Les enfants de plus en plus allergiques

Publié par Christine Avellan  |  Mis à jour le par

Les allergies sont de plus en plus fréquentes chez les adultes, comme chez les plus jeunes. Peut-on prévenir leur apparition ? Les bons réflexes à adopter.

Allergies: la prévention est possible

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un enfant sur quatre dans le monde est prédisposé à l’allergie. Chez les 3-6 ans, l’allergie respiratoire est l’une des maladies chroniques les plus répandues. Quant à l’allergie alimentaire, les enfants sont trois fois plus touchés que les adultes. Le phénomène va croissant. L’OMS prévoit que d’ici 2050, une personne sur deux aura développé au moins une allergie. Plusieurs pistes expliquent cette explosion. Certains médecins mettent en cause un excès d’hygiène dans les pays développés. Un paradoxe ? Pas si sûr, car à force de vouloir vivre dans un environnement aseptisé, les enfants sont moins en contact avec des agents infectieux. Résultat : leur système immunitaire, moins stimulé, serait donc plus fragile. Ce qui favoriserait le développement des allergies. Pour appuyer cette théorie, des études montrent que les enfants issus de familles nombreuses, ceux qui vont à la crèche, ou encore ceux qui vivent à la campagne et sont souvent en contacts répétés avec des animaux, sont moins allergiques.

D'où viennent les allergies ?

Pour rappel, le système immunitaire arrive en première ligne dans la réponse allergique qui identifie certaines molécules (pollens, acariens, aliments…) comme étant dangereuses. L’organisme surréagit alors par une série de manifestations inflammatoires – nez qui coule, eczéma, gonflement des lèvres… – et dans les cas extrêmes, par un choc anaphylactique qui peut être mortel. Autre cause avancée pour expliquer ce boom des allergies : les conditions climatiques, et notamment la pollution atmosphérique à l’extérieur comme dans nos maisons. « Autant de facteurs irritants pour le système respiratoire des plus jeunes, précise le Dr Isabelle Annesi-Mæsano. Petite précision : non seulement, certains polluants jouent un rôle dans le développement de l’asthme et des allergies, mais surtout ils aggravent les réactions allergiques, leur étant associées. » Parmi les plus courants, on retrouve l’ozone, les oxydes d’azote ou les microparticules provenant des gaz d’échappement ou de la combustion. De plus, les changements climatiques et la pollution augmentent la durée des saisons polliniques. Du côté des allergies alimentaires, le changement de nos habitudes de consommation est également mis en cause. Les rayons des magasins regorgent de plus en plus de fruits exotiques, d’épices et de condiments nouveaux. On consomme davantage de produits industriels pouvant contenir des allergènes (exhausteurs de goûts, épaississants, édulcorants…). Face à autant de nouveautés, l’organisme des tout-petits a parfois du mal à s’adapter et risque de développer une allergie.

Le rôle majeur de la génétique

Mais si ces facteurs environnementaux sont montrés du doigt, il n’en reste pas moins que la génétique joue un rôle primordial dans leur apparition, même si elle n’explique pas l’augmentation des allergies. En effet, le principal risque de développer une allergie est le facteur héréditaire. Un enfant dont un des parents est allergique a environ 40 % de risques de le devenir. Si ses deux parents en sont atteints, le risque grimpe à 60 %, voire 80 % s’ils souffrent tous les deux de la même allergie. On dit alors que l’enfant a un « terrain atopique». Mais tous les enfants à « risque» ne développent pas pour autant une allergie et certaines mesures de prévention durant la grossesse et les premiers mois du bébé peuvent changer la donne. Ainsi, il est recommandé aux femmes enceintes de ne pas fumer. Bien entendu, il y a d’autres raisons médicales, mais de nombreuses études montrent que le tabagisme durant la grossesse multiplie le risque d’asthme chez l’enfant. Quant à l’allaitement maternel, il pourrait retarder l’apparition de l’eczéma chez le bébé et en limiter la sévérité. Enfin, respecter le bon tempo lors de la diversification alimentaire permettrait de prévenir l’apparition des allergies.

Un dépistage précoce

Ainsi, certains moyens de prévention peuvent donc limiter les risques. Et ce n’est pas tout. En misant sur un dépistage précoce, il est aussi possible d’empêcher l’aggravation des symptômes allergiques, ainsi que le développement de nouvelles allergies. Car il s’agit d’une maladie évolutive qui, faute de traitement ou de prévention, peut s’aggraver. Un tout-petit avec une allergie nasale aux acariens ou aux pollens peut plus tard devenir asthmatique. De plus, cela permet de mettre en route rapidement des mesures adaptées. Et l’on sait que plus le traitement est débuté tôt, plus il est efficace. D’où l’importance d’être attentif à certains symptômes répétitifs chez votre enfant ou qui apparaissent à certaines saisons. Les signes à repérer : nez qui coule, démangeaisons, yeux qui pleurent, toux… Chez les nourrissons, les manifestations allergiques les plus courantes sont les réactions cutanées (eczéma), ou digestives (ballonnements, régurgitations). Ensuite, il est important de consulter un médecin pour établir un diagnostic. Il vous interrogera sur vos antécédents familiaux, la présence d’animaux à la maison… Autant d’informations pour s’orienter vers une allergie alimentaire, respiratoire ou cutanée. Puis l’allergologue prend le relais. Grâce à un bilan poussé, il va identifier les allergènes coupables. Avec des tests cutanés, appelés Prick tests. Effectués au niveau des bras ou sur le dos pour les bébés, ils sont indolores et peuvent être pratiqués dès les premiers mois. Généralement, ces tests suffisent à cibler les allergènes, mais l’allergologue peut aussi demander une prise de sang afin de doser les immunoglobulines E (IgE) spécifiques, les anticorps de l’allergie. Ces dosages sanguins permettent d’évaluer l’intensité de l’allergie et de définir quelle molécule est en cause. Un préalable indispensable à une prise en charge adaptée et la plus confortable possible pour l’enfant. 

Témoignage : « Pas d’école pour mes filles lors des pics de pollution ! »

L’air ne serait pas forcément meilleur à la montagne ! Et certains parents en viennent même à prendre des mesures radicales, comme en témoigne le Dr Champly :

« De plus en plus d’enfants qui vivent près de Chamonix sont touchés par des symptômes liés à la mauvaise qualité de l’air, comme des toux  chroniques ou des crises d’asthme, sans rapport avec une quelconque allergie. Les consultations à l’hôpital de Sallanches et chez les pédiatres augmentent lors des pics d’alerte. Pourtant, la montagne est instinctivement associée à un air pur. Mais, en réalité, les sources de pollution sont nombreuses : le chauffage au bois, les axes routiers très fréquentés. Comme les vallées sont encaissées, la « ventilation » se fait mal et les microparticules s’accumulent. Certains parents que je vois en consultation modifient même leurs pratiques, comme attendre les périodes de pluie pour laisser leur enfant rejouer dehors, car cela permet aux microparticules en suspension d’être déposées au sol. C’est préoccupant lorsque ces contraintes commencent à impacter nos habitudes ! Mais on n’a pas le choix. D’ailleurs, avec ma femme, nous avons un rituel lors des pics de pollution : on vérifie la qualité de l’air de notre région sur air-rhonealpes.fr, airparif.asso.fr… S’il y a une alerte, nous n’envoyons pas nos filles à l’école. Car aucune mesure n’est prise par la commune pour interdire les récréations. Or, quand l’air est trop pollué, il faut limiter tout effort physique important (même simplement courir) pour éviter que les microparticules ne pénètrent trop loin dans les poumons. Les parents devraient demander aux directeurs d’école de ne pas laisser les enfants dehors dans ces moments-là. ».

Sujets associés