Comment aider son enfant à bien vivre avec son allergie ?

Publié par Catherine Marchi, psychologue et coach  |  Mis à jour le

Les allergies ont des répercussions psychologiques sur les enfants qui en sont atteints. On vous explique comment aider votre tout-petit à apprendre à vivre avec sa maladie et se sentir bien dans sa tête.

Quelques conseils pour l'aider à mieux vivre avec son allergie

Selon des recherches récentes, près de 70 % des parents constatent que les allergies impactent la qualité de vie de leurs enfants. Frustrations, isolement, peur, c’est loin d’être facile à porter. Il faut dire que voir son enfant souffrir d'une crise d'asthme peut être impressionnant.  Mais comme le souligne Aurore Lamouroux-Delay, responsable de l’École de l’asthme de Marseille  : « Contrairement aux idées reçues, les enfants allergiques ne sont pas par nature plus sensibles psychologiquement ni plus fragiles affectivement que les autres. C’est le côté fluctuant de ces maladies chroniques, l’alternance entre temps de crise, épisodes aigus imprévisibles et temps “comme tout le monde” qui ont une influence sur l’image que les enfants ont d’eux-mêmes.  » 

Il ne faut pas dramatiser, c’est essentiel

Les crises d’asthme ou réactions allergiques sont impressionnantes, elles peuvent même parfois mettre la vie de l’enfant en danger. Du coup, il y a une dramatisation du symptôme. Ce sentiment de ne pas maîtriser, de devoir toujours être sur ses gardes est angoissant pour les enfants, et pour les parents, qui vivent dans la peur. La conséquence, c’est une tendance à surprotéger leur bout de chou. On les empêche de courir, de faire du sport, de sortir à cause du pollen, d’aller aux anniversaires du copain chez qui il y a un chat. C’est justement ce qu’il faut éviter, car ça risque d’augmenter son sentiment d’être marginalisé par son allergie.

Les parents d'enfants allergiques ont tendance à surprotéger leur bout'chou. C'est justement ce qu'il faut éviter, pour ne pas accroître leur sentiment d'être différents des autres. 

L'allergie côté psycho

Comment faire pour protéger et rassurer sans alarmer ? C’est tout le challenge ! S’il ne faut pas dramatiser, il faut néanmoins faire prendre conscience à l’enfant de ce dont il souffre, et l’aider à se familiariser avec sa maladie. Pour éviter qu’il ne s’angoisse, il est important de répondre à ses questions, d’en parler sans tabou. On peut utiliser des livres comme support de discussions, on peut inventer des histoires pour faire passer les messages. L’éducation thérapeutique passe par des mots simples. Mieux vaut partir de leurs expressions à eux, leur demander dans un premier temps de verbaliser leurs symptômes et leurs émotions  : « Qu’est-ce que tu as ? Ça te fait mal quelque part ? Comment ça se passe quand tu es gêné ? » Ensuite, vos explications peuvent venir.

Dans son excellent livre « Les allergies » (éd. Gallimard Jeunesse/Giboulées/Mine de rien), le Dr Catherine Dolto l’explique de façon claire  : « Les allergies, c’est quand notre corps se fâche. Il n’accepte pas quelque chose qu’on respire, qu’on mange, qu’on touche. Alors il réagit plus ou moins fort : on a un très gros rhume, de l’asthme, des boutons, des rougeurs. C’est embêtant car il faut chercher “l’allergène”, ce qui provoque l’allergie, et le combattre. C’est parfois un peu long. Ensuite, on est désensibilisé et on guérit. Sinon, il faut faire toujours attention à certains aliments, et divers produits dont on sait qu’ils peuvent nous rendre malades. Cela demande du courage, de la force de caractère, mais la famille et les amis sont là pour nous aider. »

Responsabiliser l'enfant allergique

Dès 2-3 ans, un tout-petit peut apprendre à faire attention. Une fois que l’allergologue a déterminé ce qu’il faut éviter absolument, il faut être ferme  : « Ça, c’est interdit pour toi parce que c’est dangereux ! » Et s’il pose la question  : « Est-ce que je peux mourir si je mange ça ? », mieux vaut ne pas éluder, lui dire que ça peut arriver, mais que ce n’est pas systématique. Plus les parents sont informés et sereins avec la maladie, et plus les enfants le sont aussi. Le fait d’avoir de l’eczéma, de ne pas manger la même chose que les autres, exclut du groupe. Or, à cet âge, c’est très important d’être comme tout le monde. Les parents ont un travail de revalorisation de l’enfant  : « Toi, tu es spécial, mais tu peux jouer, manger, courir avec les autres ! » Il est aussi important qu’il en parle spontanément à ses camarades. L’asthme, ça peut faire peur, l’eczéma, ça peut dégoûter… Pour l’aider à faire face aux réactions de rejet, il doit expliquer que ce n’est pas contagieux, que ce n’est pas parce qu’on le touche qu’on va attraper son eczéma. Si l’allergie est bien comprise, bien acceptée, bien contrôlée, l’enfant vit bien sa maladie et profite de son enfance en toute quiétude. 

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