Mon enfant est un vrai pot de colle !

Publié par Marion Thuillier  |  Mis à jour le par Antoine BlanchetDorothée Blancheton

Les premières années de sa vie, le bébé va être très proche de sa mère, c'est un comportement qui exprime un besoin tout à fait normal. Mais par moments, alors qu'il a déjà acquis une certaine autonomie, l'enfant peut à nouveau se montrer un vrai pot de colle: il nous suit partout ! On fait le point. 

Bébé pot de colle de un à deux ans : un besoin naturel à cet âgeIl est tout à fait naturel que l’enfant soit très proche de sa maman jusqu’à ses deux ans environ. Peu à peu, il va acquérir son autonomie à son rythme. On l'accompagne dans cette acquisition sans le brusquer, car ce besoin ne devient important que vers 18 mois. Entre 1 et 3 ans, l’enfant va ainsi alterner entre des périodes de sécurisation, où il se montrera « pot de colle », et d’autres d’exploration du monde qui l’entoure. Mais à cet âge, cet attachement excessif n’est pas un moyen de tester les limites fixées par ses parents, ni lié à une volonté de toute-puissance de la part de l’enfant, car son cerveau n’en est pas capable. Il est donc important de ne pas entrer en conflit avec lui en jouant à qui est le plus fort ou en lui reprochant de faire des caprices. On a plutôt intérêt à le rassurer en lui accordant l’attention qu’il réclame, en faisant une activité avec lui, en lui lisant des histoires...Petit pot de colle câlin à 3 - 4 ans : un besoin de sécurité intérieure ?Alors que l'enfant était plutôt du genre curieux et tourné vers le monde, il change de comportement et ne quitte plus sa maman d’une semelle. Il la suit partout, et pleure à chaudes larmes dès qu’elle s’éloigne... Si l'on est d'abord touché par son attitude, qu'on peut interpréter comme un élan d’amour, la situation devient vite difficile à gérer. Alors comment l’aider afin que chacun retrouve une certaine liberté ?A l’origine de l'attitude "pot de colle", une angoisse de séparationPlusieurs raisons peuvent expliquer un tel comportement chez un enfant. Le changement de repères – par exemple l’entrée à l’école alors que vous étiez ensemble jusque-là, un déménagement, un divorce, l’arrivée d’un bébé dans la famille… – peut entraîner une angoisse de séparation. Votre enfant peut aussi réagir ainsi suite à un mensonge. « Si vous l’avez confié en disant que vous reveniez tout à l’heure et que vous ne l’avez récupéré que le lendemain, il peut redouter d’être abandonné. Même si vous voulez éviter de l’inquiéter, il faut rester cohérent et clair pour préserver la confiance qu’il vous porte », explique Lise Bartoli, psychologue clinicienne. Si vous lui avez répété qu’il est dangereux de s’éloigner de vous, ou s’il a entendu des faits divers violents à la télé, il peut aussi développer une angoisse. Certains petits sont, par ailleurs, naturellement plus anxieux que d’autres, souvent comme leurs parents !Une demande inconsciente des parents...Si l'on se sent soi-même abandonnée, ou angoissée, on peut parfois attendre inconsciemment que l'enfant comble notre désarroi. Il va alors satisfaire le besoin de sa maman tout aussi inconsciemment, en refusant de la laisser seule. Son côté "pot de colle" peut aussi venir d’un problème transgénérationnel. Il se peut que vous ayez vous-mêmes vécu une angoisse de séparation au même âge et qu’elle soit ancrée dans votre inconscient. Votre enfant la ressent, sans savoir pourquoi, et il redoute de vous laisser. La psychothérapeute Isabelle Filliozat donne l’exemple d’un père dont le petit garçon de 3 ans faisait des crises de larmes et des colères terribles lorsqu’il le laissait à l’école. Le père s’était alors rendu compte qu’au même âge, ses propres parents avaient renvoyé la nounou à laquelle il était très attaché, jugeant sa présence superflue en raison de son entrée à l’école. L’enfant avait ainsi ressenti que son père était tendu, sans savoir comment l’interpréter, et pris en charge l’abandon dont ce dernier n’avait jamais fait le deuil ! Du coup, La première chose à faire est d’apaiser ses propres anxiétés pour ne pas risquer de les transmettre.Apaiser ses propres craintesLes exercices de pleine conscience, de relaxation, de yoga ou de méditation peuvent aider en permettant de comprendre son propre fonctionnement et de pouvoir s’expliquer. « Vous pouvez alors dire à votre enfant : “Maman est anxieuse parce que… Mais ne t’en fais pas, maman va s’en occuper et ça ira mieux après”. Il comprendra alors que c’est un souci d’adulte qui peut être surmonté », conseille Lise Bartoli. En revanche, évitez de lui demander pourquoi il vous suit, ou de vous laisser tranquille. Il se sentirait fautif, alors qu’il n’a pas la réponse, et ça l’angoisserait davantage.Se fair aider par un psychologueSi malgré tout, l’inquiétude de votre enfant dure et qu'il vous suit partout en permanence, n’hésitez pas à en parler à un pédopsychiatre, un psychologue… Celui-ci vous aidera à trouver l’élément déclencheur, pour dénouer la situation. Il rassurera votre enfant avec des contes métaphoriques, des exercices de visualisation… Enfin, si un changement majeur vous attend et risque de bousculer ses repères, vous pouvez le préparer avec des livres sur le sujet.

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