été mise en place à partir des vacances scolaires de la Toussaint ». Pour lui, « certaines grandes villes comme Marseille ou Lyon n’ont pas joué le jeu et ont mis du temps à appliquer les nouveaux rythmes. Les parents étaient encore plus mécontents ». Pour la FCPE, l’aménagement de la semaine d’école sur 5 matinées était attendu depuis longtemps. Paul Raoult précise également : « Les spécialistes ont démontré que jusqu’à midi, l’attention de l’enfant augmente. Les matinées doivent donc être réservées aux apprentissages scolaires. Après la pause du midi, vers 15h, l’enfant est de nouveau disponible pour se concentrer ». Pour la FCPE, la réforme est donc une bonne chose. Mais ce n’est pas l’avis de tous les parents.

La PEEP : « un impact sur la vie de famille »

De son côté, la Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public (PEEP) a fait passer un grand questionnaire* aux parents, après la rentrée, dès octobre 2014, pour mesurer l’impact de la réforme sur la vie des familles. L’enquête* a mis en évidence une forte déception des parents pour les nouveaux rythmes. Notamment pour les parents qui scolarisent leur enfant en maternelle. Ils sont 64 % à déclarer « ne pas trouver d’intérêt à cette nouvelle organisation ». Et « 40 % trouvent que ces nouveaux horaires fatiguent les enfants ». Autre point de fracture : 56 % des parents « pensent que cette réforme a un impact sur l’organisation de leur vie professionnelle ». Devant les difficultés engendrées par la réorganisation des nouveaux rythmes, la PEEP a rappelé, en novembre 2014, qu’elle demandait « l’abrogation du décret de janvier 2013 sur les nouveaux rythmes scolaires pour les maternelles et un assouplissement pour les écoles primaires ».

*sondage PEEP réalisé au niveau national avec 4 484 réponses de parents

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