Frères et sœurs : une relation forte

Publié par Catherine Marchi, psychologue et coach  |  Mis à jour le par Marion Bellal

Les relations entre frères et sœurs, c’est beaucoup de complicité, de jeux, mais aussi de rivalité, de chamailleries, voire de conflits plus profonds. Nos conseils pour accompagner le développement de la relation fraternelle de nos enfants, tout en douceur !

Selon un proverbe vietnamien, « frères et sœurs seraient aussi proches que mains et pieds » ! Parties à la fois similaires et distinctes d’un même corps, les enfants d’une même fratrie ont souvent une relation de complicité extrême (dans laquelle les parents peuvent peiner à trouver leur place), remplie de joies, de soutien et d’amour, mais aussi de rivalités, de chamailleries, voire de conflits. En tant que parents, on peut les aider à développer leur relation, pour qu’ils restent des partenaires toute leur vie.

Quel est le rôle des relations fraternelles dans la vie d’un enfant ou d’un adulte ?

Ils s’adorent, se chamaillent, s’admirent, s’ignorent, s’imitent, se jalousent… Les relations entre frères et sœurs sont une excellente occasion de se frotter aux autres et de faire sa place dans un groupe. Un vrai laboratoire pour apprendre la vie en société !

Amélie en témoigne : « Trois petits loustics de 11 mois, 2 ans et bientôt 4 ans, ce n’est pas facile à gérer tous les jours, mais quand je les vois jouer et rire ensemble, c’est un tel bonheur que j’en oublie ma fatigue ! Moi qui suis fille unique, je découvre l’étonnante complicité qui unit les frères et sœurs. » Comme tous les parents, Amélie s’émerveille du lien déjà fort qui unit ses enfants. Il est vrai que les plus petits sont souvent en admiration devant leurs aînés. Il n’y a qu’à voir comment les bébés battent des pieds et des mains et sourient à l’approche de leurs frères et sœurs, pressentant que ces “êtres humains de petite taille” qui leur ressemblent et qui ont l’air de faire des choses hyper intéressantes, vont leur apporter des occasions de s’amuser.

L’apport des relations fraternelles est multiple : ces interactions nous préparent à la vie en société, elles nous permettent d’apprendre à partager (nos jouets, mais aussi tout simplement nos propres parents !) et elles sont souvent sources de progrès pour les plus petits qui acquièrent plus rapidement certaines compétences (la marche, le langage…) en imitation des plus grands.

C’est potentiellement un lien sur lequel on pourra s’appuyer toute notre vie, notre frère ou notre sœur nous connaissant depuis notre petite enfance, lorsque l’écart d’âge est réduit, étant présent à notre adolescence, le début de l’âge adulte et, si la vie suit la logique de l’âge, restant encore auprès de nous après le décès de nos parents. Bien sûr, ça ne se passe pas toujours de façon aussi fluide et il est normal que cette longue relation soit ponctuée d’altercations. Mais cette relation dans la durée est la possibilité d’un partenaire pour toute notre vie.

Comment appelle-t-on le lien entre un frère et une sœur ?

Le lien entre un frère ou une sœur, aussi appelé lien fraternel, se caractérise donc souvent par sa complicité. Les parents sont persuadés que la fraternité implique de la solidarité et de l’amour, mais ce n’est pas toujours le cas, ou pas exclusivement ! La jalousie entre frères et sœurs est un sentiment quasi inévitable, qu’il faut savoir reconnaître et apprendre à accompagner lorsque c’est une saine confrontation, ou désamorcer si cela est nécessaire.

De même, il est possible que des frères et sœurs n’aient aucune affinité, tant ils sont différents. La psychanalyste Dina Karoubi-Pecon encourage à reconnaître le droit à ne pas être complice au sein d’une fratrie : « Chaque enfant a le droit de choisir le frère ou la sœur avec qui il va faire alliance. Mais un enfant a aussi le droit de choisir de ne pas faire alliance du tout. C’est très culpabilisant, car il ne répond pas à l’injonction des parents : “Vous êtes frères et sœurs, vous avez l’obligation de bien vous entendre et de vous aimer !” Eh oui, les parents rêvent d’une fratrie qui ne serait qu’amour, mais cette volonté ne suffit pas à créer une réelle entente. Les sentiments et la complicité ne se commandent pas, en revanche, le respect de l’autre, si ! À eux, parents, d’instaurer les usages et les règles nécessaires pour que chaque enfant puisse se positionner par rapport aux autres et apprendre à se défendre quand c’est nécessaire ».

Conflit, relation difficile… Comment améliorer les relations entre deux frères et sœurs pour avoir une bonne connexion ?

Un frère, une sœur, c’est quelqu’un avec qui on partage le même patrimoine génétique, mais surtout le même toit et les mêmes parents ! Et quand un aîné voit débarquer un nouveau-né, l’intrus est considéré d’emblée comme un “voleur d’amour parental”. La jalousie fraternelle est souvent incontournable, et tout à fait normale.

Mais les sentiments de rivalité ont aussi des aspects positifs. Le fait d’avoir expérimenté la jalousie et de l’avoir dépassée peut être très utile pour vivre en société, notamment à l’école et dans le monde de l’entreprise où il n’est pas rare que la compétition fasse rage… La rivalité entre pairs permet aux enfants d’affronter l’autre, de se mesurer à lui, de le reconnaître comme un être à la fois proche et différent, et de jauger ses atouts comparativement à ceux des autres. Apprendre à vivre avec la différence est une force sociale mais aussi personnelle, puisque cela nous amène à nous distinguer, nous affirmer et prendre confiance en nous.

D’autre part, le fait de chercher à attirer l’attention de ses parents pousse chaque enfant à développer des stratégies de séduction pour renforcer le lien qui l’unit à ses parents et s’en faire aimer. C’est un excellent moteur, car chaque enfant essaie de dépasser l’autre, mais surtout de dépasser ses propres limites afin de les “impressionner”.

Dans ces conditions, les parents peuvent améliorer les relations au sein de la fratrie en reconnaissant l’individualité de chacun des enfants et en s’assurant, régulièrement, qu’on ne fait aucune différence dans l’amour qu’on leur signifie.

Aîné, cadet, grande sœur, petit frère, demi-frère… On se construit ensemble

Intenses et passionnelles, les relations entre frères et sœurs sont un formidable laboratoire de la sociabilité. C’est en se frottant aux différences de son frère et de sa sœur, qu’on se construit ! Aîné, cadet, benjamin, chacun va trouver sa place ! Les plus grands, parfois sans même vraiment le vouloir, permettent aux plus jeunes de se nourrir de tout ce qu’ils ne savent pas encore faire. Les cadets observent, admirent, imitent et au bout du compte, ils grandissent et finissent par égaler, voire dépasser leur modèle. Cette co-construction n’est pas à sens unique, car les petits éduquent aussi les plus grands.

C’est ce que raconte Juliette, maman d’Hugo et Maxime : « Hugo a toujours été un garçon calme, posé, qui aimait jouer seul. Évidemment, quand Maxime est arrivé, il a vite bousculé les habitudes de son frère, car c’est une véritable tornade. Il aime courir, jouer au ballon, chahuter, grimper aux arbres. Son côté hyperactif a déteint sur son grand frère qui s’est ouvert aux jeux à plusieurs. Hugo est un excellent gardien de but, Maxime un bon attaquant et tout le monde les veut dans leur équipe ! »

À l’instar d’Hugo et Maxime, les frères et sœurs savent qu’il y a beaucoup à apprendre les uns des autres et qu’une fratrie fonctionne comme un véritable accélérateur de croissance. « La psychologie insiste toujours sur l’éducation parentale… Mais l’éducation par la fratrie existe bel et bien, même si elle est beaucoup moins reconnue ! », souligne le psychologue Daniel Coum.

À chacun son style : les saines différences entre les enfants

Si les frères et sœurs se construisent par identification positive, il est tout aussi vrai qu’ils se construisent aussi en opposition. « Les enfants utilisent les autres comme des modèles et comme des contre-modèles, détaille la psychanalyste Dina Karoubi-Pecon. Ils cherchent à ressembler, mais également à se démarquer et à se différencier pour exister chacun dans leur singularité. »

On connaît tous des frères qui n’ont rien en commun, des sœurs qui sont l’exact opposé l’une de l’autre… C’est ce que constate Paul, le papa de Prune et Rose : « Mes deux filles n’ont que trois ans de différence et ne se ressemblent pas du tout. Hormis le fait que l’une est blonde et l’autre brune, dans leurs goûts et leurs centres d’intérêt, elles sont presque le contraire l’une de l’autre. Prune aime les robes à volants et les princesses. Rose ne veut porter que des pantalons et rêve de devenir pilote d’avion ou boxeur ! »

On valorise chaque enfant au sein de la fratrie

Quels que soient son style et sa personnalité, chaque membre d’une fratrie doit être reconnu et valorisé pour ce qu’il est. Ça les aidera beaucoup à surmonter leurs rivalités. En tant que parents, si on a des frères et sœurs, on n’hésite pas à raconter à nos enfants ce que nous avons vécu comme moments mémorables, les disputes avec nos frères et sœurs, les bêtises, les fous rires, les aventures, les petites phrases qui ont marqué l’histoire familiale… « Vous savez, moi aussi je me disputais avec ma sœur. Vous voulez que je vous raconte la fois où elle m’a poussée dans les orties ? Et la fois où je lui ai collé un chewing-gum dans les cheveux ? Papi et mamie nous ont punies, mais nous, on en rit beaucoup ensemble aujourd’hui », peut-on glisser. Ils nous écouteront bouche bée et comprendront que les conflits entre frères et sœurs ne durent pas et qu’on peut finir par en rigoler.

Comment reconnaître une relation toxique entre nos enfants, entre frères et sœurs ?

Pour autant, il est possible que la relation entre nos enfants nous inquiète et que leurs conflits dépassent le stade de la chamaillerie ou de la dispute. Leur relation peut renvoyer à un schéma dysfonctionnel, toxique, que ce soit de l’ordre de la dévalorisation de l’un par l’autre, ou d’une emprise de l’un sur l’autre… S’il est tout à fait normal que des dynamiques d’admiration soient constatées, n’hésitons pas à en parler à un ou une spécialiste, psychologue spécialiste des enfants, en cas de doute ou d’inquiétude. Il ou elle saura nous rassurer et, si nécessaire, nous donner des clefs pour désamorcer les schémas jugés à l’origine d’une souffrance et accompagner nos enfants vers l’établissement d’une relation équilibrée.

En tant que parents, on se sent souvent responsables de la relation entre nos enfants. Si on a évidemment un rôle primordial à jouer, apprenons aussi à déculpabiliser : tout n’est pas de notre ressort. Et dans tous les cas, rappelons-nous qu’il vaudra toujours mille fois mieux exposer le problème que le mettre sous le tapis. Si on perçoit une relation d’inégalités, de violence, de maltraitance, d’humiliation, on peut trouver le moyen d’y remédier.

Enfin, ne culpabilisons jamais de surveiller le développement des relations entre nos enfants. S’il est important de leur laisser leur espace et leur intimité, notre rôle est aussi de s’assurer que leurs interactions sont saines. C’est une réalité encore inavouable et même impensable, mais, selon le rapport final de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), rendu le 17 novembre 2023, 19 % des agresseurs des 30 000 victimes d’inceste interrogées sont un frère.

Oui
il y a 7 jours
Plus étendu si possible. Chacun​ ❗, doit être éduqué (​et pas seulement informé), en gardant à l'esprit l'objectif psychologique principal qui consis...
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Lire 9 arguments Oui
Photo de profil de Clemence T
37 points
Non
il y a 2 mois
Que l on cesse de rajouter ou creer des cours bidons et que l on donne les moyens aux enseignants d apprendre le français, les mathématiques, l histoi...
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