Mon bébé a la tête plate ! Zoom sur la plagiocéphalie

Publié par Dorothée Blancheton  |  Mis à jour le par Alexandra Bresson Avec le Dr Thierry Marck, pédiatre à Paris.

La tête plate, ou plagiocéphalie, est fréquente chez les bébés. Explications, conseils… et pistes d'amélioration.

Avec le Dr Thierry Marck, pédiatre à Paris. Co-auteur avec Bernadette de Gasquet de “Mon bébé n’aura pas la tête plate”, éd. Albin-Michel, et créateur du site www.bebesante.fr


[Mise à jour du 15 janvier 2021]

Le point sur la plagiocéphalie

C’est le pédiatre qui a révélé aux parents d’Antoine qu’un côté de sa tête était plat. Pourtant à sa naissance, elle était bien ronde. L’explication ? Dans son lit, sa tête repose trop souvent du même côté. Et son crâne, encore malléable, s’aplatit. On parle alors de plagiocéphalie (aplatissement unilatéral de la voûte crânienne). Un trouble très fréquent depuis que l’on couche les bébés sur le dos pour prévenir le risque de mort subite du nourrisson, ce qui n’est pas leur position physiologique. Entre 7 et 14 semaines, 46 % des bébés présentent une déformation crânienne, selon la revue Pediatrics (2013). 

Tête plate : des habitudes à revoir…

Comment réagir si votre bébé est concerné ? Tout simplement en lui évitant les appuis sur la zone aplatie. En cas de plagiocéphalie, la tête sera positionnée uniquement du côté opposé à la déformation, avec un moyen efficace (cale-bébé ou serviette roulée), uniquement en journée et sous votre surveillance, jusqu’à 3 mois. Pour une brachycéphalie (aplatissement de toute la partie postérieure du crâne), on orientera la tête du bébé tantôt à gauche, tantôt à droite. Choisissez un matelas bien ferme, pas de modèle à mémoire de forme, dans lequel sa tête s’enfoncerait. Et pensez à placer un mobile ou une veilleuse en dehors du lit, pour l’inciter à regarder dans la direction voulue. Lors de la tétée ou du biberon, des promenades en porte-bébé, pensez à alterner les positions... Ne laissez pas trop longtemps le bébé inactif dans son transat. Sa tête risque de s’appuyer du côté déformé. Chaque jour, mettez-le sur le ventre quelques instants quand il est éveillé, pour qu’il “muscle” son cou.

La plagiocéphalie, une déformation dès la naissance

La déformation du crâne peut également être due à untorticolis congénital. Dans ce cas, des séances d’ostéo-kinésithérapie seront prescrites. Au-delà de 5 mois, si le problème persiste trop fortement, le médecin peut prescrire le port d’une orthèse, un casque à porter 22 heures sur 24. C’est la seule solution qui reste alors pour corriger efficacement la déformation. Mais la plupart du temps, celle-ci disparaîtra d’elle-même à mesure que bébé grandit et bouge de plus en plus.Dans tous les cas, prise en charge correctement, la plagiocéphalie ne devrait bientôt plus être qu’un mauvais souvenir.

“Tête plate” de bébé : les dernières recommandations de la HAS pour prévenir la plagiocéphalie

Vous êtes inquiet à l’idée que votre bébé ait le crâne plat à force de dormir sur le dos ? La Haute Autorité de Santé rappelle que la plagiocéphalie n'est pas grave, et peut être facilement évitée et corrigée grâce à quelques bons gestes. Mais lesquels ? Une fiche mémo publiée par ses soins à destination des parents est désormais disponible.

Source d’inquiétude pour les parents, les plagiocéphalies, déformations crâniennes positionnelles, sont bénignes et disparaissent naturellement vers l’âge de deux ans. Il s'agit d'une déformation du crâne de l’enfant caractérisée par une asymétrie donnant à la tête une forme oblique : on parle communément de « bébé à tête plate ». Il faut pourtant rassurer les parents, car ces déformations crâniennes n’ont pas de conséquence autre qu'esthétique. Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), les données scientifiques montrent qu’il n’y a pas de lien de causalité entre une plagiocéphalie et un retard neuro-développemental, des troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires.

C'est donc à destination des parents que l'agence vient de publier une « fiche conseils » pour leur rappeler que la plagiocéphalie peut être facilement évitée et corrigée. « Vous avez les moyens d'agir : continuez à coucher votre bébé sur le dos pour limiter le risque de mort inattendue du nourrisson, mais laissez-le libre de bouger la tête et le corps, de jour comme de nuit. », résume-t-elle. Le document donne les recommandations à suivre aussi bien quand le bébé dort ou est éveillé. Ainsi, la nuit il est recommandé de le coucher sur le dos, dans son lit sur un matelas ferme et dans une turbulette. Attention à ne rien mettre dans son lit (ni doudous, ni jouets) pour éviter qu'il les attrape et s'étouffe avec.

Favoriser la mobilité spontanée du nourrisson

Contrairement à une idée reçue, il est déconseillé d'utiliser des réducteurs de lits, cale-têtes et cale-bébés, objets qui les empêchent de bouger librement. Mieux vaut aussi « le laisser regarder dans toutes les directions, sans tour de lit. », précise la HAS. En journée, il est important que bébé ne soit pas constamment immobilisé pour éviter qu’il n’appuie sa tête du même côté. La HAS recommande de laisser l'enfant libre de ses mouvements pour que son cou soit mobile, y compris sur le ventre lorsqu’il est éveillé à condition qu’il soit surveillé. Ses positions doivent être variées lors d'activités de jeu au sol grâce à une simple astuce : disposer ses jouets autour de lui pour l’inciter à regarder sur les côtés.

A l'inverse, mieux vaut éviter les arches de jeu et mobiles qui vont fixer l'attention du bébé en un endroit unique et limiter les rotations spontanées de sa tête grâce à des sollicitations tactiles, visuelles et auditives. Le moment du change est l'occasion de l'habituer à être sur le ventre, pour qu'il puisse se muscler le cou et le dos. La Haute Autorité de Santé rappelle aussi l'importance de le prendre souvent dans ses bras de même que « de penser à changer de bras à chaque biberon ou tétée : votre bébé tournera la tête pour capter votre regard. » Enfin, mieux vaut limiter le temps passé dans du matériel de puériculture (transat, baby-relax, cosy) et réserver les sièges-coques aux transports en voiture.

Dans quel cas faut-il consulter ?

A noter que dans ses précédentes recommandations datant de mars 2020, la Haute Autorité de Santé soulignait que « l'augmentation des cas de plagiocéphalies chez les bébés et l’inquiétude associée peuvent conduire des parents et certains professionnels de la santé à remettre en cause le couchage sur le dos, dans l’idée d’éviter que le nourrisson n’appuie sa tête toujours du même côté. » Or, elle avait tenu à réaffirmer avec force, en association avec le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP), que le couchage sur le dos est impératif pour prévenir la mort inattendue du nourrisson. Selon elle, « depuis les années 90, cette recommandation a permis de réduire ce risque de 76%. »

Si une plagiocéphalie survient chez un nourrisson et provoque des difficultés à bouger son cou (torticolis), il est alors préconisé de consulter un médecin qui pourra prescrire des soins de kinésithérapie. « En l’absence d’amélioration de la déformation crânienne après une prise en charge adaptée, le médecin doit orienter l’enfant tôt, possiblement dès la fin du premier semestre, vers un centre de compétences ou de référence des malformations crânio-faciales. Dans ces rares cas de formes sévères, une déformation crânienne peut être un symptôme évocateur d’un trouble sous-jacent. », conclut la HAS. Les experts seront à même de prescrire exceptionnellement une orthèse crânienne au bébé.

Alexandra Bresson

 

Tête plate : 3 témoignages de parents

« Lorsque mes jumeaux ont eu 4 mois, je me suis inquiétée : la tête de Tom était constamment penchée sur la gauche et le crâne de Nans s’aplatissait au fil des jours. Notre pédiatre se voulait rassurant et nous a incités à attendre que cela se remette tout seul. Mais nous n’étions pas convaincus. Nous avons donc entrepris un repositionnement intensif pour chaque bébé. J’ai aussi contacté une famille ayant rencontré ce problème. Cela nous a permis de mettre des mots sur ce qui arrivait à nos petits : Tom avait une plagiocéphalie et Nanas une brachycéphalie. Nous sommes allés voir un ostéopathe. Puis une kiné pour Tom, qui avait en fait un torticolis positionnel. Au bout d’un mois, il y a eu des améliorations pour Tom mais pas pour Nans. Nous avons alors entrepris un traitement par orthèse crânienne en Espagne, avec des rendez-vous tous les 15 jours à Bilbao. Les résultats ont été spectaculaires : son crâne a retrouvé rapidement un bombé à l’arrière. Au total, le traitement a duré deux mois et Nans l’a très bien supporté. » Séverine, maman de Tom et Nans, 18 mois

« Dès sa naissance, Liam n’arrivait pas à tourner la tête à droite. Il dormait avec la tête orientée dans le même sens et il prenait son biberon toujours du même côté. Mais cela ne nous a pas alertés plus que ça. Lors d’une visite chez le pédiatre quelques semaines plus tard, il a diagnostiqué un torticolis et une petite déformation sur le côté et l’arrière du crâne. Sur ses conseils, nous l’avons amené chez un ostéopathe. Liam avait alors sept semaines. Cela a été spectaculaire. En une séance, son torticolis a été traité et les petites déformations de sa tête ont été atténuées. Le changement était flagrant dès la première fois. Aujourd’hui, tout va bien. » Nicolas, papa de Liam, 2 ans et demi

Nathan est arrivé avec un mois d’avance. Il est resté deux mois à l’hôpital. Au retour à la maison, j’ai vu que sa tête avait tendance à se bloquer d’un côté. Une puéricultrice de la PMI a parlé de torticolis et m’a recommandé de consulter un kiné. Nathan a eu des séances pendant un an. Plus de l’ostéopathie. Le traitement du torticolis avançait mais son crâne se déformait. Lui qui était né avec une tête bien ronde ! A 6 mois, le diagnostic est tombé : plagiocéphalie sévère. Son crâne était en forme de parallélogramme, avec une asymétrie au niveau des yeux et des oreilles. J’ai alors opté pour un traitement par orthèse crânienne, en complément des soins de kiné et d’ostéo. Pendant 6 mois, on a fait des allers-retours à Barcelone presque tous les 15 jours pour consulter un spécialiste. C’était très encourageant de voir la tête de Nathan se remodeler aussi rapidement. Mais le casque est devenu trop petit et les résultats n’étaient pas encore optimum. Je ne cherchais pas la perfection. Juste essayer de faire au mieux. J’ai décidé de poursuivre l’aventure avec un deuxième casque. Encore six mois de traitement. Aujourd’hui, je suis ravie du résultat. Il reste juste une légère asymétrie, imperceptible pour qui ne connaît pas l’histoire de Nathan. Marie-Sophie, maman de Nathan, 19 mois

En vidéo : La plagiocéphalie, la réponse de l'expert

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