Mon enfant écrit mal, est-ce de la dysgraphie ?

Publié par Florence Kennel  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Vous n'arrivez plus à lire ses pattes de mouches et autres gribouillis… Et vous avez l'impression que ça s'aggrave. Ça pourrait presque lui porter préjudice, car les enseignants ont de plus en plus de mal à déchiffrer l'écriture de votre enfant. Peut-être s'agit-il d'une dysgraphie. On fait le point sur ce trouble de l'écriture.

 

Qu'est ce que la dysgraphie ?

La dysgraphie est un trouble neuro-développemental et un trouble spécifique des apprentissages (TSA). Elle se caractérise par une difficulté de l'enfant à écrire de façon lisible. Il n'arrive pas à automatiser les techniques de l'écriture. La dysgraphie peut se manifester de plusieurs manières sur l'écriture de l'enfant : maladroite, crispée, molle, impulsive ou lente.

Quelle différence avec la dyspraxie ?

Attention à ne pas confondre la dysgraphie avec la dyspraxie ! La dysgraphie concerne principalement les troubles de l'écriture tandis que la dyspraxie est un trouble plus global des fonctions moteurs de la personne atteinte. La dysgraphie peut d'ailleurs être le symptôme d'une dyspraxie, mais ce n'est pas toujours le cas.

Quelles sont les causes de la dysgraphie ?

Comme nous l'avons vu pour la dyspraxie, la dysgraphie est un trouble pouvant être révélateur d'un problème psychomoteur de l'enfant. Il ne faut absolument pas considérer la dysgraphie comme une simple paresse physique de l'enfant, il s'agit d'un véritable handicap. Celle-ci peut être due à des troubles tels que la dyslexie ou des troubles ophtalmologiques par exemple. La dysgraphie peut aussi être le signe annonciateur de maladies plus graves (et plus rares) comme Parkinson ou encore la maladie de Dupuytren.

Comment savoir si mon enfant a une dysgraphie ?

En maternelle, un enfant maladroit

Les difficultés rencontrées pour accomplir les gestes de l'écriture se nomment la dysgraphie. Au-delà d'une simple maladresse, il s'agit d'un véritable trouble, qui appartient à la famille des troubles dys. Dès la maternelle, l’enfant dysgraphique peine à coordonner finement les gestes de ses mains : il a du mal à écrire son prénom, même en majuscules. Il rechigne à dessiner, à colorier, et les travaux manuels ne l’attirent pas.
En grande section, même si la plupart des enfants montrent une maladresse motrice (peu savent boutonner leur pantalon en début d’année !), l'élève dysgraphique se singularise par son manque de progrès en graphisme. Ses feuilles sont sales, gribouillées, parfois trouées tellement il appuie sur son crayon. Les mêmes difficultés motrices se retrouvent dans son comportement : il tient mal ses couverts à table, n’arrive pas à lacer ses chaussures ou à boutonner ses vêtements tout seul en fin d’année. Des signes qui peuvent aussi évoquer une dyspraxie, autre double des qui affecte la motricité. 

Au CP, un enfant lent qui finit par détester écrire

Les difficultés explosent au CP. Car le programme exige beaucoup de l'écriture l’enfant : il lui faut à la fois bien se représenter le mouvement à effectuer de la main (de gauche à droite, une boucle, etc.) et penser en même temps au sens de ce qu’il écrit. Pour que ça aille vite, le tracé doit devenir un automatisme, afin de permettre de se concentrer sur le sens de ce qui est écrit. L’enfant dysgraphique n’y arrive pas. Chaque tracé occupe toute son attention. Il attrape une crampe. Et il a bien conscience de son handicap. Bien souvent, il se sent alors honteux, se décourage et déclare ne pas aimer écrire.

Qui peut poser un diagnostic de dysgraphie ?

Si votre enfant semble présenter des troubles dysgraphiques, vous pouvez consulter plusieurs professionnels de santé aptes à détecter une éventuelle dysgraphie. Dans un premier temps, il est important d'effectuer un bilan orthophonique de votre enfant pour voir s'il y'a des troubles présents. Une fois cet examen réalisé chez l'orthophoniste, il vous faut consulter différents spécialistes pour trouver les causes de la dysgraphie : ophtalmologue, psychologue, psychomotricien...

Comment soigner une dysgraphie ?

Si votre enfant est diagnostiqué comme dysgraphique, il va falloir passer par une rééducation pour lui permettre de surmonter son trouble. Pour cela, il faut consulter régulièrement un orthophoniste, notamment si sa dysgraphie provient principalement d'un trouble d'ordre linguistique. Celui-ci mettra en place un programme de soin qui aidera votre enfant à guérir petit à petit. En revanche, si le trouble dysgraphique est lié à des troubles spatiaux et moteurs, il vous faudra consulter un psychomotricien.

Aider mon enfant dysgraphique en lui redonnant envie d'écrire

Rien ne sert de lui faire écrire des lignes et des lignes le soir à la maison. Il faut au contraire dédramatiser et privilégier des activités annexes, très proches de l’écriture et qui amènent l’enfant naturellement à tracer des formes ressemblant à des lettres. C’est d’ailleurs ce qu’il fait en moyenne section de maternelle, et en début d’année de grande section en classe. Pour cela, il faut que l’enfant se sente détendu : la relaxation l’aidera grandement. Le but est de lui faire sentir son bras dominant devenir lourd, puis l’autre, puis ses jambes, puis ses épaules. Il doit ensuite garder cette lourdeur (et donc cette détente) quand il écrit (d’abord debout, puis assis). Ainsi la crampe redoutée sera-t-elle évitée.

Les trucs d'instit' contre la dysgraphie

Si votre enfant est dysgraphique, une rééducation sera nécessaire (demandez conseil auprès d'un orthophoniste) ; elle dure en général six à huit mois. Mais en attendant, voici quelques trucs à essayer à la maison.
- Variez les supports : à bas la feuille blanche traumatisante. Essayez le tableau noir (pour faire de grands gestes à la verticale) et le papier carbone (pour lui faire prendre conscience de sa force de pression).
- Supprimez les outils qui complexent : les petits pinceaux fins, les crayons de couleur pas chers dont la mine casse sans cesse, les stylos plume. Achetez de gros pinceaux à long manche et à brosse dure, et ronde, de diamètres variés. Double avantage : le manche oblige l’enfant à prendre du recul par rapport à son travail, à se détacher de la feuille. Et la brosse le décomplexe car elle accuse moins les erreurs de tracés qu’un pinceau fin. Initiez l’enfant à l’aquarelle plutôt qu’à la gouache, ce qui l’obligera à peindre de façon légère, aérienne, sans notion de « trait juste ». Et laissez-le choisir le pinceau pour qu’il s’habitue à anticiper son trait.
- Soignez la position : on écrit avec son corps. Un droitier se sert donc aussi de son bras gauche quand il écrit, pour prendre appui ou tenir la feuille par exemple. Or l’enfant dysgraphique se crispe souvent sur le bras écrivant en oubliant l’autre. Incitez-le donc à se servir de tout le bras, du poignet, et pas seulement de ses doigts. Vérifiez dès la grande section la prise du stylo, en évitant les pinces de crabe qui crispent les doigts.

Les lectures pour comprendre les problèmes d'écriture de mon enfant

N’attendez pas que votre enfant souffre de crampes paralysantes au collège pour réagir ! La rééducation est efficace quand elle est précoce ; parfois, elle permet à un faux gaucher de changer de main dominante et de devenir droitier !

Pour creuser le sujet :
- un psychiatre, le Dr de Ajuriaguerra, a écrit un excellent ouvrage bourré de conseils pratiques. « L’écriture de l’enfant », et son tome II, « La Rééducation de l’écriture », Delachaux et Niestlé, 1990.
- Danièle Dumont, une ancienne institutrice, s’est spécialisée en rééducation de l’écriture et détaille la bonne façon de tenir un stylo dans « Le Geste d’écriture », Hatier, 2006.

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