Vaccination : l’obligation doit-elle être maintenue ?

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par

L’affaire de l’Yonne, ces parents actuellement jugés pour avoir refusé de faire vacciner leurs enfants, relance le débat sur l’intérêt de la vaccination et sur le caractère obligatoire de certains vaccins. On fait le point.

Vaccination : l’obligation doit-elle être maintenue ?

La question de l’intérêt de la vaccination obligatoire est de nouveau relancée avec l’affaire de ces deux jeunes parents qui comparaissent devant la justice parce qu’ils ont refusé de faire vacciner leurs enfants. Face à la polémique, les pédiatres de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) rappellent le rôle majeur de la vaccination pour notre société. En France, selon l’Inserm, les vaccinations ont depuis soixante ans contribué à diviser par 30 ou plus la mortalité due à certaines maladies infectieuses. Depuis 1989, la France n’a pas connu de cas autochtone de poliomyélite et le  tétanos, lui, n’a fait « que » 36 victimes entre 2008 et 2011.

Non les vaccins ne sont pas inutiles et dangereux

Si la majorité des Français semblent favorables à la vaccination (9 sur 10), on assiste cependant à une montée en puissance d’une minorité militante anti-vaccins qui alimente la controverse sur la sécurité vaccinale. « Ces gens  émettent publiquement des fausses allégations qui mettent en danger la santé publique », fulmine François Vié le Sage, pédiatre responsable du groupe Infectiologie et vaccinologie de l’AFPA. Vous imaginez bien qu’on ne va pas recommander un vaccin potentiellement dangereux. » Avant d’être mis sur le marché, un vaccin fait en effet l’objet de 5 à 6 ans d’études. « Tous les accidents sont repérés, y compris les plus minimes. »  D’autant que les doutes pesant sur certains vaccins ont été levés par de nombreuses études récentes. L’aluminium, que l’on retrouve en adjuvant dans de nombreux vaccins, ne provoquerait pas d’atteinte inflammatoire musculaire diffuse. Onze études internationales différentes n’ont pas réussi à mettre en évidence un lien de causalité entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaque. Il en est de même pour le vaccin contre le papillomavirus, suspecté d’être à l’origine de maladies auto-immunes. La vaccination reste « l’action de santé publique la plus efficace », jugeait de son côté le (HCSP) dans son avis rendu en septembre dernier.

Les vaccins doivent-ils rester obligatoires ?

Le HCPS reconnaissait toutefois également que le système de vaccination devait évoluer en France et surtout remettait en cause l'obligation vaccinale contre la diphtérie, le tétanos et la polio. La France et l'Italie sont les deux seuls pays à maintenir  l'obligation de vacciner les enfants contre ces maladies. Actuellement, un enfant qui n’aurait pas reçu ces injections ne pourrait pas être inscrit à l’école, à la garderie ou à la crèche. Les autres vaccins présents dans le calendrier vaccinal sont simplement recommandés. Le Dr François Vié le Sage est favorable à une levée de l’interdiction : « il faut supprimer cette dichotomie entre vaccins obligatoires et vaccins recommandés. Cette hiérarchie est pénalisable car elle laisse sous-entendre que certains vaccins sont moins importants que d’autres. Pour nous pédiatres, tous les vaccins sont nécessaires à l’enfant. » Aucune nouvelle obligation n’a en effet été établie depuis 50 ans, pourtant certaines maladies pour lesquelles la vaccination est « recommandée » sont très dangereuses et responsables de centaines de morts chaque année. « On pourrait envisager une recommandation généralisée à tous les vaccins, mais donner à celle-ci un vrai poids légal, plus important que l’actuel, propose le pédiatre. Dans tous les cas, si le dispositif évolue, il faudra faire beaucoup de communication. » Oui, car supprimer l’obligation vaccinale pourrait avoir un travers auprès de certains, celui de remettre en cause l’intérêt de la vaccination. Deux enquêtes de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) et de l’Institut de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) ont montré qu’en cas de levée de l’obligation, 21 % de la population générale s’interrogerait sur le bien-fondé de la vaccination. En France, les professionnels sont partagés et craignent une chute de la couverture vaccinale si le régime d’obligation est supprimé.

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