La socialisation et l’éveil : les deux points forts de la collectivité ?

Publié par Elodie-Elsy Moreau  |  Mis à jour le par

La socialisation et l’éveil des enfants sont les principales vertus attribuées aux lieux d’accueils collectifs. Mais la crèche est-elle plus apte à booster leur développement que leurs parents ou une assistante maternelle ? Réponses.

Les enfants issus de la crèche, plus sociables : le match

On entend souvent dire que les bambins allant à la crèche sont plus sociables que les autres. Mais pour Sylviane Giampino, il s’agit « d’une idée reçue ». « Tout repose sur la qualité du mode d’accueil. Si l’enfant a appris à faire confiance, a tissé des relations en dehors de sa famille, même en étant chez une assistante maternelle, il ira vers ses camarades. Et ceux qui n’ont pas eu, jusqu’à 3 ans, l’occasion de se frotter aux codes communs, les apprendront à l’école sur le tas ».
Laurence Rameau, ancienne directrice de crèches, tient le discours inverse. « Les instituteurs de maternelle constatent une réelle différence chez les petits ayant été en collectivité. Ils ont une véritable aptitude à rencontrer les enfants et à se construire avec l’autre. Certains experts prétendent qu’un bébé est centré sur lui-même, qu’il est préférable d’éviter la collectivité avant 18 mois, mais c’est une fausse croyance des années 1980-90. Sans oublier la grande capacité d’imitation des enfants. Pour preuve, les pleurs se propagent telle une contagion. Les bébés font aussi preuve d’empathie. On voit souvent un petit prêter son doudou à l’un de ses camarades malheureux ». En clair, pour la spécialiste, « même avant de marcher, le tout-petit noue des liens d’attachement profonds et constants avec d’autres enfants, nécessaires pour explorer le monde. Les référents ont aussi une place importante. S’ils ne sont pas trop nombreux et s’il y a une cohérence dans le projet pédagogique, cela permet au petit de choisir avec quelle personne il préfère avoir une relation forte, en plus de celle qu’il a avec sa mère, qui est exclusive. Ce lien est bénéfique si celui qu’il a avec sa mère est défaillant ».

La première socialisation passe par les adultes

La psychologue Myriam Rasse met elle aussi l’accent sur la relation que tisse le petit avec les professionnels : « la première socialisation, aidant l’enfant à se construire, s’effectue avec les adultes. Si le bébé se sent reconnu, pris en compte, il va apprendre à faire attention à l’autre. Toutes ses expériences vont lui servir de modèles pour construire ses futures relations avec ses pairs. Car la socialisation, c’est avant tout prendre en compte l’autre. Et l’enfant ne peut pas reconnaître ses camarades, s’il ne se connaît pas lui-même ». La directrice l’Association de Pikler-Loczy France dénonce également une certaine tendance à conditionner les bambins. « Certains parents pensent qu’il faut apprendre aux enfants à partager. Or, plus on protège son activité, plus il partagera quand il sera prêt. On l’observe en collectivité : quand un petit prend le jouet d’un autre, il ne peut pas imaginer que l’autre ne veut pas lui donner, qu’il est différent de lui. A ce stade, il n’a pas encore cette maturité psychique pour comprendre la notion de partage. Néanmoins, les conflits, peuvent, dans la mesure où ils ne prennent pas d’ampleur, avoir des valeurs structurantes pour l’enfant. Il comprend ainsi que vivre avec les autres est compliqué ».

La collectivité : bénéfique pour l’éveil de Bébé

« En accueil individuel ou collectif, ce qui prime pour le nourrisson, c’est la qualité des soins qui lui sont apportés, pose Sylviane Giampino. Mais pour les plus grands, la crèche permet une liberté de mouvement indéniable. C’est vrai, beaucoup d’enfants s’ennuient en accueil collectif, parfois par manque de jeux personnalisés, mais la crèche offre une multitude d’activités ». Laurence Rameau partage également ce point de vue : « ce type de structure augmente les possibilités d’apprentissages. Les bébés sont plus intelligents ensemble. L’un commence un jeu, l’autre le continue, et ainsi de suite… Le développement cognitif d’un petit s’effectue grâce au groupe. De nombreuses recherches en neurosciences l’ont démontré ».

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