10 conseils pour élever un enfant unique

Publié le par Catherine Marchi, psychologue et coach

Notre “enfant unique” grandit avec des parents pour lui tout seul ! Voici 10 conseils à suivre pour qu’il profite des avantages de la situation… sans les inconvénients ! 

 

Avec Catherine Marchi, psychologue

On imagine souvent qu'élever un enfant unique est plus difficile qu'avoir plusieurs enfants… On a peur qu'il devienne capricieux, exigeant, qu'il ne sache pas partager ou ait du mal à être sociable… Halte aux idées reçues ! Voici 10 conseils de psy pour une vie de famille harmonieuse, avec un enfant unique épanoui !  

1. On apprend à notre enfant à jouer tout seul

Quand on n’a pas de frères et sœurs à la maison avec qui jouer et se chamailler, on s’ennuie plus facilement, c’est logique. Du coup, notre petit pot de colle exige notre disponibilité permanente. Il voudrait qu’on lui tienne compagnie, qu’on lui consacre tout notre temps… On met des limites et on lui apprend à s’amuser avec ses figurines, ses peluches, ses jeux de construction, sans y participer obligatoirement. On lance les activités et on le laisse continuer seul, en lui disant qu’on a des choses à faire. Pour commencer, on l’installe dans la même pièce que nous et on fait nos activités à ses côtés. Au fil des mois, il pourra jouer un peu seul dans sa chambre, en sachant qu’on est dans la cuisine ou au salon.

2. On ne le gâte pas trop !

On connaît tous la réputation des enfants uniques : celle d’être trop gâtés par leurs parents, parce qu’ils représentent la perle rare à leurs yeux. Bien entendu, tous les parents font tout ce qu’ils peuvent pour rendre leurs enfants heureux. Mais si on est parent d’un enfant unique, dès tout-petit, on l’habitue à partager, comme pour ceux qui ont des frères et sœurs – avec ses copains, ses cousins… Et même si on le trouve merveilleux, on ne crie pas au génie dès qu’il fait quelque chose :  il risque de nous croire, et plus tard, d’être peu apprécié par les autres enfants qui trouveront « qu’il se la pète trop » !

3. On ne cède pas tout à notre enfant

L’autre étiquette qui colle aux basques des enfants uniques, c’est d’être capricieux. Pour éviter que ça concerne notre enfant, on ne se laisse pas mener par le bout du nez : on n’exauce pas tous ses désirs, on dit non et stop quand il le faut. Il est essentiel de lui donner les repères et les règles dont il a besoin pour bien grandir. Ça l’aidera à bien s’adapter plus tard aux règles de vie et aux contraintes de l’école, et à trouver sa place parmi les autres élèves.

4. On le met en contact avec d’autres enfants

Notre enfant n’a pas de frère ou de sœur, mais ça ne veut pas dire qu’il doit vivre en solitaire ! Au contraire, on le met en contact avec des copains et des copines dès son plus jeune âge. On les invite régulièrement à la maison. On lui donne des occasions de développer sa sociabilité, de jouer, de se frotter aux autres. On l’aide à se faire des copains au parc, on organise des après-midi jeux avec ses cousins… On contacte les associations de quartier, la mairie, qui organisent des activités… On fait en sorte qu’il puisse se forger le caractère et ne se sente pas démuni face au groupe. Il se sentira beaucoup plus à l’aise ensuite, à la maternelle.

5. On respecte sa personnalité

Bien entendu, il est important de veiller à ce qu’il ait des copains et ne se sente pas trop solitaire, mais il ne s’agit pas d’aller à l’encontre de sa personnalité. Quand il a envie de rester cool à la maison pour jouer seul, il faut aussi savoir respecter son désir de solitude. Certains enfants sont plus introvertis que d’autres, et c’est à nous de doser et de lui proposer une palette d’activités variées, avec les autres ou en solo. Ce qui compte, c’est qu’il ait le choix.

6. On le traite comme un enfant, pas comme un adulte

Un enfant unique est par définition le centre d’intérêt de ses parents, puisque leur attention n’est pas détournée par la présence de frères ou sœurs. Le fait d’avoir cette relation privilégiée avec des adultes développe son estime de soi et sa maturité, son intérêt pour les activités intellectuelles, son goût pour les conversations de grands, et donc pour le langage et la lecture. C’est positif de le faire participer à la vie des adultes, à condition de ne pas trop encourager cette maturité précoce. On évite de le faire grandir trop vite en lui parlant de sujets qu’il n’est pas encore en âge de bien comprendre, ou en le polarisant systématiquement sur des activités “ludo-éducatives”, au lieu de le laisser jouer tranquillement ou rêvasser sans rien faire…

Le témoignage d'Iris : « J’étouffais sous l’amour fusionnel de ma mère ! »

Quand j’étais petite, j’ai souvent entendu des remarques blessantes parce que j’étais une fille unique soi-disant “pourrie-gâtée”. C’est vrai que mes parents, ma mère en particulier, avaient tendance à me couver. Elle n’a pas voulu que je parte en classe de neige et encore moins en colonie de vacances, alors que j’en rêvais ! Elle s’occupait de moi H 24. En fait, je crois que j’étais sa seule raison de vivre. J’étouffais sous son amour trop fusionnel et je me suis toujours dit que j’aurais une famille nombreuse. Et c’est ce que j’ai fait. Je suis la plus heureuse des mères quand je vois mes princesses jouer et rire ensemble. C’est ce dont j’ai rêvé toute mon enfance ! »

Iris, maman de Clara, 6 mois, Diana, 2 ans, et Violette, 4 ans.

7. On évite d'être trop sur son dos

Tout enfant est le prolongement de ses parents, et tout parent désire souvent inconsciemment que sa progéniture réalise ce qu’il n’a pas eu la possibilité de réaliser lui-même. Cette pression, l’enfant unique l’a encore plus sur ses épaules, car il est le seul à pouvoir le faire. On essaie de ne pas être trop exigeant, on ne met pas la barre trop haut, sinon notre loulou va grandir en se sentant obligé de nous plaire et en ayant constamment peur de nous décevoir. On peut imaginer à quel point cette pression interne et cette obligation de se surpasser en permanence pour répondre à nos attentes peut être pesante ! On l’emmène passer des après-midi à la halte-garderie et on en profite pour faire des choses pour nous pendant qu’il se socialise.

8. On ouvre la famille vers l’extérieur

Avoir une vie sociale et des contacts avec d’autres enfants est essentiel pour notre enfant, mais il a aussi besoin de se frotter à d’autres modèles familiaux, d’autres façons de fonctionner. On invite nos amis à la maison, on passe des week-ends et des vacances avec notre famille, on montre l’exemple et on lui donne le goût de partager de bons moments en groupe. Cette ouverture est d’autant plus nécessaire quand l’enfant unique vit dans une famille monoparentale, seul avec l’un des deux parents. La tentation de construire un lien exclusif avec son enfant est alors grande pour le parent isolé, surtout s’il n’a plus de vie sentimentale.

Témoignage de papa : « J’ai coupé le cordon deux fois ! »

À la naissance d’Emma, c’est moi qui ai coupé le cordon. J’étais bouleversé. Puis la vie à trois a commencé : Véronique, ma femme, était en symbiose totale avec le bébé. Elle a décidé de prendre un congé parental, car l’idée de laisser notre fille l’angoissait trop. Mais elle est devenue de plus en plus exclusive. Même pour lui lire une histoire le soir, j’étais disqualifié : il ne fallait rien changer à ses habitudes ! Résultat, au moment d’entrer à l’école, Emma s’accrochait à sa mère en hurlant. C’était terrible… Moi, je me sentais exclu. C’est là que j’ai eu un déclic : “On ne peut pas continuer comme ça.” J’en ai discuté avec Véro. Au début, elle l’a mal pris : elle se sentait accusée, jugée. Je me suis expliqué, je lui ai même lu des articles de psycho pour la convaincre. Elle a accepté avec réticence de lâcher un peu Emma. Je devais quand même batailler pour que ce soit moi qui lui donne le bain ou qui la couche un soir sur deux. Mais j’ai tenu bon, je me suis appliqué à être là pour ma fille. Aujourd’hui, c’est moi qui l’emmène le matin, et elle adore l’école ! »

Pablo, papa de Zoé, 2 ans

9. On ne surprotège pas notre enfant

Certes, on n’a qu’un seul enfant et on a spontanément tendance à vouloir le protéger de tous les risques de la vie. C’est normal de veiller à sa sécurité, mais ça peut vite tourner à la surprotection. « Qu’est-ce que tu fais ? Où vas-tu ? Fais attention à ci, prends garde à ça ! » On doit prendre conscience que toutes nos peurs étant concentrées sur le même enfant, il risque de devenir timoré et d’hésiter parfois à s’aventurer à l’extérieur, en dehors du giron familial. Un enfant unique porte tous les espoirs de ses parents et c’est un moteur formidable, mais il porte aussi toutes leurs angoisses et c’est parfois très lourd. On y pense et on le laisse faire ses expériences sans l’élever dans du coton, afin qu’il sache se débrouiller quand on n’est pas là.

10. On lui dit pourquoi il est enfant unique

Un enfant prend conscience qu’il est “unique” vers l’âge de 3-4 ans. Si le nôtre réclame un frère ou une sœur, qu’il nous questionne à ce sujet, on lui répond clairement. Si c’est une décision de notre couple de ne pas avoir d’autre enfant, on le dit. Pareil si c'est d'ordre médical, ou lié à notre situation conjugale

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