Masturbation : mon enfant la pratique, je fais quoi ?

Publié par Catherine Marchi, psychologue et coach  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Vous avez surpris votre enfant alors qu'il se caressait... Comment réagir ? Explications et conseils pour avoir la bonne attitude face à la masturbation de votre enfant.

Masturbation infantile : mon enfant aime se caresser, comment réagir ?

Tout bébé déjà, Lorenzo adorait se tripoter le pénis dans son bain et pendant le change, dès qu’il pouvait mettre la main dessus, en fait ! », « Vers 15 mois, Amélie se raidissait soudain dans sa poussette. Au début, on s’est inquiété et puis on a compris que notre choupinette se faisait plaisir. Ça nous a rassurés ! » « Emma se balance avec enthousiasme sur le cheval à bascule qu’elle a eu pour ses 3 ans. J’ai bien remarqué qu’elle se fait du bien en se frottant. Je sais que c’est normal mais j’avoue que je suis un peu gênée et que je me suis demandé où elle avait bien pu apprendre ça ! » Amusement, gêne, étonnement, interrogations… Les premières manifestations explicites de la sexualité de leurs enfants, et en particulier les autostimulations, interpellent beaucoup les parents.

 

Sexualité : à quel âge les garçons et les filles commencent à se toucher ?

La masturbation arrive assez tôt dans la vie de l'enfant, contrairement à ce que l'on peut penser. En effet, les garçons commencent à découvrir leurs organes génitaux vers l'âge de 8 mois. Quant aux filles, c'est en moyenne vers les 12 mois. La pratique de la masturbation apparaît en moyenne aux alentour des 20 mois de l'enfant. 

Masturbation chez les jeunes enfants : un sujet encore tabou

Même si la société a évolué et que les discours jadis si négatifs et culpabilisants sur la masturbation sont devenus totalement obsolètes, il en reste quelque chose dans l’inconscient collectif. C’est ce que constate Béatrice Copper-Royer : « Les parents ne sont pas hyper à l’aise, et parfois même gênés, car la masturbation a été perçue comme un comportement pervers, et interdite pendant des générations. Savoir comment réagir, trouver la bonne attitude et les bons mots face à la masturbation de leur tout-petit, c’est compliqué et parfois même encore tabou. Ils considèrent encore que leurs enfants glaneront des informations tout seuls ou avec les copains à l’école. »

La masturbation chez l'enfant, un comportement normal dans son développement

A la question que tous les parents se posent « Est-ce que c’est normal que mon enfant se masturbe ? » La réponse est oui, c’est absolument normal ! Comme le souligne la psy : « La curiosité des enfants fait qu'ils découvrent de façon fortuite que le frottement de leurs organes génitaux leur apporte du plaisir. Une fois qu’ils en font l’agréable expérience, ils vont rechercher cette sensation. Ça fait partie des comportements normaux d’exploration du corps. » La sexualité des enfants commence donc avec la découverte naturelle des sensations corporelles. Pratiquer l’autostimulation sert à éprouver du plaisir, à se détendre, à mieux gérer le stress en favorisant l’endormissement. Bref, que des bonnes choses !

 

Une fois rassurés sur la normalité de ce comportement, vient la deuxième question logique des parents : « Comment réagir au mieux quand on s’aperçoit que son enfant se caresse en regardant son dessin animé préféré au milieu du salon ? Selon Béatrice Copper-Royer, il suffit de dire avec simplicité et naturel qu'il faut avoir des notions de pudeur : « Tu as tout à fait le droit de toucher ton zizi ou ta fleur (ou le mot que vous voulez) et de trouver que c’est agréable. Ton corps t’appartient. Mais ça se fait dans ta chambre quand tu es seul, pas devant tout le monde. » Apprendre à son enfant ce qu’est la notion d’intimité est essentiel, ce n’est pas par pudibonderie, mais par respect de lui-même et des autres. Quand un enfant se masturbe, il s’extrait du monde, il est centré sur lui, c’est une activité solitaire qui ne regarde que lui, qu’il ne doit pas partager avec les autres. Employez des mots simples et clairs pour désigner ses organes génitaux. Pénis, zizi, clitoris, zézette, petit oiseau, vulve, zigounette, foufoune, fleur, l’important c’est qu’il comprenne bien ce dont vous lui parlez et que vous-même soyez à l’aise avec cette terminologie.

Sexe : surtout, on ne juge pas l'enfant qui se masturbe !

Hormis cette mise au point sur la nécessité de se soustraire aux regards des autres, n’ajoutez aucun jugement de valeur. Ne dites ni que c’est dégoûtant, ni que c’est bien, ni que c’est rigolo, ni que c’est bon pour la santé ! Si vous faites des commentaires admiratifs de ces situations du genre : « Quel tempérament, ça promet pour plus tard ! », vous incitez votre enfant à exhiber fièrement son sexe, et vous risquez de créer chez lui une excitation, voire même un trouble lié au fait d’être regardé dans une situation “exhibitionniste”.

Bien entendu, les menaces telles que « Si tu continues, tu auras affaire à moi » sont totalement à bannir car elles créent dans l’esprit du tout-petit la conviction que s’accorder du plaisir c’est mal. Ce qui est exactement le contraire du message que vous voulez faire passer à votre enfant !

Anxiété, culpabilité... Attention si la masturbation devient excessive et compulsive

On l’a vu, le comportement masturbatoire est une activité saine et naturelle qui ne présente aucun danger pour l’enfant, sauf quand elle devient compulsive. Un enfant de 3 à 6 ans qui se caresse de façon excessive souffre probablement d’une grande anxiété. Si cette habitude envahissante n’est pas isolée et s’accompagne d’autres signes d’angoisse, par exemple si l’enfant est replié sur lui-même ou très colérique, mieux vaut peut-être l’emmener consulter un pédiatre ou un pédopsychiatre. Une masturbation excessive peut également être le révélateur que l’enfant n’est pas assez stimulé intellectuellement, qu’il s’ennuie et/ou manque d’affection et de tendresse. Si la masturbation est compulsive et exhibitionniste, c’est-à-dire que l’enfant se caresse beaucoup en public, alors qu’on lui a dit et répété que cette activité se pratique en privé, ou bien s’il utilise des objets, poupées, peluches de façon explicitement sexuelle, il faut alors s’interroger sur l’éventualité d’attouchements sexuels ou d’une exposition précoce à des images pornographiques, et consulter rapidement les spécialistes de la PMI qui connaissent la marche à suivre dans ce genre de situation où l’enfant peut être en danger.

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