Mon bébé fait des crises : comment réagir ?

Suzanne Vallières est psychologue et autrice, notamment, de la série de livres Les Psy-trucs, dans laquelle elle répond à toutes les questions que les parents se posent ! Pour Parents, elle revient sur tous ses bons conseils afin de gérer les colères de nos tout-petits. 

Dès la naissance, votre nourrisson peut vous inquiéter avec ses grosses crises de larmes... C'est tout à fait normal et le maître-mot dans ses situations est de faire preuve de patience. À moins de 3 mois, on estime qu'un bébé pleure en moyenne 2 à 3 heures par jour sans raison particulière (faim, douleur, maladie...).

Si vous vous sentez débordés, en tant que jeunes parents, face à ces impressionnantes colères, n'hésitez pas à demander de l'aide à votre entourage ou aux professionnels de santé. Pour calmer les pleurs des nourrissons, on peut tenter de lui chanter une berceuse, de lui donner un bain, de le masser, de l'emmener faire un tour ou encore de le bercer. Et bien sûr, on ne lésine pas sur les câlins et les mots d'amour avec notre voix rassurante de parents ! On s'assure aussi que sa couche est propre et qu'il n'a pas faim. Si ses crises nous inquiètent, on peut bien sûr en parler à notre pédiatre ou sage-femme.

Votre enfant vit une période qui caractérise la plupart des enfants vers l’âge de 2 ans : la fameuse phase d’opposition ou période du "non" ! Elle se manifeste justement par les "NON" incisifs débités par bébé, face à n'importe laquelle de vos demandes, mais aussi des crises, des pleurs et des colères. Pendant cette phase, votre bébé réclame plus d’autonomie (ce qui est une bonne nouvelle en soi) et veut s’affirmer, mais le vocabulaire lui manque. Il s’oppose ou démontre alors ses frustrations en utilisant les moyens dont il dispose... potentiellement bruyants ! Rassurez-vous, la très grande majorité des enfants de 2 ans passe par cette phase, qu'on appelle aussi le Terrible Two, et qui s'atténue d'elle-même autour de 3 ans. 

Au cours de cette période, votre bébé peut :

• crier, hurler ou pleurer pendant ses colères
• se rouler par terre et donner des coups
• mordre quand on essaie de le prendre dans nos bras
• lancer des objets vers nous ou dans l'air
• ou même retenir sa respiration

Ces crises peuvent avoir lieu pour de multiples raisons : votre enfant ne veut pas accéder à votre demande, vous avez refusé qu'il fasse quelque chose, il est dépassé par ses sentiments, il est fatigué, il a faim, il ne se sent pas bien, il ne réussit pas à faire quelque chose qu'il veut accomplir seul, il veut obtenir votre attention...  

Même si votre enfant est dans un stade normal de son développement, cela ne veut pas dire pour autant que vous devez tout tolérer passivement. Il a besoin d’encadrement et, surtout, de limites et de repères afin de développer sa sécurité personnelle et apprendre à gérer ses colères.

Une bonne façon de faire diminuer l’opposition est de le prévenir à l’avance de ce qui l’attend (dodo, bain, fin d’une activité…). Les enfants détestent l’inconnu et auront souvent tendance à s’opposer devant les faits accomplis. En le prévenant à l’avance, cela lui permet de « se préparer » à la situation, de se sentir en sécurité et d’accepter plus facilement la demande. On peut par exemple appliquer la méthode 5-3-1 : on lui indique qu'on quittera le parc ou qu'on ira au lit par exemple dans 5 minutes, puis dans 3 minutes, puis dans 1 minute !

Lorsque votre enfant fait une crise, restez calme et ne l’isolez pas dans sa chambre (puisque cela ne fera qu’accentuer sa frustration). Si la crise ne passe pas, vous pouvez en revanche vous mettre à distance tout en restant dans son champ de vision pour ne pas l'angoisser, en le laissant s'apaiser tout seul et en n'intervenant que pour sa sécurité. Si vous êtes en public, ne vous souciez pas de ce que pensent les gens : ceux qui pensent que leur enfant ne fera jamais de crise au supermarché ne sont tout simplement pas parents !

Tentez de le consoler en définissant son émotion et en mettant des mots sur ce qui vient de se passer. « Tu es en colère parce que c’est l’heure de faire dodo ? Viens avec maman, on va lire une belle histoire ensemble, dans ton lit ». On lui apprend ainsi à exprimer ce qui la dérange au lieu d’avoir recours aux crises.

Attention à ne pas utiliser le dénigrement pour exprimer votre désaccord : « Tu es méchant », «Tu n’es qu’un bébé »… Ces propos ne feront qu’accentuer l’opposition et les crises de votre enfant. Il faut savoir que malgré ce besoin intense d’affirmer son identité et son indépendance, votre petit a toujours besoin de réconfort et de sécurité. Alors, armons-nous de patience et de compréhension !

Il est tout à fait normal et sain qu'un bébé exprime sa colère ou son désaccord. Il est néanmoins possible d'essayer de réduire le nombre et l'intensité des crises de nos enfants en instaurant des rituels qui leur permettront de se sentir rassurés et de savoir qu'il est l'heure - comme tous les jours - d'arrêter de jouer pour aller déjeuner par exemple. En évitant que bébé soit trop fatigué ou affamé, on s'assure aussi les conditions optimales pour atténuer ses colères. Enfin, vous pouvez tenter de détourner son attention quand vous sentez qu'une crise est proche : le changer de pièce, entamer un jeu avec les couverts pour l'inciter à manger... 

• Essayer de détourner son attention lorsque votre enfant est en situation de crise
• Établissez vos limites clairement
• Ne l’isolez surtout pas
• Réconfortez votre enfant même s’il fait une crise

Si on se sent dépassé, épuisé ou que notre enfant nous semble faire plus de crises que ceux du même âge, on n'hésite pas à consulter notre pédiatre afin de demander de l'aide, des conseils et à s'assurer qu'il n'y a aucun problème médical sous-jacent.