Pourquoi consulter un.e psychologue pour mon bébé ou mon enfant ?

Publié par Estelle Cintas  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Le « réflexe psy » serait-il en train de se démocratiser ? Si certains parents ont encore du mal à l’envisager, d’autres n’hésitent plus à pousser la porte d’un.e psychothérapeute spécialisé.e auprès des bébés et des enfants. Le point.

En quelques secondes, c’est le mythe de l’enfant parfait qui s’écroule. « Pour le personnel de la crèche, mon bébé est "différent". Il a des excès de colère, tape les autres enfants sans véritable raison... J’ai pris rendez-vous chez un pédopsychiatre pour avoir des conseils », s'alarme Sophie, maman d'un petit Guillaume, sur le forum de Parents.

Comment réagir face à ces alertes du personnel scolaire ou, parfois, médical ? Que faire si on a la sensation que notre bout-de-chou ne va pas très bien ? Si le "réflexe psy" semble se démocratiser en France, cela reste encore un phénomène relativement urbain. Pourtant, ces spécialistes de la petite enfance peuvent résoudre un mal-être psy chez votre bébé, de la même façon que le fait votre pédiatre sur le plan physique !

Nourrisson, à quelques mois, enfant de 2 ans : à partir de quel âge peut-on consulter un.e psychologue spécialisé.e en pédiatrie ?

Aujourd’hui, il n’est plus rare qu’un.e pédiatre, une directrice ou un directeur de crèche, ou encore un.e assistant.e maternel.le suggère aux parents, avec les précautions qui s’imposent, d’emmener leur bout’chou chez le « psy ». Et il n'y a rien d'anormal à cela : les professionnels de la petite enfance sont souvent les mieux placés pour déceler un trouble éventuel chez bébé. Celui-ci peut relever d'un comportement suspect, d'une insomnie, d'un retard de développement du langage… Autant de difficultés qui se révèlent plus facilement en dehors du contexte familial.

 

Toutefois, l’annonce de la nécessité d'une consultation auprès d'un.e psy est rarement facile à entendre et les réactions à chaud des parents le confirment. On a spontanément tendance - à tort - à se sentir attaqués dans notre parentalité et nos méthodes d'éducation. Surprise, déni, soulagement... À chacun.e sa façon « d’accuser le coup » !

Psy et enfance : les bienfaits d'une thérapie familiale bébé-parents

Rappelons-nous qu'il n’est pas nécessaire, avant de pousser la porte d'un cabinet, d’attendre que des signes de troubles plus prononcés s’installent : plus la prise en charge par un.e psy est précoce et plus les difficultés se règlent aisément. Du haut de ses quelques mois (seulement, oui !), bébé peut donc tout à fait aller chez le ou la psy, accompagné d’un ou de ses deux parents. 

On a tout à y gagner, d'autant plus parce qu’une consultation n’engage à rien. Il est temps de tordre le cou aux idées reçues : non, une visite chez un.e psy n’entraîne pas forcément un engrenage médical, des visites à répétition et un suivi sur plusieurs années. Parfois, un seul rendez-vous peut suffire à démêler la situation !

Concrètement, le ou la psychologue travaille avec les parents pour comprendre l’origine du problème, qui peut venir du tout-petit lui-même, ou d’une relation parents-enfants perturbée. Dans ce cas, les parents peuvent également se faire aider pour dépasser leurs difficultés. Et souvent, quand ils vont mieux, bébé va mieux !

Pédopsychiatre ou psychologue : quand aller voir l'un ou l'autre ?

Un.e pédopsychiatre est un.e médecin qui a fait de la psychiatrie, avec une formation complémentaire en psychiatrie du bébé, de l’enfant et de l’adolescent.

Un.e psychologue n’est pas médecin, mais sa formation clinique en psychologie lui donne la possibilité de suivre les enfants et leurs parents.

Tous deux sont des psychothérapeutes et travaillent souvent en relation avec d’autres professionnel.le.s, à l'instar de psychomotricien.ne.s ou d'orthophonistes.

Pour le sommeil, l'alimentation, les pleurs... Le recours à un.e thérapeute

La psychologie a pris beaucoup d’importance dans la société et certains parents font désormais eux-mêmes la démarche de consulter un.e psychologue s'ils soupçonnent un problème chez bébé. Mais cette tendance reste malgré tout plus urbaine que rurale. D’autres, au contraire, sont toujours aussi réfractaires à l’idée du psy.

Peur de l’inconnu ? Refus d’accepter le trouble de leur enfant ? Crainte d’être jugés, d’avoir échoué dans leur rôle de « bons » parents ? Il est parfois impossible de concevoir une telle rencontre. Pourtant, toutes ces raisons n’ont pas lieu d’exister. La fonction première d'un.e psychologue n’est autre que d'aider à rétablir l’équilibre de l'enfant et non de culpabiliser les parents. Il est temps de dédramatiser cette consultation qui n’a pas pour but de placer les parents sur le banc des accusés.

On le voit notamment sur les réseaux sociaux : les parents sont toujours en quête d’informations afin d'éclairer leurs doutes. Le dialogue est essentiel, et chacun.e choisira l’interlocuteur ou interlocutrice qui lui convient (un.e proche, un.e ami.e, un.e internaute…) pour trouver les réponses à ses questions. Certes, l’équilibre familial ne peut exister sans communication - ni amour ! - mais ces deux « piliers » ne sont pas toujours suffisants. Alors, quand les parents se retrouvent perdus, sans solution pour leur enfant, quand il n’y a pas un grand-parent, un.e ami.e ou un autre parent plus expérimenté pour démêler le vrai du faux, un.e psy pourrait apporter les maillons manquants et mettre en lumière ce petit quelque chose qui coince…

Témoignages de mamans : la parole d'un.e psy pour repartir sur de bonnes bases

Alertée par la directrice de crèche, Laure pensait que Thomas « avait des troubles de la personnalité, voire même un léger retard psychomoteur, et qu'il fallait consulter rapidement ». Au final, son petit-bout est simplement un enfant précoce qui s’ennuie en crèche ! Rien d’irrémédiable, mais il aura fallu un psy pour s’en rendre compte.

Même chose pour Valérie, qui a emmené son petit Matéo voir une psychologue parce qu’il « ne dormait pas à la crèche ». Pourtant aucun trouble apparent n’a été décelé chez lui… Tant mieux ! Car si les erreurs sont toujours possibles, n’est-il pas préférable de consulter « pour rien » un.e professionnel.le, plutôt que de passer à côté d’un problème qui sera plus difficile à résoudre ensuite ? Au pire, la consultation chez un.e psy permettra de balayer les inquiétudes et de repartir sur de bonnes bases… C’est déjà ça !

Ainsi, Audrey est soulagée d'avoir pu consulter au plus tôt pour son fils : « On m'a conseillée de rencontrer un psychiatre pour mon 3ème enfant, alors qu’il n’avait que 10 mois. J'avais déjà fait deux tentatives d'adaptation dans une halte-garderie, qui s’étaient soldées par des échecs. Soit mon fils pleurait non-stop pendant deux heures et s'endormait épuisé dans mes bras à mon retour, soit il réclamait les bras en permanence, ne dormait pas, ne mangeait pas et passait son temps à m’attendre. Moi, j'étais plutôt flattée de cette totale fusion. Le personnel de la crèche m'a néanmoins alertée. Un peu inquiète, je suis allée voir mon médecin généraliste qui m'a rassurée en m'affirmant que, cliniquement, mon fils allait très bien. Mais à la maison aussi, je commençais à me rendre compte du décalage qu'il pouvait y avoir avec ses sœurs. J’ai donc pris rendez-vous chez un psychiatre spécialisé, que nous avons vu pendant 6 mois, à raison de deux fois par mois. Il s'avère que j’étais tellement en fusion avec mon fils, qu'inconsciemment, je lui imposais mon désir qu'il reste toujours un bébé. Cette mise en lumière ne s'est pas faite sans chagrin, ni douleur. Mais, pour mon fils, tout est rentré dans l'ordre très rapidement. »

En vidéo : Quand aller consulter un psychologue pour enfants ?