Maladies de l'hiver : comment les prévenir et les soigner ?

Publié par Marion Bellal  |  Mis à jour le par Marion BellalDocteur Pierre Popowski, pédiatre homéopathe ; Professeur Christophe Delacourt, chef du service de pneumologie pédiatrique de Necker, président de la Société française de pédiatrie ; Nina Bossard, naturopathe ; Docteur Marion Keller, pédiatre hospitalier.

Il fait froid, les bactéries circulent et le risque d'attraper une maladie, à l'instar d'une gastro-entérite, d'une grippe ou d'une infection ORL, est plus important. Au regard de leur forte contagiosité, l’hygiène est la meilleure défense contre les maux de l'hiver, pour les adultes comme pour les enfants. Comment s'en protéger et se soigner ? Les conseils de spécialistes.

Impossible de passer entre les gouttes : dès que les températures chutent, notre bout-de-chou attrape virus sur virus. S'il est difficile de naviguer entre les nombreuses pathologies hivernales, qui se propagent très vite dans les cours de récréation par exemple, quelques gestes d'hygiène peuvent les limiter.

Pourquoi bébé est-il plus facilement malade en hiver ? Comment s'en prémunir ?

Les virus, en grande partie responsables des infections ORL, se propagent bien plus facilement à basse température. Ce n’est, bien sûr, pas une raison pour ne plus sortir, au contraire, mais il est recommandé d'observer quelques règles de conduite. 

Prudence : l’hypothermie guette les enfants, surtout ceux de moins de six mois, qui bougent peu ou qui sont en poussette, et qui n'ont pas atteint l'âge où ils peuvent réguler leur température corporelle. Les expositions prolongées au froid ne sont donc pas conseillées, surtout avec un enfant en bas âge. Même plus âgés, les enfants rencontrent des difficultés à se rendre compte de la température : ils peuvent aussi bien rester une éternité habillés comme au ski, dans un salon surchauffé, que sortir en chaussettes, accueillir Mamie et Papy par 0 °C ! Pull, sous-pull... N’hésitons pas à les vêtir chaudement (tête, mains et pieds compris) et avec plusieurs couches de vêtements. Et, surtout, incitons-le à se changer si ses vêtements sont humides.

Règle numéro 1 : se laver les mains !

Le toucher est le principal vecteur de transmission. Aussi faut-il se laver les mains le plus souvent possible, et systématiquement après avoir pris les transports en commun ou être allé dans un lieu public. Même règle si on est enrhumé, qu'on a éternué, toussé ou qu'on s'est mouché, et d'autant plus, bien sûr, avant de s'occuper d'enfants ou de bébés. De la même façon, on fait laver leurs mains aux petits. Ils transportent les mêmes germes pathogènes et touchent, voire goûtent, généralement avec grand plaisir tout ce qui les entoure !

On se mouche régulièrement, ainsi que bébé, en utilisant, à chaque fois, un nouveau mouchoir jetable. Au besoin, pour notre enfant, on utilise du sérum physiologique ou de l’eau de mer. Il est très important d’évacuer toutes les sécrétions et de dégager, le plus souvent possible, les voies aériennes.

Autre règle d'hygiène incontournable : apprendre à notre enfant à bien se laver les dents. Après chaque repas, une fine pellicule constituée de débris alimentaires, de salive et de bactéries se forme à la surface des dents : c’est ce qu’on appelle la plaque dentaire. Si elle n’est pas retirée, elle durcit pour former le tartre, un dépôt jaune ou brun. D’où l’importance d'apprendre à notre enfant à bien se brosser les dents, au moins deux fois par jour, le matin et le soir. Faute de quoi, les bactéries contenues dans la plaque pourront provoquer des caries, voire migrer de la bouche aux poumons, et causer ou aggraver une infection pulmonaire existante.

Hygiène de vie : prendre soin de son sommeil et de son alimentation

Changement de saison, entrée en crèche, en maternelle, en CP… Autant de raisons d’être fatigué à l’entrée de l’hiver. Or, un organisme éreinté est beaucoup plus réceptif aux coups de froid et se défend moins bien contre les agressions. On respecte donc le sommeil des plus petits et on suit leur rythme, aussi bien pour les siestes, que le soir. L'hiver n’est pas le meilleur moment pour essayer de les « caler » ou de leur faire « sauter une sieste ». De notre côté aussi, autant que possible, on se repose et on se relaxe. Pour combattre les virus hivernaux, on respecte un minimum de huit heures de sommeil par nuit, avec un horaire d’endormissement régulier.

Par ailleurs, tout aussi valable pour toute la famille, l’alimentation fait partie des remèdes efficaces de prévention. Sans bouleverser nos habitudes alimentaires, on essaie de consommer au moins 5 fruits et légumes par jour, afin de faire le plein de vitamines.

On pense aussi, pendant l'hiver, à garder, à tout âge, une activité physique ! Même la marche stimule l’état général, élimine les toxines et le stress. De plus, l’exercice physique aide à l’auto-nettoyage des voies respiratoires. L’idéal est de pratiquer une activité physique de 30 à 40 minutes trois fois par semaine. Alors quand c'est possible, on oublie la voiture pour aller à l’école, on prend les escaliers et on fait une bonne partie de foot !

Si on ne jure que par l’homéopathie, on trouvera aussi de nombreuses possibilités. Plusieurs moyens existent pour aider à booster les défenses naturelles. Cure de vitamines, traitement immunostimulant, probiotiques… Le docteur Pierre Popowski, pédiatre homéopathe et auteur de Pour leur santé, laissez-le se salir (aux éditions Leduc) recommande notamment du Nux vomica, qui agit sur les sphères ORL et digestive, et/ou du Chelidonium majus et du Carduus marianus, qui servent à stimuler le foie et permettent d’entretenir un bon état général. Pour trouver ce qui convient à notre enfant, on demande conseil à notre pharmacien ou à notre médecin.

Comment évacuer les virus de l'intérieur de la maison ?

L’hiver, il fait froid, alors on a tendance à se réfugier dans sa maison, bien calfeutrés. Les virus sont ravis ! Pourtant, quelques gestes simples, mais efficaces, suffisent à diminuer les risques.

  • Aérer fréquemment chacune des pièces, au minimum dix minutes chaque jour.
  • Ne pas surchauffer et encore moins les chambres des enfants (18 à 20 °C maximum). L’air sec agresse les muqueuses des voies aériennes et les rend plus sensibles aux agents infectieux.
  • Arrêter de fumer est une des meilleures façons de se protéger des infections, car le tabac irrite et fragilise l’appareil respiratoire. De plus, on n'expose pas nos petits au tabagisme passif : il est reconnu que les enfants de fumeurs sont plus souvent victimes d’infections ORL, que ceux vivant dans un environnement non-fumeur. « Même à doses très faibles, la fumée de tabac a tendance à affaiblir les défenses immunitaires et à provoquer un encombrement des voies respiratoires », confirme Pierre Popowski.

Cela vaut pour tous les intérieurs. « Plus les enfants passent du temps dans des lieux confinés, avec une forte densité de population, plus ils risquent d’attraper un virus », insiste Docteur Popowski. Véritables bouillons de culture, les métros ou les grandes surfaces sont donc à éviter autant que possible quand on est avec nos bouts-de-choux.

"Astuces de grand-mère" : l'oignon, l'ail et la fleur d'oranger sont-ils utiles ?

Pour décongestionner : une rondelle d’oignon dans une coupelle

« L’oignon a une composante soufrée que l’on retrouve dans l’ail et qui permet de décongestionner », affirme Nina Bossard, naturopathe et autrice du Guide Naturo spécial Enfants, aux éditions Jouvence. Il existe d’autres pistes de grands-mères, plus agréables, comme un mélange d’huile essentielle de ravintsara avec de l’eucalyptus radié, à diffuser un quart d’heure avant le coucher de l’enfant. Ce mélange est cependant déconseillé pour les enfants asthmatiques ou allergiques.

Pour favoriser le sommeil : de la fleur d’oranger

Grâce à ses propriétés « antistress, calmantes, un peu sédatives, elle favorise l’apaisement nerveux et l’endormissement », constate Nina Bossard. « On l’administre en infusion avec un peu d’eau, à la pipette, en hydrolat ou en diffusion d’huile essentielle (petit grain bigarade), avant le coucher. »

Quant à Marion Keller, pédiatre hospitalier, elle conseille les produits vendus en pharmacie, faciles d’emploi et adaptés aux tout-petits, à l’instar du Calmosine sommeil, dans lequel on retrouve la fleur d’oranger. 

Contre la toux : du sirop d’ail, graines de lin et miel

Si le sirop d’ail apaise, bon courage pour faire avaler ce drôle de breuvage aux enfants ! Autre astuce, plus douce et aussi efficace contre la toux : un cataplasme chaud de graines de lin. On fait chauffer de l’eau et des graines de lin, jusqu’à ce que ça gonfle et devienne gélatineux. On met le mélange dans un tissu (en s’assurant que la chaleur soit adaptée) et on l’applique sur le torse ou le dos. Le lin apaise et la chaleur fait office de vasodilatateur qui soulage, détend et apaise. De l’eau chaude ou, après un an, une tisane de thym avec du miel soulage aussi.

Automne et hiver : quels virus ou quelles maladies courent en ce moment ?

Si le nombre de maladies hivernales est plutôt élevé, on en retrouve une palette assez récurrente chez l'enfant, notamment des gastro-entérites, qui peuvent entraîner des vomissements et des diarrhées. La rhinopharyngite, le rhume et la bronchiolite sont aussi des pathologies hivernales très courantes. Chaque année, la grippe contamine également un grand nombre d'enfants. Ajoutons à cela l'arrivée du Covid-19, depuis l'année 2020, qui a tendance à se transmettre plus rapidement l'hiver.

Quelles sont les maladies causées par le froid ?

Notre système immunitaire affaibli par le froid, certaines maladies se propagent plus vite. Le rhume est une infection des voies respiratoires supérieures, qui peut être provoqué par pas moins de 200 virus ! La rhinopharyngite est, elle aussi, une infection des voies respiratoires. Environ 100 virus peuvent en être à l'origine. L'angine est une infection des amygdales, qui peut s'étendre à l'ensemble du larynx. Elle occasionne plus souvent des complications lorsqu'elle est d'origine bactérienne. La grippe touche le système respiratoire et se caractérise par la forte fièvre qu'elle entraîne. La gastro-entérite s'attaque, quant à elle, au système digestif. L'otite infecte le tympan ou la caisse du tympan. La sinusite est une inflammation des muqueuses recouvrant l'intérieur des sinus, tandis que la bronchite est une inflammation des bronches et la pharyngite, du pharynx. Enfin, dernière maladie très courante en hiver, la trachéite est une inflammation de la muqueuse de la trachée.

Grippe, rhume, gastro, infections virales... Quelles sont les épidémies hivernales actuelles ?

Depuis plusieurs années, les épidémies hivernales les plus fréquentes sont la grippe, la gastro-entérite et la bronchiolite. En moyenne, l'épidémie de grippe dure 10 ou 11 semaines et débute fin décembre ou début janvier. Chaque année, entre 2 et 6 millions de Français sont touchés. Les gastro-entérites concernent majoritairement les enfants de moins de 5 ans et le pic de l'épidémie est souvent observé au début ou au milieu du mois de janvier. La gastro-entérite aigüe hivernale est à l'origine de 1,5 à 4 millions de consultations en médecine générale. Enfin, la bronchiolite touche plus les enfants de moins de 2 ans : selon Santé publique France, 30 % des nourrissons de moins de 2 ans l'attraperaient chaque année, en France. 

Toux, fièvre, angine... Les symptômes contagieux de saison

Chez l'enfant ou chez l'adulte, ces pathologies restent le plus souvent bénignes, même si, plus l'enfant est jeune, plus leur évolution doit être étroitement surveillée. Les symptômes les plus fréquents sont :

  • de la toux ;
  • des éternuements ; 
  • des difficultés respiratoires ;
  • de la fièvre ;
  • des maux de tête ;
  • des maux de ventre ;
  • des courbatures ;
  • de la fatigue ;
  • des nausées, voire des vomissements ;
  • des diarrhées ;
  • une perte d'appétit.

Comment savoir si c’est le Covid ou une autre maladie ?

Interview du Professeur Christophe Delacourt, chef du service de pneumologie pédiatrique à l’hôpital Necker et président de la Société française de pédiatrie

C. Delacourt : Le coronavirus SARS-CoV-2 est un virus respiratoire qui, globalement, touche moins les enfants que les adultes. Lorsqu’il se déclare, il occasionne des symptômes mineurs qui ressemblent beaucoup à ceux des autres maladies hivernales : fièvre, toux, rhinite, troubles digestifs, crise d’asthme… Il est donc quasiment impossible de le distinguer d’un simple rhume, d’une grippe ou d’une bronchiolite. Il est alors nécessaire d'effectuer un test PCR afin de déterminer s'il s'agit du Covid. Demandez conseil à votre pédiatre ou votre médecin sur la nécessité d'y recourir. 

Les gestes barrières et le masque protègent-ils des autres maladies hivernales ?

C. Delacourt : La plupart des virus respiratoires se transmettent par des gouttelettes, notamment des postillons ou des dépôts sur des surfaces qu’on peut toucher avec la main. Chez les enfants de moins de 6 ans, pour lesquels le masque n’est pas recommandé en collectivité, c’est donc surtout le lavage des mains et des surfaces qui permet de limiter les contaminations.

En vidéo : 4 règles d'or pour prévenir les virus de l'hiver

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