Bébé est roux : tout savoir pour le protéger

Publié par Elodie-Elsy Moreau  |  Mis à jour le par Barbara Benattasse

En collaboration avec Nadem Soufir (généticien à l’hôpital André Bichat)

Qu’est-ce qui détermine la couleur rousse des cheveux ? Peut-on le prédire ? Pourquoi y a-t-il si peu de roux ? Comment se protéger du soleil quand on est roux ou rousse ? On vous dit tout.

Les personnes rousses ne représenteraient que 1 à 2 % de la population mondiale. Et ce taux a tendance à baisser. Des chercheurs britanniques ont récemment mis au point un test ADN permettant de détecter le gène de la rousseur, afin de prédire les chances d’avoir un enfant roux. Mais peut-on réellement connaître la couleur des cheveux de son futur bébé ? Pourquoi est-ce une teinte si rare ? On fait le point

Qu’est-ce qui détermine la couleur rousse des cheveux chez l’enfant ? Qui peut avoir un bébé roux ?

« Que l’on soit une personne noire, blanche, nous sommes tous porteurs du gène de la rousseur », explique le généticien Nadem Soufir.

Le gène en question

Appelé MCR1 dans le jargon scientifique, ce gène est universel. Cependant, la couleur rousse des cheveux est la conséquence d’un ensemble de variations entraînant des modifications. Normalement, le gène MCR1, qui est un récepteur, commande les mélanocytes, c’est-à-dire les cellules pigmentant les poils. Ces cellules fabriquent de la mélanine de couleur marron, responsable du bronzage. Mais lorsqu’il y a des variants (on en compte plusieurs dizaines), le récepteur MCR1 est moins efficace et demande aux mélanocytes de fabriquer de la mélanine de couleur jaune-orangé. C’est ce qu’on appelle la phéomélanine.

Les personnes à la peau noire peuvent-elles être rousses ? 

Même s’ils sont porteurs du gène MCR1, les personnes de type africain n’ont pas de variants. Elles ne peuvent donc pas être rousses. Les mutations spontanées de l’homme sont étroitement liées à son environnement. Voilà pourquoi les personnes noires, vivant dans des régions à fort ensoleillement, n’ont pas de variants MC1R. Il s’est produit une contre-sélection, laquelle a bloqué la production de ces variants qui leur auraient été trop toxiques, fac e à la protection solaire.

Prédire la rousseur de Bébé, c’est possible ? Quelle est la probabilité d’avoir un enfant roux ?

Aujourd’hui, même avant la conception, les futurs parents imaginent les critères physiques de leur enfant. Quel nez aura-t-il, comment sera sa bouche ? Et des chercheurs britanniques ont récemment mis au point un test ADN pour détecter le gène de la rousseur, notamment chez les futures mamans, afin de prédire les chances d’avoir un bébé roux, et de se préparer aux éventuelles spécificités médicales de ces enfants. Et pour cause, on peut être porteur de ce gène, sans être roux soi-même.

Néanmoins, le généticien Nadem Soufir est catégorique : cet examen est une véritable absurdité.  « Pour être roux, il faut avoir deux variants de type RHC (red hair color). Si les deux parents sont roux, c’est évident, le bébé le sera également, car les deux parents sont porteurs de l’allèle roux. Deux personnes brunes peuvent aussi avoir un enfant roux, si chacune d’elles possède un variant RHC, mais les chances ne sont que de 25 %. Par ailleurs, l’enfant d’un métis ou d’un créole et d’une personne de type caucasien pourra aussi être roux. La génétique de la pigmentation est complexe, plusieurs facteurs, dont nous n’avons pas encore connaissance, entrent en jeu. » Au-delà de la question de fiabilité, le généticien dénonce un risque éthique : l’avortement sélectif.

« On ne va pas interdire à un bébé de naître parce qu’il aura les cheveux roux. C’est de l’eugénisme. C’est comme si on choisissait la couleur des yeux des enfants. »

Un bébé roux peut-il changer de couleur ?

 

En grandissant, les cheveux de Bébé changent parfois de couleur. On observe également des évolutions lors du passage à l’adolescence, puis  à l’âge adulte. Ces modifications sont surtout liées aux interactions avec l’environnement. Par exemple, au soleil, les cheveux blondissent. Les enfants roux peuvent foncer en grandissant mais, en général, la teinte reste présente.

Être roux : pourquoi il y en a si peu ?

Si nous sommes porteurs du gène de la rousseur, il est fort étonnant de constater que seuls 5 % des Français sont roux. Par ailleurs, depuis 2011, la banque de sperme Cryos danoise n’accepte plus les donneurs roux, l’offre étant trop importante par rapport à la demande. La majorité des receveurs proviennent en effet de Grèce, d’Italie ou d’Espagne, et plébiscitent les donneurs bruns. Pour autant, les roux ne sont pas voués à disparaître, comme l’avancent certaines rumeurs. « Leur faible concentration est surtout liée au mélange des populations. En France, les personnes d’origine africaine, maghrébine, qui n’ont pas ou très peu de variants MC1R, sont assez nombreuses. Cependant, les roux sont très présents dans certaines régions, comme en Bretagne, où leur nombre reste stable. « On observe également une influence rousse près de la frontière lorraine et alsacienne, explique le docteur Soufir. De plus, il y a toute une palette du roux, allant de l’auburn au châtain foncé. D’ailleurs, ceux qui se disent blonds vénitiens sont des roux qui s’ignorent ».
Avec 13 % de roux dans sa population, l’Ecosse détient le record de personnes rousses. Elles sont 10 % en Irlande.

Protégez la santé des bébés roux : attention aux coups de soleil !

Crème solaire, sortir à l’ombre, chapeau… en été, un seul mot d’ordre : éviter d’exposer Bébé au soleil. Les parents ayant des enfants roux doivent redoubler de vigilance. Et pour cause, à l’âge adulte, en l'absence de protection solaire, ces derniers sont plus susceptibles d’être touchées par un cancer de la peau, d’où l’importance de les protéger, dès le plus jeune âge, des rayons ultraviolets.

En fait, comme l’explique le généticien Nadem Soufir, « ce sont les coups de soleil attrapés durant l’enfance qui augmentent le risque de mélanome. Il y a vraiment une toxicité démontrée de la phéomélanine (la mélanine de couleur jaune-orangé). C’est ce qu’on observe avec les Celtes (d'origine anglaise, irlandaise, écossaise…), émigrés en masse en Australie. Ils n’ont pas un patrimoine génétique cutané adapté aux zones tropicales. De ce fait, le pays compte, au niveau mondial, le plus de personnes touchées par un mélanome. »

De leur côté, les Asiatiques ont une pigmentation différente, et très peu de variants. Ils sont donc moins susceptibles de développer un mélanome. Les métis ou créoles ayant des taches des rousseur doivent également faire attention au soleil, même s’ils sont certainement « mieux protégés du soleil que les personnes à la peau claire ».
Même si les roux sont prédisposés à contracter certains cancers et connaissent un vieillissement plus précoce de la peau, le généticien explique que « un facteur génétique néfaste sur un point a aussi des effets bénéfiques ». En effet, les personnes ayant des variants MC1R captent plus facilement, dans les latitudes hautes, les rayonnements ultraviolets, importants pour la vitamine D. « C’est ce qui pourrait expliquer que selon le principe bien connu de la sélection naturelle, l’homme de Neandertal, retrouvé dans les pays de l’Est, avait déjà des poils roux. »

Un lien avec la maladie de Parkinson ?

Un lien entre la maladie de Parkinson et le fait d’être roux est parfois évoqué. Néanmoins, Nadem Soufir reste prudent : « Cela n’a pas été confirmé. En revanche, il existe une association épidémiologique entre cette maladie et le mélanome. Les gens ayant eu cette forme de cancer de la peau ont 2 ou 3 fois plus de risques d’avoir la maladie Parkinson. Et ceux qui développent cette maladie ont un risque accru de développer un mélanome. Il y a sûrement des liens mais ça ne passe pas forcément par le gène MC1R ». Par ailleurs, il n’existe aucune corrélation entre la rousseur et l’albinisme. À ce propos, « une récente étude réalisée en laboratoire a démontré que les souris albinos ne font pas de mélanome, malgré leur absence de pigment dans la peau, contrairement aux souris rousses. »

Les roux, moins sensibles à la douleur

Les roux invincibles ? On pourrait presque le croire ! En effet, le gène MC1R s’exprime dans le système immunitaire et dans le système nerveux central donnant l’avantage aux personnes rousses d’être plus résistantes à la douleur.
Autre bénéfice non négligeable : le sex-appeal. Les rousses seraient plus… sexy.

« La variation de la pigmentation des cheveux a joué à un rôle dans l’évolution et l’attraction sexuelle, assure le généticien Nadem Soufir. D’ailleurs, une enquête menée à partir de phototypes différents de femmes avait révélé que les hommes étaient plus attirés par les demoiselles aux cheveux roux. »

 

 

 

 

 

 

 

Sujets associés