Pollution intérieure : prévenir les risques d'allergies

Publié par Marie Lanen  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Pollution intérieure : prévenir les risques    allergiques

Pollution intérieure : les bons gestes à adopter

Dès le début du printemps, on n’entend que ça : les éternuements dus au rhume des foins. Les allergies respiratoires, alimentaires et ORL font partie du quotidien de beaucoup de Français. La pollution intérieure est une des causes de leur augmentation. Est-il possible de prévenir les risques allergiques ? Quels sont les bons gestes à adopter ? On répond à toutes vos questions.

Pollution domestique : l’impact de la pollution intérieure sur les allergies

Tout d’abord, un constat sanitaire s’impose. Le nombre d’allergiques a doublé ces vingt dernières années. Un Français sur trois souffre d’allergie, 25 % des enfants en âge scolaire sont atteints de rhinite allergique et 10 % ont de l’asthme, d’origine principalement allergique. Près de 10 % des moins de 3 ans ont un eczéma et 8 % une allergie alimentaire. Les chercheurs se sont donc penchés sur l’origine de ce « boom » allergique. Il existe plusieurs explications. L’une d’entre elles : la dégradation de l’environnement extérieur, entre la pollution, les déchets rejetés par les usines, les modifications climatiques… Mais c’est loin d’être la seule cause. De nombreuses études ont montré que la concentration de polluants à l’intérieur des bâtiments est très forte. Or, la plupart des Français passent aujourd’hui 80 % à 90 % de leur temps dans des espaces clos et fermés.

Causes : quels sont les différentes sources de polluants nuisant à la qualité de l'air intérieur ?

Ces pollutions ont des origines diverses : biologiques, chimiques ou physiques. De nombreux matériaux de construction ainsi que des éléments de décoration émettent des composés organiques volatils : composés de carbone, d'oxygène et d'hydrogène, très toxiques pour l’organisme. Certains animaux contribuent aussi à polluer nos environnements intérieurs : chiens, chats, les nouveaux animaux de compagnie ou NAC (furet par exemple), acariens et autres blattes sont une importante source d’allergies. Or, la moitié des logements français présente de fortes teneurs en allergènes d’acariens, de chats et/ou de chiens. Les acariens (cousins très éloignés des araignées) sont en général présents dans les literies, moquettes, tapis, canapés, peluches et rideaux. Sachez que ce sont leurs déjections et l’enveloppe de leur cadavre qui provoquent une allergie.
L'Observatoire de la Qualité de l’Air intérieur a également montré que 37 % des logements sont contaminés par des moisissures (visibles ou masquées). Et devinez de quoi se nourrissent les acarien, entre autres ? De moisissures bien entendu ! Des peaux mortes aussi...

Allergies : Comment lutter contre les polluants de la maison avec les bons gestes ?

Sachez qu’avant même la naissance de votre bébé, vous pouvez déjà le protéger des allergies. Les allergies peuvent être héréditaires, si vous êtes enceinte, renseignez-vous auprès des membres de votre famille pour savoir s’il existe d’autres antécédents que les vôtres. Prenez garde aux produits chimiques pendant votre grossesse, ce sont de véritables « saccageurs d’immunité », précise le docteur Nhan PHAM-THI, pédiatre allergologue, immunologue à l’hôpital Necker. N’hésitez pas à en parler avec votre médecin, il pourra vous prescrire éventuellement des probiotiques avant et après la naissance de votre enfant. Ceux-ci permettent de stimuler le système immunitaire et peuvent aider la prévention des maladies.
Pour la chambre de bébé, avant d’acheter du mobilier, regardez les étiquettes. Depuis le 1er janvier 2012, les fabricants doivent préciser la teneur de leurs produits en composés organiques volatils (10 substances à signaler au total).

 

Solution : comment réduire les risques des polluants dans la chambre de bébé


Ça y est, Bébé est là ? On ne le répétera jamais assez, l’allaitement est excellent pour son immunité. Celle-ci joue un rôle non négligeable dans l’apparition des allergies. Les parents peuvent aussi prendre des mesures pour éviter les allergies cutanées en appliquant une crème émolliente sur la peau sèche de leur bébé. Elle permet d’avoir une couche protectrice supplémentaire. Pour en savoir plus, consultez votre médecin ou pédiatre. Sachez qu’un bébé qui fait des infections virales précoces à répétition a un risque élevé d’être asthmatique plus tard.
Dans la vie quotidienne, quelques « bons gestes » sont à connaître. Il est important d’aérer régulièrement son intérieur. Le nettoyage régulier des pièces à l’aide de chiffons humides et tièdes est un bon moyen d’éliminer les poussières et les allergènes sans les remettre en suspension dans l’air ambiant. Vous pouvez aussi faire l’acquisition d’un aspirateur à filtre HEPA qui retient jusqu’à 99,7 % des particules. Nettoyez régulièrement les filtres pour une utilisation optimale. Il est préférable avant d’acheter un appareil électroménager « purificateur d’air » d’en parler à votre allergologue. Certains de ces appareils seraient nocifs et source d’allergènes. Attention aussi au tabac, les fumeurs doivent à tout prix aller fumer à l’extérieur de la maison !
Pour lutter contre les acariens, vous allez devoir faire attention à l’humidité de votre logement. Choisissez bien votre literie : achetez une housse anti-acariens si cela vous est conseillé. Lavez régulièrement votre housse de couette, vos oreillers, etc. Même chose pour les peluches et le doudou de votre bébé. Petite astuce : il est préférable de laver le linge de maison et doudou à 60° tous les 4 mois.
En ce qui concerne les moisissures, évitez d’acheter des produits anti-moisissures. Préférez un peu d’eau de javel diluée pour laver les endroits « contaminés ». Attention aussi aux plantes et aux joints du réfrigérateur.

Risques allergiques et maladies respiratoires : et à l’école ?

En 2011, près de 7 millions d’enfants ont fait leur rentrée à l’école. Autant dire que la qualité de l’air intérieur dans les écoles est devenue une préoccupation de santé publique car c’est le deuxième lieu de vie des enfants français. Selon le docteur Nhan PHAM-THI, les composants chimiques présents dans les établissements scolaires sont un véritable « cocktail de poisons ». Les enfants peuvent être quotidiennement exposés à des contaminants chimiques ou organiques : moisissures, allergènes d’animaux domestiques, d’animaux nuisibles, polluants physico-chimiques comme le dioxyde d’azote. On retrouve aussi les fameux composés organiques volatils. L’origine de ces allergies et produits toxiques ? La localisation des établissements scolaires, les matériaux de construction utilisés, l’ameublement, les fournitures scolaires, les produits d’entretien, le taux d’occupation des salles de classe et le manque d’aération des locaux. La plupart des écoles ne sont pas équipées de système de ventilation… D’ailleurs, le taux de renouvellement d’air est inférieur aux recommandations. Dès le 1er janvier 2015, une réglementation sera mise en place pour les établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de 6 ans et les écoles maternelles (pour les écoles élémentaires il faudra attendre le 1er janvier 2018), une surveillance obligatoire de la qualité de l’air intérieur sera instaurée dans ces établissements. La présence des trois substances les plus nocives (formaldéhyde, benzène et dioxyde de carbone) sera évaluée en premier lieu. Cette réglementation prévoit également une évaluation des moyens d’aération. « Probablement pas suffisant » selon le docteur Nhan PHAM-THI qui appelle à revoir la politique de prévention. Le médecin incite les parents à devenir acteur de cette prévention. « Il ne faut pas hésiter à aller voir le cahier des charges des constructions, quelles peintures sont utilisées, les moyens d’aérations seront-ils suffisants ? Quels composants y-a-t-il dans les revêtements ? etc ». Sachez aussi qu’un étiquetage sanitaire des produits de construction, de revêtement (murs et sols) et des peintures et vernis est imposé depuis le 1er janvier 2012 pour les nouveaux produits mis sur le marché. Cette transparence accrue devrait encourager le recours aux produits moins toxiques lors de la construction ou la rénovation des bâtiments.

 

Faut-il revenir à « l’âge de pierre » ? 
C’est ce que démontre une étude toujours en cours. Des chercheurs ont fait deux recherches croisées. L’une avec un groupe d’enfants vivant dans des fermes traditionnelles et l’autre avec un groupe d’enfants de référence classique. Ceux qui grandissent dans un environnement qui permettent une vaste gamme d’exposition microbienne comme dans les fermes traditionnelles sont protégés de l’asthme infantile et de l’atopie. Pour l’instant, les chercheurs n’arrivent pas à identifier le ou les facteurs majeurs mais plutôt des groupes de microbes associés à la consommation du lait de ferme qui confèrent cette protection face aux allergies et à l’apparition de l’asthme. Le défi : identifier les éléments protecteurs et déterminer ces espèces avec précision, leur mode d’action, pour ainsi mieux protéger les enfants de l’asthme infantile.

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