Allergie alimentaire : comment savoir si bébé est concerné ?

Publié par Marion Bellal  |  Mis à jour le par Marion BellalAvec Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste, fondatrice d'EPM Nutrition et exerçant à l'hôpital Necker, au Centre de référence de l'obésité de l'enfant.

Et si bébé faisait une allergie alimentaire ? Elles sont effectivement en augmentation chez les tout-petits. Comment savoir si bébé est allergique ? Quels sont les symptômes et comment y remédier ? Avant de vous lancer dans l'éviction de certains aliments, on fait le point.

Diarrhées, boutons, vomissements… Et si ces symptômes étaient ceux d'une allergie ? Dans le monde, un enfant sur quatre est allergique (toutes allergies confondues). Et les enfants sont trois fois plus touchés que les adultes par les allergies alimentaires ! Les allergènes les plus fréquents sont :

  • les oeufs,
  • le lait de vache,
  • l'arachide,
  • le poisson
  • et les fruits à coque.

Symptômes d'une réaction allergique : comment les reconnaître (bouton, eczéma, œdème...) ?

En principe, n'importe quel aliment peut déclencher une allergie alimentaire et les signes visibles de l'allergie peuvent n'apparaître que plusieurs heures, voir plusieurs jours après l'exposition.

Un gonflement des lèvres (ou œdème) après avoir mangé des cacahuètes est un signe évident d’allergie. Mais la plupart du temps, c’est plus compliqué. « Démangeaisons, rhinite allergique, ballonnements, diarrhée, asthme… peuvent très bien être les signes d’une réaction allergique », explique Laurence Plumey, médecin nutritionniste exerçant à l'hôpital Necker.

Comment être sûrs, alors, du diagnostic ? Chez les plus petits, l’allergie alimentaire se manifeste le plus souvent par une dermatite atopique, c’est-à-dire un eczéma. Ensuite, il est important de repérer à quel moment ces réactions se produisent. Si c’est systématiquement après avoir consommé tel ou tel aliment, c’est un bon indice.

Est-ce qu'un bébé peut être allergique ?

Notre nourrisson peut tout à fait être allergique. Certaines allergies alimentaires peuvent se manifester de manière immédiate et aiguë dès l'introduction des premiers biberons au lait autre que maternel, ou bien lors du début de la diversification alimentaire, voire un peu plus tard, en mangeant un aliment en particulier. Notre bébé va alors avoir différentes réactions cutanées, respiratoires et digestives:

  • Urticaire 
  • Vomissements
  • Oedème
  • Diarrhée
  • Malaises

Mais notre nourrisson peut aussi avoir des manifestations retardées, avec des symptômes plus diffus:

  • Coliques
  • Eczéma
  • Constipation
  • Troubles du sommeil

Au moindre soupçon d'allergie alimentaire, pensez à tout noter : nature de l'aliment, réactions de bébé, date et heure du repas et du malaise...

L'allergie aux protéines de lait de vache, très fréquente chez les nouveau-nés

Il y a cinq allergènes principaux : le blanc d’œuf, l’arachide, les protéines du lait de vache, la moutarde et le poisson. Avant 1 an, les protéines du lait de vache sont le plus souvent mises en cause, puisque le lait est le principal aliment consommé. Après 1 an, c’est surtout le blanc d’œuf. Et entre 3 et 6 ans, plus souvent l’arachide !

L'allergie aux protéines de lait de vache tient donc une place prépondérante chez l'enfant de moins d'un an. La meilleure prévention est l'allaitement pendant la première année de vie de bébé, mais si votre bébé ne peut pas être allaité ou que vous ne le souhaitez pas, vous pouvez vous tourner vers un lait infantile, certifié comme préparation pour nourrissons par l'Union européenne et souvent vendu en pharmacie, à base de protéines autres que celles du lait de vache (soja...).

Que faire en cas d'allergie alimentaire chez le nourrisson ?

Le diagnostic de l'allergie alimentaire repose sur un interrogatoire autour des habitudes alimentaires de bébé, ainsi que de ses antécédents allergiques personnels et familiaux.

Après réalisation de tests par un.e médecin (patch-test pour l'allergie au lait par exemple) permettant d'identifier les aliments en cause, ces derniers sont supprimés de l'alimentation. Aussi, plus vos informations seront précises, plus vous aiderez la soignante ou le soignant dans sa tâche. En cas de doute, conservez les étiquettes des aliments récemment donnés à bébé.

Peut-on prévenir les allergies alimentaires du bébé ?

Il est recommandé, afin d'éviter autant que possible le développement d'allergies, de commencer, sur validation de votre pédiatre, ladiversification alimentaireentre 4 mois révolus et avant 6 mois. Cette fenêtre de tolérance permet à l’organisme de mieux tolérer les nouvelles molécules. Ces recommandations sont valables pour tous les bébés, qu’il y ait ou non un terrain atopique.

Petite précaution : mieux vaut donner un aliment nouveau à la fois, pour repérer plus facilement d’éventuelles réactions.

Un enfant peut-il consommer un peu de l’aliment auquel il est allergique ?

« S’il estallergique, il est impératif d’exclure totalement le(s) aliment(s) en cause. Car l’intensité des réactions allergiques ne dépend pas de la dose ingérée. Parfois, une infime quantité peut provoquer un choc anaphylactique », alerte Dr Laurence Plumey.

La réaction allergique peut aussi être déclenchée en touchant ou en respirant l’aliment. On évite donc de manger des cacahuètes à côté d’un enfant allergique à l’arachide. « En cas d’allergie aux œufs, par exemple, mieux vaut ne pas utiliser de produits cosmétiques qui en contiennent (shampooings…), prévient la nutritionniste. Idem pour les huiles de massage à l’amande douce, en cas d’allergie à l’arachide. En revanche, votre enfant peut être allergique au lait cru, mais très bien le tolérer lorsqu’il est cuit, dans des gâteaux. D’où l’importance de consulter un allergologue pour poser un diagnostic fiable et ne pas supprimer inutilement certains aliments de ses menus. »

Peut-on guérir son bébé d’une allergie alimentaire ?

Bonne nouvelle : certaines allergies sont transitoires. Dans plus de 80 % des cas, l’allergie aux protéines de lait de vache guérit vers 3 ou 4 ans. De même, les allergies à l’œuf ou au blé peuvent régresser spontanément.

Sinon, il est possible de faire une désensibilisation. En pratique, on donne très progressivement, de petites quantités croissantes de l'aliment à l'origine de la réaction allergique. Le but : permettre à l’organisme de tolérer l’allergène. La réintroduction doit bien sûr être menée par un.e allergologue, voire à l'hôpital, le risque de développer une réaction sévère étant toujours présent.

Les enfants sont-ils de plus en plus touchés ?

Le changement de nos habitudes de consommation est souvent mis en cause pour expliquer le développement croissant des allergies chez les bébés et les enfants. On mange en effet davantage de produits industriels, qui contiennent de nombreux allergènes (exhausteurs de goûts, épaississants, édulcorants…). Face à tant de nouveautés, l’organisme des tout-petits a parfois du mal à s’adapter et risque de déclencher une allergie.

Il n’en reste pas moins que la génétique joue un rôle primordial. Par exemple, un enfant dont les parents sont allergiques a environ 40 % de risques de le devenir aussi. Si ses deux parents en sont atteints, le risque grimpe à 60 %, voire 80 % s’ils souffrent tous les deux de la même allergie.

Les allergies croisées sont-elles possibles chez les enfants ?

Quel rapport entre le lait et le soja ou entre le kiwi et les pollens de bouleau ? Il s’agit d’éléments d’origine très différentes mais dont la structure biochimique est proche. Dans certains cas, l’organisme peut donc réagir à plusieurs allergènes. On parle alors d’allergie croisée. « Par exemple, un enfant peut être allergique aux protéines du lait de vache et au soja ou à l’amande et à la pistache », précise Laurence Plumey.

Il existe également des allergies croisées plus surprenantes, comme celle qui associe des fruits et légumes avec des pollens d’arbres, à l'instar de l’allergie croisée entre le kiwi et les pollens de bouleau, ou entre l’avocat et le latex contenu dans les jouets.

Allergie ou intolérance alimentaire : quelles différences ?

Attention, il ne fait pas confondre allergies alimentaire et intolérances alimentaires. Dans ce dernier cas, l'enfant peut présenter :

  • Des réactions toxiques liées à la présence d'un contaminant dans l'alimentation.
  • Des réactions pseudo-allergiques, où certains aliments reproduisent les même symptômes qu'en cas d'allergie.
  • Une intolérance au lactose liée à la mal ingestion du sucre du lait par l'intestin.

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