Cosmétiques pour bébés : quels sont les produits à éviter ?

Publié par Candice Satara-Bartko  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Certaines substances chimiques utilisées dans les cosmétiques pour bébés présentent des risques pour la santé. Tour d’horizon des ingrédients à éviter et des bons réflexes à avoir. 

Produits d'hygiène pour le bain, la toilette et le change : Protéger son bébé des produits toxiques

« La peau d’un bébé a une perméabilité normale, autrement dit un produit ne pénètre pas plus que dans celle d’adulte, explique le Pr Gérard Lorette, chef de service de dermatologie au CHU de Tours. En revanche, sa surface cutanée par rapport à son poids est très importante, il a ainsi potentiellement plus de risque d’être contaminé par des substances toxiques. » Or, la majorité des produits de toilette pour bébés (lotions, savons, etc.) contiennent justement des substances irritantes et/ou dangereuses pour la santé. Deux études récentes ont fait ce constat inquiétant. La première a été menée par . L’ONG a testé 341 produits pour bébés comme les lingettes, shampooings ou encore laits nettoyants. Résultat : 299 sont composés d'ingrédients à "risque élevé", et des composants classés “à risque modéré” ont été retrouvés dans 181 produits. L'Union fédérale des consommateurs (UFC)-Que choisir a également de son côté mené l'enquête sur des cosmétiques du quotidien. Sur les 185 produits testés, 62 contenaient des allergènes, majoritairement de la méthylisothiazolinone (MIT). 101 produits présentaient également des perturbateurs endocriniens dans leur composition, 8 lingettes pour bébés comportaient notamment du phénoxyethanol. Si de manière générale, les fabricants respectent les doses réglementaires avec des concentrations de produits faibles, les spécialistes s’inquiètent de l’effet induit par l’addition des substances.

Quels produits de toilette à éviter chez bébé : attention aux composants à “risque élevé”

Liste produits toxiques : Le méthylisothiazolinone (MIT)


Ce conservateur du groupe des isothiazolinones est utilisé dans de nombreux produits de soin par les industriels en remplacement des parabens. Dans l’étude WECF, (le méthylisothiazolinone ou MIT) a été retrouvé dans 19 produits, dont sept lingettes. Il est désormais confirmé que ce produit provoque des allergies importantes. Dans le cas des lingettes, le risque est d’autant plus élevé que le produit n’est pas rincé. En 2012, la Société française de dermatologie (SFD) alertait sur le risque d’eczéma du visage et du siège déclenchés par l’utilisation de lingettes nettoyantes contenant ce conservateur.

Le phénoxyéthanol, un perturbateur endocrinien


En 2012, l’ANSM a recommandé, pour les enfants de moins de 3 ans, de ne pas utiliser de phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques destinés au siège, et de restreindre la concentration de cette substance dans tous les autres types de produits à 0,4 %. Cette substance a pourtant été retrouvée au-delà du seuil dans 54 produits, dont 26 lingettes dans l'étude WECF. Les effets toxiques du phénoxyéthanol sur la reproduction ne sont plus à prouver. C’est ce qu’on appelle un perturbateur endocrinien, une substance qui a la faculté d’interférer avec les messages hormonaux et de les dérégler. L’exposition aux perturbateurs endocriniens est associée à de nombreuses pathologies, parmi lesquelles les cancers du sein, les pubertés précoces, les fausses couches… Alors on regarde bien les listes d'ingrédients des cosmétiques avant d'acheter !

Les parfums
Dans l’échantillon WECF, 26 produits de soin contenaient du parfum. Problème, celui-ci induit des risques potentiels d’allergies et surtout, des phtalates, perturbateurs endocriniens notoires, entrent dans sa composition. Mais cette dernière information n’est jamais indiquée sur l’étiquette des produits.

Produits pour laver le jeune enfant : les ingrédients à “risque modéré”

L’ONG WECF a retrouvé des ingrédients classés “à risque modéré” dans 181 produits. Parmi eux, l'éthylène diamine tétra-acétique (EDTA), une substance potentiellement irritante, tout comme les sulfates, agents moussants, présents en grande majorité dans les produits pour le bain et les shampooings. Ces substances altèrent le film lipidique de la peau et contribuent au dessèchement cutané. Les huiles minérales, issues de la chimie du pétrole, bouchent les pores et empêchent la peau de respirer. De plus, il existe un risque de contamination par des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) cancérigènes. Prudence également avec les produits solaires qui contiennent parfois des nanoparticules, dont les effets sont encore peu connus.

Quel produit de toilette choisir : les bons réflexes pour protéger le nourrisson

- On limite les produits cosmétiques. « On met beaucoup trop de choses sur la peau des nouveau-nés et des nourrissons, alerte le Pr. G. Lorette. Un enfant qui a une peau normale n’a pas besoin qu’on lui applique tous ces produits.
- On vérifie la liste des ingrédients dans les produits. Ne pas se fier à la mention « hypoallergénique ». Non réglementée, elle indique seulement que le fabricant a formulé son produit sans allergènes notoires, et qu’il l’a éventuellement testé sur un panel de consommateurs.
- On évite les lingettes nettoyantes. La peau du siège est très fragile et l’humidité facilite la pénétration des produits. Une toilette douce pour les fesses et les zones génitales avec un savon surgras au pH neutre est suffisante, et il faut bien sécher. Si vous utilisez des lingettes jetables, veillez à ce qu’elles ne contiennent ni phénoxyéthanol, ni parabens, ni parfums.
- Bon à savoir : il n’y a pas de raison médicale à baigner un bébé tous les jours.
- On privilégie les produits portant des labels biologiques : Ecocert, Cosmebio, Nature et Progrès, NaTrue. Ils contiennent au minimum 95 % d’ingrédients d’origine naturelle.

Enfin, sachez que la grossesse aussi est une période à risque vis-à-vis des polluants, aussi faut-il adopter quelques bons réflexes pour se protéger des perturbateurs endocriniens.

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